Vingt-cinq

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Quartier de Portobello
Édimbourg, Écosse
12 mai 2023

𝓞jee

𝓘l y a un instant où j'ai cessé d'être forte, où j'ai décidé de me laisser porter par mes émotions, d'accepter et non plus de refouler. J'ai refusé de faire semblant : semblant de sourire, d'être compréhensive, d'avoir de l'empathie. J'ai laissé la colère me recouvrir. J'ai arrêté d'y croire, j'ai arrêté de me battre. Tout mon corps a juste... lâché les amarres.

Je me suis toujours sentie à part, hors des cases. Différente. J'ai préféré écouter des personnes qui me confortaient dans mes utopies plutôt que de croire en ceux qui me connaissent véritablement. Je n'étais pas prête à l'entendre, pas prête à le comprendre.

Je ne veux pas être une poupée de cire que l'on brosse dans le sens du poil. Je veux renverser la partie immergée de l'iceberg, faire peser la balance, me montrer telle que je suis réellement. Pas de filtres, pas de faux-semblants, pas de grands sourires pour tenter de masquer une mauvaise humeur passagère, un chagrin d'amour, une déception amicale, de l'anxiété ou de l'incompréhension.

Je sais, tout au fond de moi, que j'embrasse mes parts d'ombre depuis longtemps. Mais j'ai tant souhaité me faire accepter de tous, être aimée, reconnue – car pour me sentir légitime, m'affirmer, il me fallait compter sur les autres.

Je n'ai jamais voulu être trop lisse, trop fade. J'ai toujours voulu casser les codes, exploser les scores, les rendre envieux, être exceptionnelle ; mener une vie de prestige, être appréciée de tous.

Être invisible à leurs yeux, c'était mourir à petit feu.

Je sens le poids de cette prise de conscience crouler de mon œsophage à mon estomac. Je m'imagine, au bord d'une falaise ou d'une montagne, crier jusqu'à plus de voix. Puis je ne l'imagine plus, je le fais, je m'élance, je hurle contre ce monde qui n'est pas fait pour moi et qui demeure pourtant le mien.

Je ne sais plus qui je dois être, comment me comporter, comment brider toute cette empathie qui me submerge. Je voudrais être digne, digne de moi. Ne plus me laisser abattre par leurs cartes, mais guider la danse, maîtriser mon jeu.

C'est si douloureux.

J'ai honte de les avoir tenus pour responsable. Honte de me trouver des excuses, me priver, me taire et encaisser.

Ça suffit.

Cette fois, je ne me résous pas à l'entendre, je l'intègre malgré moi.

La Justesse de tes ÉmotionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant