La Justesse de tes Émotions

Vingt-trois

Quartier de Cramond,
Édimbourg, Écosse
24 janvier 2023

𝓞jee

𝓙'ai le cœur broyé, les larmes coulent à l'intérieur.

Vu le nombre de siècles et de millénaires qui me précèdent, je ne suis certainement pas la première à souffrir d'un chagrin d'amour... Et je ne serai pas la dernière non plus.

Tout me semble irréel.

Les entendre dire que tu fréquentes une autre, imaginer que tu te confies à elle, que c'est dans ses bras que tu te blottis quand la santé ne suit pas... C'est sur ses épaules que tu te reposes, c'est avec elle que tu ris et que tu te projettes, c'est à elle que tu fais l'amour, c'est elle que tu aimes et que tu veux auprès de toi, dans ta vie – oser le croire me broie le cœur.

Je voulais des réponses à mes questions, je les ai eues. Force est de constater qu'il ne faut pas demander ce qu'on n'est pas prêt à entendre.

Si je t'ai laissé derrière moi, Ralph, c'est parce que je t'aimais et que je savais que je ne te suffirais pas. J'ai ces deux mots dans la tête qui ne cessent d'apparaître et de disparaître, d'écraser un peu plus mon cœur à chaque fois, à chaque nouvelle pensée.

Je croyais avoir touché le fond, en vérité plus le temps passe et plus je m'enlise sous les décombres de notre amour. Il me faudra du temps pour m'en remettre, c'est certain. Comment as-tu pu te délester de ça, abandonner l'idée d'un nous aussi vite quand moi, j'espère secrètement, férocement que nos chemins se croisent à nouveau ?

J'ai tendu mes mains au destin et je lui ai quémandé le bonheur, mais il ne m'a donné que la solitude et des remords en retour.

Peut-être qu'on se retrouvera dans une autre vie, peut-être qu'on ne connaîtra plus cet amour paisible, cette passion qui consume et consume et consume jusqu'à tout réduire en cendres. Peut-être qu'on saura se reconnaître dans un monde parallèle, qu'on n'aura plus à se dire qu'on passe à côté de quelque chose de sincère.

Des proches m'ont dit de t'écrire. Écrire pour apaiser mon cœur, me délester de mes maux, tourner la page.

Tourner la page... L'idée me révulse de l'intérieur.

Vivre ta vie, c'est ce que je peux te souhaiter de meilleur. Cette petite voix dans ma tête devrait finir par me raisonner... Je voudrais juste qu'elle se taise.

Il y a ce que les gens voient, ce que l'on veut bien montrer. Mais sous la surface, on trouve ce qu'il y a de pire en nous : nos doutes, nos failles, nos chagrins, nos insécurités aussi.

J'ai commencé à prendre confiance en moi quand les autres ont cessé de me placer sur un piédestal. Quand j'ai déconstruit cette version idéalisée qu'ils se faisaient de moi, que tu te faisais de moi, laissant place à la véritable moi, l'authentique, celle qui ne se lassera jamais de prôner des valeurs auxquelles elle croit dur comme fer.