Neuf

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Newcastle Upon Tyne, Angleterre
11 décembre 2021
𝓞jee

00 : 58

𝓛e dénominateur commun de mon existence, ce sont ces êtres à l'ego surdimensionné, bouffés par un complexe d'infériorité et qui nous poussent à faire de la provocation, notre seul moyen de défense au regard d'un monde qui ne veut pas de nous. Autrement dit, les pervers narcissiques et manipulateurs qui se plaisent à avoir à leurs bras, deux ou trois boucs-émissaires.

Mais pour évincer le rejet, la déception, les mots qui touchent, l'excès doit-il rester l'unique façon de se valoriser sans tomber dans l'opprobre de l'autre ?

Depuis des années, j'accepte de me rabaisser à cela : à leurs comportements versatiles, à la bassesse d'estime qu'ils ont pour moi. Même si les contes s'évertuent à nous prouver le contraire, dans la vraie vie, les « gentils » ne gagnent pas à moins de sortir leurs crocs quelques fois.

Difficile à entendre lorsqu'on rêve sans condition.

Combien de fois m'a-t-on dit : « Tu devrais t'endurcir » ? J'interprétais ces mots comme une offense, comme si l'on tentait d'étouffer ma nature profonde. Je le rattachais à : « Tu réfléchis trop », « Pourquoi se prendre la tête ? », « Ne te mets pas dans cet état pour si peu ».

Qu'importe la manière dont on me le disait, maladroite je le conçois, ces paroles n'étaient qu'un avertissement de ce qui m'attendait. Elles ne signifiaient pas : « Ojee, nous ne t'aimons pas pour ce que tu es », mais « Protège-toi car tu vas souffrir de ta naïveté ».

Bien sûr que c'est triste à dire, et à comprendre, que le monde n'est pas tel qu'on l'idéalise. On s'accroche à de faux espoirs, des illusions, des pardons répétés. On se flagelle pour ce qu'on n'a pas commis, ou du moins pour nos manquements.

Pardonner les autres semble évident. Qu'en est-il lorsqu'il faut se pardonner à soi-même ? Lorsqu'il faut trouver le courage de puiser en soi les ressources nécessaires pour guérir ? De se donner la liberté et le droit d'avancer, d'apprendre, d'éprouver ? De se casser la figure à nouveau et de recommencer, encore et encore, sans jamais oublier de se relever ni négliger nos blessures passées ?

Il faut une certaine lucidité pour s'aventurer dans les tréfonds de sa mémoire, saisir les points clefs de son existence ; ce qui relie nos comportements actuels à nos échanges ou expériences d'antan... En somme, ce qui nous a construits depuis la nanoseconde où nous sommes devenus embryons.

Prendre notre enfant intérieur par la main, lui dire que tout ira bien demande d'être juste avec soi-même. En accord. Sans accord, il n'y a pas de respect. Sans respect, on accepte de laisser les autres nous piétiner sans vergogne.

J'ai lu, un jour, que l'attitude des autres n'est que le reflet de notre amour-propre. Cette pensée me saute au visage désormais. Tu as grandi dans un environnement qui t'était hostile, j'ai aussi évolué dans une spirale destructrice.

J'ai su œuvrer pour m'en sortir. À l'instant où il a été question de ma santé mentale, j'ai tiré la sonnette d'alarme. Combien j'en ai souffert, je ne pourrais jamais te le décrire avec justesse. On pourrait même douter de l'existence de ma colère.

Le schéma se reproduit, mais je ne m'en excuserai pas cette fois. Je suis à un tournant de ma vie. J'effectue les cent pas sur le quai, incertaine quant à ma future destination. Quel wagon emprunter ? Pour représenter quelles valeurs, quel parcours de vie ? Pour m'entourer de qui ?

Le choix est large ; je ne capitulerai pas. Quitte à souffrir, je compte bien mettre toutes les chances de mon côté pour que demain soit meilleur qu'hier.

La Justesse de tes ÉmotionsWhere stories live. Discover now