La Justesse de tes Émotions

Dix-sept

Newcastle Upon Tyne, Angleterre
6 mai 2022
𝓞jee

𝓤ne année a passé. Une année faite de souffrances, d'incertitudes et de culpabilité, mais surtout de joies fugaces, de bonheurs inestimables, de visages et de sourires gravés dans ma mémoire.

Sur le chemin du retour, je sais que je rentre chez moi, mais une partie de mon cœur demeurera ici, dans ces ruelles pavées et grises, sous ce ciel toujours maussade qui m'a vue grandir, prendre confiance, l'accorder à des personnes saines.

Partir n'est jamais facile. J'avais conscience que ce jour arriverait vite, ce jour où je quitterais mon nouveau nid pour retrouver ces anciennes habitudes et ma ville natale qui, tout de même, serait bien différente de celle que j'ai quittée.

J'ai profité de chaque instant, je me sens extrêmement heureuse ces derniers temps. C'est un bonheur serein, sans artifices, authentique.

Entourée des êtres qui me sont chers, je savoure chaque minute en leur présence, apprécie leur beauté et leur singularité. Nous rions aux éclats, d'un rire qui remuerait des foules et ferait tomber les plus impassibles. Profitant d'un dernier bain de soleil avant de danser sous les néons, avachies sur le flanc de colline, nos regards traînent sur les silhouettes qui se baladent en contrebas.

Alors soudain, je ne suis plus trop. Je suis assez. J'apprécie tout ce que je suis, je n'ai plus honte. Mon cœur se gonfle de bonheur et le monde est plein de couleurs. J'ai envie de lui dire : « Me voilà ! »

Pourquoi me suis-je cachée si longtemps ?

Dans ces moments-là, je bénis la nature de m'avoir accordé un tel cadeau. L'hypersensibilité vous conduit aux plus hauts sommets : vous atteignez des pics de gratitude, de joie et de fierté d'une puissance si inégalable qu'il est impossible de décrire ce phénomène avec exactitude.

Le corps s'en charge, le cœur s'enflamme et les yeux baignent de larmes car le bonheur est là, oui, vous l'étreignez de toute votre âme, vous lui souriez à pleines dents et, surprise ! lui, vous sourit en retour.

Ces instants-là sont d'une pureté et d'une préciosité indicibles. Le monde est à vous et vous avez le formidable loisir de choisir quoi en faire ou en tirer. On en frôlerait presque la prétention parfois...

Si ça ne tenait qu'à vous, vous sauteriez dans les bras du moindre inconnu, vous leur tendriez la main, vous pardonneriez vos bourreaux, vous finiriez par accepter vos manquements, vous apprendriez à être humble, juste et honnête, vous danseriez à en perdre le sens des responsabilités et la notion du temps.

Rien n'est plus beau, plus intense que ce maelström d'émotions décuplées, amplifiées à l'excès.

Jusqu'à l'implOSION.

Vous n'avez pas besoin de sourire, tout cela se reflète à travers votre regard.

C'est par le biais de ces émotions que vous apprenez le plus. D'abord, vous ressentez les-leurs au plus profond de votre être. Leur bonheur vous inonde de chaleur, leur douleur vous heurte sans détour. Lorsqu'ils doutent, vous doutez à votre tour. Leur fierté est votre, leur hargne vous appartient. Par ces émotions, ils vous communiquent leur force, leurs histoires, leurs vécus. Vous l'éprouvez physiquement. Vous êtes en phase avec le monde qui vous entoure. Vous embrassez votre curiosité, créez du lien, vous les comprenez enfin.

Ce monde-là devient un formidable champ de possibles. Vous usez de cette sensibilité pour la retranscrire dans l'art et bien d'autres domaines encore, à des fins personnelles et dans l'unique but de vous élever, d'élever ceux qui vous entourent – aux yeux de qui vous voudriez paraître parfaits, ou tout simplement suffisants.

Vous puisez votre force dans vos peines et vos chagrins pour en tirer l'enseignement le plus objectif possible. Dans ces instants-là alors, vous êtes inatteignable. Toutes vos expériences et déceptions passées, toute cette colère que vous nourrissez depuis tant d'années et qui semblait inexpugnable s'essouffle enfin.

Votre motivation et votre détermination s'en trouvent nourries. Vous vous sentez invincible. Vous voudriez que cela ne s'arrête pour rien au monde. Une brindille, une bourrasque, un ouragan : rien ne pourrait faire chavirer votre navire, car il navigue au rythme de vos envies.

Dans ces moments-là, je m'efforce de contenir ma joie, ne pas exploser sous son joug, exposer mon euphorie au grand jour. Tout en moi me trahit, à commencer par mon large sourire, mon buste bombé et mon regard insatiable.

Je brûle d'amour et de foi et d'espoir. Le monde est à moi l'espace d'une seconde et plus rien autour ne compte. Ce sont les basses accompagnées de déhanchés libres, le corps qui s'exprime dans un art indicible, la douceur et le bonheur réunis en un même point de convergence.