La Justesse de tes Émotions

Huit

Newcastle Upon Tyne, Angleterre
Dix mois plus tôt,
26 septembre 2021

𝓞jee

𝓒hers proches, douce Melosa,

Ça a commencé par un sourire figé. Des tremblements, des bredouillements. Le cœur qui s'affole, les joues qui rougissent, les mots qui se perdent. Les mots qui se perdent.

Comment sort-on de cela ? Pourquoi est-ce que je souffre autant, comment apprendre à reléguer mes émotions au second plan ? Pourquoi se demander sans cesse si l'on est assez, si l'on nous aime, si tout ce qui nous arrive était prédéterminé, comme si cette solitude n'était que le revers de nos actes passés ?

Je sais, dès lors qu'assise sur mon canapé, seule et dans un silence complet, je pleure mes pensées assourdissantes, oui, je sais que je peine à m'en sortir sans aide.

J'essaie de trouver le courage de poser mes maux sur papier, d'avouer, de soutenir un regard, me lancer à toute allure dans de houleux débats, être maîtresse de ma vie et ne pas la laisser filer entre mes doigts, consciente que j'agis en spectatrice passive perchée derrière son rideau rouge.

J'ai envie d'être ambitieuse, secouer les codes, rompre les injonctions. Sourire au monde avec la plus grande audace possible et lui dire : « C'est ce que tu veux que je sois ? Eh bien ouvre les yeux, chéri, pour mieux apprécier le spectacle qui va suivre... Parce que rien de ce que je m'apprête à faire ou dire n'aura un jour intégré même tes plans les plus fous. »

J'aimerais me balancer, jouer de mon déhanché : mouvements d'épaules, sourcils haussés, yeux malicieux accrocheurs. En phase de réconciliation avec moi-même.

Mais je n'y parviens toujours pas.

Je courbe le dos sous les dédales de mon cœur. Il saigne, et je ne crois pas que ma douleur puisse s'atténuer. Que faire d'un monde dans lequel nous évoluons seuls, foule d'individualistes, de matérialistes et de prétentieux ?

J'osais rêver grand, mais je me prosterne sous la réalité qui me rattrape et contre laquelle mes rêves se fracassent. Les larmes ne coulent plus et j'ai espoir, pourtant je navigue dans des eaux troubles constamment.

Quand trouverais-je ma place ? Quand le bonheur toquera-t-il de nouveau à ma porte ? Je saurais l'accueillir à bras ouverts, mais daignera-t-il me sourire enfin ?

Dis Melosa, dans quel univers parallèle s'évadent les rêves de grandeur d'autrefois ?