Chapitre 10 : Vérité

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Le professeur Rogue ne ressemblait en rien à celui que j'avais toujours connu, il se montrait doux, attentionné et m'accompagna auprès de mon frère, si bien que j'en oubliais ma recherche du livre. Coincée dans une nouvelle réalité, je perdais peu à peu le fil des évènements et n'avais plus d'espoir de m'en sortir. C'était comme si la réalité et la fiction s'étaient emmêlées, dans une parfaite harmonie, une horreur poignante, un cauchemar éveillé. Je n'aurais sans aucun doute jamais voulu avoir cette image, moi qui avais toujours tout fait pour que cela n'arrive pas, je m'étais battue pour sa sécurité et voilà qu'aujourd'hui, devant mes yeux terrorisés, le corps de Hugo gisait, inerte, couvert par le sang et la boue, ses cheveux collés par le liquide rougeâtre, les yeux encore exorbités d'horreur. Je me retins de vomir tant la scène était macabre, intenable, irréelle...

-Je suis désolé miss Turner. Répéta Rogue, impuissant, tandis que les professeurs McGonagall, Dumbledore, Flitwick et Chourave accouraient.

-Vous êtes désolé mais n'avez rien fait pour l'en empêcher ! M'entendais-je hurler.

C'était sorti tout seul, comme si la douloureuse réalité me rattrapait, comme si je réalisais que les professeurs n'avaient jamais vraiment rien fait pour contrer la malédiction, et que ce qui venait de se passer était leur faute.

Je m'écroulais sur le lit dans lequel reposait Hugo et serrais sa main dans la mienne, pleurant comme je ne l'avais jamais fait avant, me maudissant d'avoir laissé cela arriver, ne pouvant calmer les convulsions de ma poitrine. Le choc était trop fort, je pouvais endurer bien des épreuves, combattre mes démons mais ce traumatisme ne s'en irait jamais et je ne supporterai pas la perte de la prunelle de mes yeux. Mon frère, mon tout petit frère, avec qui je ne m'étais jamais séparée jusqu'ici venait de me glisser entre les mains, sa vie avait emportée par un torrent de magie noire, comme ça, sans demander son reste.

Le directeur s'approcha et posa ma main sur mon épaule, je fis un geste de recul et l'ignorais. Comment osait-il se tenir là devant moi alors qu'il avait fermé les yeux sur cette affaire depuis le début ? Il ne méritait rien de moi et devrait mourir avec la mort de Hugo sur la conscience !

Mais alors que je tenais toujours Hugo contre moi, je fus frappée par une illumination. Encore une fois, mon esprit s'était laissé détourner par la réalité, ce n'était pas vrai, Hugo était en vie, bien à l'abri dans notre maison, auprès de mon père... Le livre allait me rendre folle, je ne pouvais me résoudre à croire ce que je voyais, c'était impossible... La créature avait été tuée depuis des mois, je l'avais vu de mes propres yeux puisque j'avais été la clé de son meurtre ! Reprenant mon calme, je me levais, évitais le regard des professeurs qui me sondaient, et d'un air lucide lançait :

-Vous n'êtes pas réels ! Et vous croyiez que j'allais me laisser avoir encore une fois ?

Je leur faisais face, les larmes roulant sur ma peau sèche, les poings serrés par la colère qui me rongeait. La colère de m'être fait avoir encore une fois, d'avoir cru à ce que je voyais, et surtout la colère d'avoir un jour ouvert ce livre et d'en être devenue accro. Ils me regardaient avec des yeux ronds, sans comprendre un tel retournement de situation.

C'en était trop, j'allais m'en débarrasser une bonne fois pour toute et oublier ce que j'avais vu, je le devais, pour ma sécurité et mon moral. Dans un ultime espoir que cette fois, je retrouverais le dortoir chaleureux de Gryffondor, un soir d'Halloween, je m'enfuis en courant, l'image de Hugo mort imprimée dans mon esprit à tout jamais. Même si ce n'était pas la réalité, je me doutais bien que cette vision allait m'affecter le restant de mes jours, je ne pouvais plus prétendre que rien n'était arrivé quand j'avais vu les horreurs de l'autre dimension. La fatigue cumulée, la douleur à mon ventre me lançant de nouveau, la tristesse, la peur et la colère eurent raison de moi, mes jambes ne manquèrent pas de me lâcher juste devant le portrait de la grosse dame. Je tentais une dizaine de mots de passe, dans l'espoir qu'elle me laisse passer, à deux doigts d'abandonner lorsqu'elle me concéda que j'étais en piteux état et m'ouvris la porte.

-Mille mercis ! Vous me sauvez la vie ! Lâchais-je d'une manière disproportionnée en oubliant tout le reste, focalisée sur la joie de retrouver Drago et mon dortoir.

Je me concentrais de tout mon être sur l'endroit où je voulais aller, priant pour que cette fois soit la bonne et plongeais une nouvelle fois dans les mystères et les pages de ce livre, qui me donna la nausée.

Le mystère de Poudlard tome 2Kde žijí příběhy. Začni objevovat