0. la rencontre

21.1K 1K 252
                                    

Ce soir, j'ai décidé d'être cet ami chiant en soirée, celui qui ne veut pas s'amuser, et qui ne sait même pas pourquoi. Cela pour qui, pendant deux bonnes heures, ses amis n'ont par arrêté de trimer, ils ont essayé de le faire rire, de le motiver, de le soûler même, mais rien n'y a fait, il a continué de bouder. Alors ils ont fini par abandonner et maintenant, ils le laissent moisir dans un coin du salon pendant qu'il fait semblant de jouer les DJs de la soirée, alors qu'en fait il a juste mis une playlist déjà toute faite. Oui, ce soir, ce mec, c'est moi.

Il n'y a pas de raison précise. Ou peut-être le fait que le mec chez qui je suis et qui fête son anniversaire n'est pas vraiment mon ami. On est tous dans la même équipe de volley du lycée, mais franchement, ce mec est une plaie. Cependant, étant donné qu'il est le capitaine de l'équipe, je n'ai pas pu refuser l'invitation. Mais l'alcool a un goût étrange, les gens sont tous fous alliés, la décoration laisse à désirer, il fait trop noir et la musique est mauvaise. Bon d'accord, pour le dernier point, je n'ai qu'à faire un effort, mais le pire, c'est que j'ai l'impression que cette musique convient à la bande de dégénérés qui remue des fesses sur la piste de danse.

Je pianote distrairement sur mon téléphone, faisant semblant de taper un très très très long message, histoire de m'assurer que personne ne vienne me déranger, lorsque je vois le capitaine de l'équipe tenter l'ascension de la poutre qui traverse tout le salon. Je dois avouer que ce mec, ou plutôt ses parents, possèdent une super barraque. En dehors de Paris, toute de briques et de poutres apparentes. Elle fait très ferme campagnarde, et c'est un luxe qu'il est difficile de se payer aussi proche de Paris.

Si vous voulez mon avis, ce mec est totalement fêlé. Le voilà qui se prend pour un grand singe, en frappant ses pectoraux à renfort de grands cris d'animaux, parce que oui, il a fini par réussir à y grimper, sur cette satané poutre, qui se trouve quand même à deux mètres au dessus du sol. Bon, c'est ce côté un peu sans peur qui nous vaut toutes nos victoires, c'est vrai, et donc, c'est pour lui montrer ma reconnaissance que je ne suis pas encore parti.

Je remarque alors un garçon, un peu éloigné de la foule qui acclame notre capitaine. Il le regarde avec un air un peu honteux, comme s'il était gêné pour lui. Et il y a de quoi, puisqu'Anton Monty ne s'arrête pas là, il enlève son t-shirt qu'il fait tournoyer autour de sa tête plusieurs fois avant de le lancer, je vous le donne dans le mille, en pleine tête de ce garçon. Tous les regards et acclamations se tournent vers lui, et il pique un énorme fard. Je ne peux m'empêcher de sourire, tout en pensant fortement, le pauvre. Ça se voit clairement qu'il n'aime pas être au centre de l'attention, et pourtant, une bonne dizaine de groupies viennent de se jeter sur lui pour lui arracher des mains le t-shirt.

Anton descend soudainement de la poutre et s'approche du garçon, éloignant ses groupies, il passe son bras autour de son épaule et lui dit quelque chose à l'oreille. Le garçon part immédiatement d'un grand rire, et Anton sourit comme s'il se sentait rassuré. C'est bien la première fois que je le vois comme ça. Anton Monty est réputé pour son manque d'empathie envers tout ce qui l'entoure, alors le voir faire attention à ce garçon le change de ses habitudes. Je vois alors le regard d'Anton se diriger vers moi, et par réflexe, je détourne les yeux. Faites qu'il ne vienne pas me voir. Faites qu'il ne vienne pas me voir.

Trop tard.

Anton se plante soudainement devant moi, avant de me claquer sa main dans mon dos, ce à quoi je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas faire une grimace. "Hé DJ Solly !" s'exclame-t-il, m'envoyant son haleine puant l'alcool en plein visage. Je me redresse et lui affiche mon plus beau faux sourire. Je remarque le garçon avec qui il était qui se tient derrière lui, en retrait. "Salut, Anton !" répondis-je simplement, n'ayant pas envie de m'étaler. Anton croise les bras sur sa poitrine d'une façon très théâtrale. "Solly, j'te présente Eden, c'est mon ami d'enfance." dit Anton en donnant un coup de menton vers son pote. Ledit Eden penche la tête légèrement sur le côté et me fait un petit sourire timide. Je me demande comment ce garçon a-t-il fait pour supporter Anton depuis aussi longtemps.

Pour que tu m'aimes encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant