Le mystère de Poudlard tome 2

Chapitre 15: Vengeance

Un filtre d'amour. Terrence m'avait fait boire un filtre d'amour, concocté par ses soins, et je n'y avais vu que du feu. Ma délivrance était bien réelle, j'avais enfin retrouvé les bras de Drago, et je comprenais enfin quel était ce manque que je ressentais au plus profond de moi-même. Rien que de savoir que j'avais embrassé Terrence, que j'avais touché ce garçon me répugnait, j'avais l'impression d'avoir trahi Drago, de lui avoir fait plus de mal qu'il n'en avait ressenti dans sa vie, et je me haïssais pour cela. Il m'avait juré qu'il ne m'en voulait pas, après tout qu'est-ce que j'y pouvais ? Les effets d'un filtre d'amour sont inévitables, rapides et sans merci : une attirance folle et immédiate pour la personne qui nous la prodiguait. En y réfléchissant de plus près, mes amis et moi avions déduit que c'était Terrence l'espion de Lucius, celui qui devait à tout prix me séparer de Drago, et il l'avait fait en versant ce liquide dans ma bière au beurre quelques semaines plus tôt. Les jumeaux et Katie m'avaient avoué qu'ils l'avaient compris un peu tard, mais qu'ils ne m'avaient rien dit car ils se doutaient que je ne les écouterai pas et que je refuserai de boire quoi que ce soit de leur part. Drago l'avait compris plus vite lui, il s'était affairé à la préparation du remède aussi vite qu'il l'avait pu et je fus surprise de savoir que c'était grâce à Rogue. Mon aversion pour le professeur s'était quelque peu atténué depuis, je ne pensais pas qu'il pourrait faire preuve d'autant de gentillesse. Drago m'avait aussi avoué que ce n'était pas lui qui m'avait fait boire le remède, car j'aurais décliné toute offre de sa part, c'est pourquoi il avait demandé à George de me le faire boire au petit déjeuner. C'était étonnant à quel point Drago et George collaboraient depuis le début de l'année, toujours pour ma cause. Retrouver les bras de Drago était la plus belle chose qui puisse m'arriver après ces semaines de torture et de mensonge... Je me demandais même comment j'avais fait pour être persuadée d'en aimer un autre, Drago et moi c'était tellement une évidence... J'avais été aveuglée alors que la réponse était là, juste devant moi, il m'avait toujours aimé et moi j'étais prisonnière d'un mensonge. Heureusement que ce n'était pas de l'amortentia, le plus puissant des filtres d'amour m'aurait sûrement fait perdre la raison à tout jamais.

La tête posée contre le torse nu de Drago, nos corps encore chauds collés l'un contre l'autre, je profitais des derniers instants de la matinée, avant de retrouver l'ambiance maussade du cours de potions. Nous étions le jeudi suivant mon « rétablissement », et depuis, Drago et moi nous retrouvions chaque soir dans la salle sur demande, pour rattraper le temps perdu. Nous n'avions pas reparlé des menaces de Lucius, trop heureux que ce cauchemar ait enfin pris fin.

-Alors comme ça, tu as accompagné Parkinson au bal ! Me moquais-je en faisant glisser mes doigts sur sa peau pâle.

-Si tu savais comme c'était une torture ! Mais si c'était le dernier moyen pour venir à ce bal et te voir, même de loin...

-Tu étais très élégant dans ce costume, et une partie de moi t'es infiniment reconnaissante de ne pas avoir dansé avec elle ! Riais-je en me redressant un peu.

Je frissonnais, le feu qui nous avait accompagné dans notre sommeil s'était éteint, laissant la salle dans une ambiance morbide et glaçante. Mais le sourire qui collait mes lèvres ne me quittait plus, Drago était une drogue, un apaisement continuel pour moi et même si c'était un peu cliché, je le pensais vraiment, aucun homme ne rivaliserait jamais avec lui. Quand on avait goûté à la passion de Drago Malefoy, il était impossible d'aimer quelqu'un d'autre.

-Tu étais belle aussi ce soir-là, j'ai rêvé de t'offrir cette danse, même si c'était la dernière mais je n'ai pas pu.

Je lançais un regard compatissant à mon petit ami, je comprenais la douleur qu'il avait dû endurer pendant cette période, et même si j'agissais à travers un filtre, il avait dû avoir tellement de peine. Cela s'était d'ailleurs vu à sa maigreur saisissante et à son allure déplorable. Mais heureusement, grâce à moi, il avait retrouvé du muscle et mangeait de nouveau à chaque repas. Nous étions la preuve vivante que la passion, quand elle est sincère, brûlante, peut rendre fou, dépendant et nous faire sombrer au plus profond de nous-même. Aujourd'hui je ne voyais pas ma vie sans lui, il avait constitué une partie si importante de ma vie, de moi-même en fait. Mais une inévitable poigne avait saisi mon cœur ce matin là lorsque j'étais revenue à la réalité. Si Terrence était vraiment celui qui informait Lucius de nos moindres faits et gestes, il n'avait sûrement pas perdu de temps à lui dire que leur plan avait échoué. Et je comptais les jours avant que Lucius ne revienne avec une idée encore plus noire en tête, ça ne changerait rien, notre couple serait toujours menacé par le père de Drago. Mais dans la joie de nous retrouver, nous n'y avions même pas pensé.

