27. horreur

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Je sens le sommeil me quitter petit à petit au fur et à mesure que je reprends conscience. Je me sens cependant encore fatigué, j'ai une crampe dans le mollet gauche, les muscles de mes épaules me tiraillent et j'ai le moral dans les chaussettes. Bien sûr, mon mal être physique n'a rien à voir avec le lit dans lequel j'ai dormi, puisque c'est clairement le matelas le plus confortable sur lequel il m'a été donné de dormir. Je pensais qu'avec la nuit, ce sentiment de déchirure intérieure que j'ai ressenti la veille se serait en allé, mais non, il est toujours là. Le comportement de mes parents, le mien envers Eden. Le tout se mélange pour puiser dans les dernières forces mentales qu'il me reste, et je suis déjà épuisé.

Je me tourne sur le côté alors que je perçois de la lumière au travers de mes paupières. Je n'ai aucune envie de me lever. Je tends le bras sur le côté, et je rencontre un corps. Je n'identifie pas trop ce que c'est exactement, l'esprit encore embrumé par le sommeil, mais je décide de m'y accrocher et je cale mon front contre ce qui ressemble à des hanches. C'est sûrement Eden. S'il est toujours là, c'est qu'il n'est pas si tard que ça. Je ne sais pas pourquoi il y a de la lumière, parce que le soleil se lève hyper tard et Eden a promis qu'il serait parti avant que tout le monde ne se lève, mais peu importe.

- Bonjour à toi aussi, mon Solly. Je savais pas que tu étais du genre câlin au réveil.

Je grogne quelque chose, sans vraiment savoir pourquoi. Je crois, pour laisser le temps à mon cerveau d'analyser la situation, et surtout, comprendre que cette taille que j'entoure de mes bras et contre laquelle j'ai enfoui mon nez n'est pas celle d'Eden. D'ailleurs, ce n'est pas du tout sa voix non plus.

Je me redresse d'un bon au moment où une main me caresse les cheveux comme si on caressait un chien, et j'ai un mouvement de recul tellement violent que je me sens projeté en arrière, sans aucune maîtrise de mon corps, et que je bascule du lit en faisant une espèce de galipette arrière qui n'a rien de glamour, le tout en poussant un petit cri qui n'a rien de viril. Je suis encore par terre lorsqu'un visage se penche sur le bord du canapé-lit, et m'observe avec de grands yeux rieurs.

- Oh putain ce retourné arrière que tu viens de me faire, je suis dégoûté de pas avoir filmé ! se moque gentiment Anton.

Il me tend la main pour m'aider à me relever, et je rampe sur le lit telle une larve. J'en profite pour regarder autour de moi. Les rideaux du salon sont tirés, mais la lumière passe quand même au travers. La télévision est allumée, et Anton tient un imposant casque à la main, qui doit être relié à la TV par Bluetooth. Il était en train de regarder un reportage sur la pêche au saumon, tranquillement affalé à côté de moi dans le lit. Ce mec n'a aucune gêne.

- Quelle heure il est ? marmonné-je en m'asseyant à côté de lui.

- Un peu plus de midi, me répond Anton en coupant son casque.

Le son de la télé nous parvient finalement, alors qu'un petit vieux explique comment on pêchait le poisson dans son temps.

- Ça fait combien de temps que t'es là ?

- J'sais pas, un reportage sur les marmottes des Alpes, un autre sur la reproduction des insectes et celui-là. Tu savais, d'ailleurs, que la mante religieuse femelle bouffe le mâle juste après la baise ? C'est des fous, les insectes. Franchement, si c'était pareil avec les hommes, tu imagines ?

- Pas vraiment, non.

C'est très dur d'avoir ce genre de conversation au réveil. Je passe une main sur mon visage en fermant les yeux, comme pour accélérer encore un peu plus ma phase de réveil, puis je me frotte fortement les paupières. Au moins, on peut dire qu'Eden sait y faire. Je n'ai aucune idée de comment il a fait pour se réveiller avant tout le monde et retourner dans son lit. Je ne l'ai même pas senti se lever, et je n'ai aucune idée du temps qu'il est resté avec moi. Quand je repense à ce qu'il s'est passé avant qu'on s'endorme, mon corps se réveille au quart de tour et un grand frisson me secoue tout le corps.

Pour que tu m'aimes encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant