Le mystère de Poudlard tome 2

Chapitre 31 : ASPIC

La pluie tombait à flots dans les jardins de Poudlard. Il ne faisait pas froid, au contraire, c'était un temps doux. Le soleil se reflétait à travers les grosses gouttes qui tombaient sur la tête de deux jeunes élèves de Serpentard. Hugo Turner se fichait d'avoir les cheveux si trempés qu'il ne voyait presque plus rien. Sa robe était imbibée de haut en bas. Il avait le cœur qui battait la chamade, presque honteux de ce qu'il s'apprêtait à faire. Elsa se tenait devant lui, ses immenses yeux amande posés sur le jeune homme. Ses cheveux aussi blonds que l'or descendaient à présent jusqu'à sa taille, aussi trempés que ceux d'Hugo. Ils restèrent un instant à se regarder, savourant ce qui était à priori leur dernier moment intime. C'était comme la fois où elle avait sauvé Hugo, ce soir de pluie à Londres. La boucle était bouclée, son ange gardien devait reprendre son propre chemin. Il se rappela avec nostalgie la toute première fois où il avait vraiment posé son regard sur elle, la fois où il avait su qu'il éprouvait plus que de l'amitié pour elle. Le sourire qu'elle lui avait offert ce soir-là avait été le plus beau de son existence, après celui de sa mère. C'était la première fois que son cœur avait commencé à battre pour quelqu'un. Mais plus les mois avaient passé, moins il ne ressentait ce courant électrique l'envahir chaque fois qu'il voyait Elsa. Elle lui avait tendu la main au moment où il en avait le plus besoin, mais maintenant qu'il avait retrouvé un certain équilibre dans sa vie, sa présence lui semblait plus terne. Il se sentait comme le dernier des idiots de ressentir ce genre de chose mais c'était vrai. Elsa avait fini par devenir une habitude, il ne prêtait plus vraiment attention à elle, à sa beauté à couper le souffle, à ses bons conseils, à ses élans de tendresse.

Hugo et Elsa s'étaient toujours montrés discrets concernant leur relation. Ils ne faisaient que se tenir la main dans les couloirs, mais ne s'embrassaient jamais en public, ni aucune autre marque d'affection. A vrai dire, leur relation n'allait pas très loin. Au-delà de passer du temps ensemble entre les cours, de se faire un câlin de temps en temps ou un petit baiser, rien de très exceptionnel. Hugo était assez maladroit, il ne savait pas comment s'y prendre avec les filles. Et Elsa avait finit par le remarquer, imposant une certaine distance entre Hugo et elle. Leur relation s'était abimée dans le temps.

-Je commence à avoir froid. Dit-elle pour briser le silence.

-On va rentrer, mais avant, j'aimerais qu'on discute.

-C'est pour ça qu'on est là, non ?

Son ton était presque supérieur. Hugo avait peur de la froisser. Et si elle refusait de rester son amie ? La quitter ne signifiait pas l'enlever de sa vie. Malgré tout, elle comptait pour lui, et il ne voulait surtout pas la blesser. Il réfléchit à toute vitesse, ayant presque oublié le discours qu'il avait préparé. Il avait choisi chaque mot avec minutie, pesé le pour et le contre de sa décision, c'était le moment.

-Elsa. Je ne t'ai jamais assez remerciée d'être entrée dans ma vie. Tu es arrivée à un moment où j'en avais le plus besoin...

Il osait à peine la regarder dans les yeux. Il se doutait qu'elle s'était préparée à une telle discussion, mais mettre des mots sur ce qui leur arrivait était plus difficile à accepter. Il craignait qu'elle ne l'abandonne... C'est pourquoi il s'arrêta un moment et croisa enfin son regard si profond, et pu y lire toute l'intensité qu'elle seule était capable de démontrer. Il ne savait pas à quoi elle pensait, mais elle n'était pas énervée, ni triste.