Depuis lundi, Terrence m'évitait et je devinais par son regard penaud qu'il avait compris que son plan avait coulé, il ne m'approchait plus et n'agissait plus comme si j'étais sa copine. Il fallait être vraiment sans cœur pour pouvoir sortir avec quelqu'un en se forçant. Mais le pire était qu'il restait le « gardien » de Hugo, et cela me répugnait, un désir de vengeance s'était installé en moi depuis peu et je devais en faire part à Drago.

-Drago ? Murmurais-je en me tournant vers lui, toute trace de sourire ayant disparu.

Il comprit que j'étais sérieuse et se redressa pour me faire face, le regard soudain devenu gris.

-Si Terrence est « l'espion » de Lucius, ça veut dire que depuis le début, il se charge de lui envoyer des lettres pour l'informer que tu me vois encore. Et ils ont élaboré ensemble leur plan pour nous séparer... Mais comment Lucius aurait eu l'idée de demander à un élève de Poudlard d'agir ainsi ? Et surtout pourquoi aurait-il accepté, il n'y gagne rien...

-Mon père est vraiment un malade, je n'écarte pas l'idée qu'il ait promis une somme généreuse en échange à Terrence. Il est capable de tout pour me faire revenir à la raison...

Ce que nous avions voulu mettre de côté semblait revenir à nous et dans un regard éloquent, nous comprîmes une nouvelle fois qu'il n'était question que de temps avant que Lucius revienne à la charge.

-Il ne t'a pas envoyé de lettres depuis ?

-Non aucune, c'est silence radio mais je suis prêt à parier qu'il va revenir encore plus hargneux qu'avant... Souffla-t-il en baissant la tête.

Il prit mes mains dans les siennes et planta son regard brisé dans le mien, il n'avait jamais été aussi gris. Mais avant qu'il ne puisse parler, une idée émergea dans mon esprit, un sourire se dessina sur mon visage.

-Pourquoi est-ce que tu trouves ça drôle ? Demanda-t-il, une ombre passant sur son visage.

-Ce n'est pas ça, je viens d'avoir une idée machiavélique pour prendre notre revanche sur Terrence !

Il me regarda avec des yeux ronds et lâcha mes mains, il semblait impatient de savoir.

-Je t'écoute !

Nous passions la demi-heure suivante à mettre au point notre plan, comme deux enfants qui préparaient une bêtise. Qu'est-ce que j'avais hâte de me venger de ce crétin ! On ne vit même pas le temps passer, le cours de potions commençait dans quinze minutes et nous étions toujours en sous-vêtements dans un lit défait de la salle sur demande... Je me levais brusquement du lit et attrapais mes vêtements étalés sur le sol, le cœur battant à tout rompre. Je ne voulais surtout pas être en retard après ce que Rogue avait fait pour nous !

-Dépêche-toi Drago !

Je nouais ma cravate en vitesse si bien que je ratais mon nœud. Drago venait d'enfiler sa chemise et tentait tant bien que mal d'aplatir ses cheveux à l'aide de sortilèges. J'attrapais mon sac et sortis en trombe dans le couloir, Drago sur mes talons. Dans notre panique, nous oublions d'être prudents et ouvrions la porte du cachot dans un bruit sourd, en même temps... Toute la classe se retourna sur notre passage et des rires étouffés se firent entendre. Je baissais les yeux et constatais avec horreur que j'avais nouée la cravate verte de Drago... Il enleva avec rage ma cravate rouge et me la tendis en me jetant un regard embarrassé.

-Eh bien miss Turner, monsieur Malefoy, ce ne sont pas des manières ça. Dit Rogue de sa voix rauque en s'approchant de nous, les mains dans le dos.

J'avalais avec difficulté ma salive et évitais le regard de toute la classe qui n'avait maintenant plus de doute sur le genre de relation qu'entretenions Drago et moi... Mes joues étaient sûrement cramoisis et ma honte n'avait jamais été si grande que je n'osais même pas répliquer devant les propos de Rogue. Décidément, je ne pourrais jamais paraître un minimum digne auprès de ce professeur, et pour la première fois de ma vie, je m'entendis dire :

-Je vous prie de m'excuser professeur, notre comportement n'est pas acceptable.

Même Drago parut étonné, et alors que je m'attendais à ce qu'il nous colle une retenue, il nous invita à rejoindre une table, en nous faisant jurer que ce serait la dernière fois qu'il nous y prenait. Je rejoignis alors les jumeaux et Katie, sans être dispensée de remarques.

-Eh bien Louise ! Fit George en me donnant un coup de coude.

-Tu caches bien ton jeu.

-La nuit a été bonne j'ai l'impression !

-Pas de remarques s'il vous plaît ! Lançais-je en sortant mon manuel avec rage. Je suis assez gênée comme ça je n'ai pas besoin que vous vous y mettiez.