Treize

86 11 4
                                    

18 : 21

𝓐ssez ! J'ai le cœur qui bat, cent-quatre-vingts pulsations à la minute, le rouge qui me monte aux joues sous la nervosité. J'aimerais crier au monde : « Ne vois-tu pas ma valeur ? Ne remarques-tu pas mes efforts ? » Mais le bougre oserait encore me renvoyer mon extravagance au visage.

Blâme-t-on un individu sans abri pour n'avoir été accueilli que par la rue ? Une femme marginalisée pour avoir sombré dans la prostitution, faute d'être rejetée sur le marché du travail ? Blâme-t-on une personne à mobilité réduite pour n'avoir qu'un bras, ou un analphabète pour n'avoir jamais appris à lire ou à écrire ?

Pourquoi pointer du doigt ceux qui, contre vents et marées, s'évertuent à donner le meilleur d'eux-mêmes, mais n'accusent qu'en retour ou des réflexions désobligeantes, ou des secouements de tête désespérés ?

Chers Inconnus, voilà ce que renvoie l'hypersensibilité : lenteur, démesure, rêverie, naïveté. Susceptibilité, gêne, manque de confiance en soi. Les « inspire un grand coup » et « cesse de pleurer » vont bon train.

Finalement, on reproche à une personne impulsive de ne pas savoir se maîtriser, à une autre peu démonstrative de ne pas l'être assez alors que le propre de l'émotion, c'est la subjectivité : des ressentis et des réactions intrinsèques qui, mieux encore, ne se contrôlent pas.

Pourquoi donc incriminer ceux qui ne parviennent ni à trouver de juste-milieu, ni à exposer ces faiseurs d'humeurs au grand jour ?

À mon sens, l'humain, bien qu'il pourrait être un puits de savoirs, ne peut s'empêcher de cataloguer, critiquer, protester. Ça fait de lui un être d'une telle bassesse d'esprit que seule une prise de conscience soudaine aurait la capacité d'altérer cela.

Mes chers, ouvrez grand vos oreilles : ce n'est pas parce que je suis émotive et idéaliste que je ne suis pas fiable ou que je n'ai pas les épaules solides. Je sais écouter sans juger, comprendre et jauger avant de parler, me mettre à la place de l'autre pour mieux l'aiguiller.

J'apprends à mon rythme. J'ai certes quelques difficultés à m'adapter, sortir de ma zone de confort et me livrer, mais je refuse d'avoir à prouver ma valeur constamment, encore moins auprès de ceux que j'aime.

Je ne me battrai pas pour obtenir leur estime ou leur respect. Je ne vanterai pas mes mérites pour faire accepter mes particularités quand je peine moi-même à les accepter. Je n'essuierai plus de réflexions désobligeantes, ni n'entendrai ce qui ne me caractérise pas. Je ne m'accoutumerai plus à des paroles ou des attitudes qui me blessent, car s'assumer ne passe pas par-là.

Si vous faites partie des chanceux qui croient à cent pour cent en leurs rêves et en leurs capacités, alors je vous envie et je partage votre engouement. Mais pour l'amour du ciel, ne dénigrez pas autrui, ne critiquez ou n'émettez pas de jugement sans savoir de quoi il s'agit réellement.

Ne nous apposez pas d'étiquettes, ne nous confortez pas dans nos insécurités. Utilisez votre confiance à bon escient : élevez les autres par des paroles bienveillantes, un regard doux, un sourire chaleureux, un geste quelconque qui, sans le savoir, pourrait contribuer à l'humeur de votre entourage.

Ne nous blâmez pas pour nos craintes, pour nos ressentis – quels qu'ils soient et peu importe la situation ou l'acte commis. Nul ne vous demande de pardonner ceux qui vous causent du tort, mais moi, Ojee, je vous prie, je vous en supplie, soyez bienveillants. Reconnaissants. Sans bienveillance, les interactions ne mènent qu'à des conflits. Les quiproquos sont de mise et l'ego est boursouflé. Qui le désire ?

La Justesse de tes ÉmotionsWhere stories live. Discover now