Chapitre 24 :

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C'est une matinée affreuse que je m'apprête à vivre ce mercredi. Je dois m'expliquer avec Marie, lui faire comprendre et surtout moi-même comprendre. Je ne sais pas si je pourrais comprendre. Ou alors peut-être que je ne veux pas comprendre ? Peut-être que pour moi il est plus simple de penser qu'on ne peut pas tomber amoureuse de Jeremy, et que de le voir parler avec une autre fille ne fait rien ? Sûrement que j'efface cette idée, qu'elle a pu pleurer toute la nuit, en voyant son amour détruit. Mais ne l'a-t-elle jamais remarqué qu'il ne s'intéressait pas à elle ? Si, bien sûr que si. Elle le sait, et sûrement depuis le premier jour. Marie s'accroche à un rêve qu'elle sait impossible dans le seul but de survivre. Car elle ne vit pas. Elle survit avec un espoir basé sur du vide, du vent. Quand il partira elle se sentira blessée, trahie, comme s'il venait de la quitter. Je sais qu'elle dira que c'est le seul homme qu'elle pourra aimer. Je sais également, qu'elle voudra partir pour le suivre. Sûrement même qu'elle se disputera avec ses rares amis, sa famille et qu'elle partira dans le but de voir une histoire d'amour évoluer.

Et si ma réflexion n'était pas plutôt « je » à la place d' « elle » ?

Lorsque j'arrive dans ce couloir désert, je la vois, déjà arrivée, assise sur le côté fixant par terre. Elle est dans ses pensées et bien que je ne puisse pas lire dans les pensées, je sais à quoi elle pense. Elle rêve de voir Jeremy sourire grâce à elle. Mais sourit-il, Jeremy ? Hier il m'a souri... Avait-il un but précis ? Peut-être que je reste dans mon idée qu'il ne peut pas être gentil, mais si finalement il pouvait ? S'il suffisait juste d'apprécier la personne pour qu'elle soit gentil ? Sans fond méchant, juste de la gentillesse ? Dans ce cas-là, cela voudrait dire qu'hier il m'a appréciée ? La brune lève ses yeux vers moi, et je vois ses yeux briller en m'apercevant. D'un geste lent et doux, elle se lève sans me lâcher du regard. Dans un silence complet elle s'approche de moi n'osant pas parler. Est-ce à moi de parler en première ? Devrais-je m'excuser ? M'excuser d'avoir trouvé une passion commune avec celui qu'elle aime ? Ma bouche s'entrouvre et un faible son sort de ma bouche :

-Marie... Je ne sais quoi dire d'autre. La supplier, la raisonner ? Lui dire que je ne peux rien faire sans elle ? Sa maladresse fait partie de mon quotidien. Dès le premier jour où nous nous sommes parlées j'ai rêvé la nuit du futur, marchant joyeusement dans la rue avec deux meilleures amies : Nathalie et Marie. La concernée semble avoir entendu mon murmure puisqu'elle répond tout aussi doucement :

-Oui ? C'est assez pour me faire baisser la tête. Le mot ''pardon'' résonne dans ma tête mais je ne peux pas. Je ne peux pas m'excuser pour quelque chose dont je ne suis pas coupable. Le mieux est de simplement exprimer mon ressenti face à cette situation absurde :

-Je ne comprends pas...

Je ne comprends pas, mais elle comprend que je ne comprends pas. Et elle comprend également ce que je ne comprends pas.

-Sois sincère... Je pense pourtant l'avoir toujours été. Est-ce que tu l'aimes ?

Mes yeux deviennent ronds sous l'effet de la stupéfaction. Aimer Jeremy ?

-Mais, pourquoi cette question absurde ? Dis-je en la regardant droit dans les yeux. Pourquoi ne pas directement répondre non ?

-Quand tu le regardais, quand tu discutais avec lui... Tu avais tes yeux qui brillaient, tes lèvres qui étiraient un large sourire, tu le bouffais du regard. Comme quelqu'un d'amoureux.

Je tombe des nues. Est-ce l'impression que je donne lorsque je suis à côté de Jeremy ?

-C'est juste que le sujet de conversation me passionnait, pas lui ! Va parler de ta passion même avec un inconnu, tu auras ce même sourire, et ces mêmes yeux brillants.

Je n'ai toujours pas répondu à sa première question, et elle le sait.

-Du coup tu ne l'aimes pas ? Demande-t-elle d'une voix nouée.

Je sais que si je réponds oui elle se brisera devant moi, sans même que j'ai besoin de la toucher. Car son espoir –sa raison de vivre- s'effondrera soudainement.

-Non Marie, bien sûr que non !

Elle me sourit. Je lui souris. Nous nous prenons dans les bras un instant, comme des retrouvailles. Elle est rassurée, je ne le suis pas.

« 14/01 : Cher journal,

Avec Marie c'est arrangé, avec moi-même c'est aggravé. Lou »

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Hey les amis ! IMPORTANT : Ce chapitre a été corrigé par la superbe @2ndeBlast qui a eu la gentillesse de me proposer son aide pour rendre mes chapitres plus agréables à lire ! n'hésitez pas a aller lire son livre, un modèle pour moi (sans exagération) "Dis Jeremy..." merci encore à elle ! ♥

Mon voisin de classe [terminé]Where stories live. Discover now