26. noël

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- Joyeux Noël mon cœur !

Assis en tailleur sur le lit de Shelly, je garde les yeux fermés jusqu'à ce que je sente un paquet entre mes mains. J'ouvre finalement les yeux tandis que Shelly passe ses bras dans ma nuque, et que je sens sa poitrine, dénudée sous un t-shirt à moi, se coller dans mon dos. Ses cheveux descendent sur mes épaules et elle pose délicatement ses lèvres dans mon cou. Mon corps entier frissonne à son contact pendant que ma raison me martèle l'intérieur du crâne à grands coups de marteau. Ça fait trois jours que j'essaye de raisonner ma raison – oui, c'est pour dire à quel point les choses vont mal – mais rien à faire, elle ne me laisse pas tranquille. Pourtant, j'essaye de profiter de mes vacances et de ma copine comme tout mec normal le ferait, mais il y a quelque chose en moi qui me gêne. Si ce n'est pas ma raison qui me traite de menteur chaque fois que Shelly pose ses lèvres sur moi, c'est autre chose. Quelque chose que je n'arrive pas à discerner clairement. C'est comme un cailloux dans une chaussure. Une pointe douloureuse qui s'affermit à chaque pas, mais comme tu marches vite, que tu n'as pas le temps, eh bien tu ne peux pas l'enlever.

- Merci.

Je prends le paquet entre mes mains et le secoue légèrement, pour voir s'il fait du bruit. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle a pu bien m'acheter. Il n'y a rien dont j'ai vraiment envie qu'elle ne puisse m'offrir. Elle n'arriverait jamais à trouver un parfum qui te donne plus confiance en toi, ou bien par exemple une veste qui te rend invisible au regard des autres.

Autour de nous, sur le lit défait, trônent les restes des papiers cadeaux de ceux de Shelly. Comme je n'avais aucune idée de quoi lui offrir, je lui ai trouvé un bijou en argent pas trop cher et une écharpe. J'ai cru qu'elle allait se mettre à pleurer tellement elle a trouvé le bracelet beau. Je ne pensais pas que ça lui ferait autant plaisir. J'ai passé les trois derniers jours chez elle, et ce midi, elle m'a fait mon plat préféré, du saumon à la sauce au beurre avec une purée de pommes de terre. Elle a été au petit soin avec moi pendant ces trois jours, et égoïstement, je me suis senti dorloté, chouchouté et j'en ai profité. Mes parents ne se sont jamais comportés de la sorte avec moi, parfois je me demandais s'ils n'étaient pas des machines, et moi-même, un robot. Alors j'ai été faible de voir Shelly prendre autant soin de moi et j'ai tout oublié. J'ai passé trois jours dans une parenthèse, sans plus penser à rien. Ni à Lys qui râle parce que ses parents ne la lâchent pas d'une semelle depuis qu'elle est rentrée. Ni à Jonas qui s'inquiète plus que moi par rapport au repas de ce soir. Ni à Eden.

On ne peut pas dire que je n'ai pas pensé du tout à Eden pendant ces trois jours, parce qu'il est la seule personne, de mes trois amis – en le comptant dans le lot – à qui j'ai répondu aux textos. Mais avec Shelly sur mon dos, j'avais toujours plusieurs heures de retard, et nos sujets de discussion me paraissaient tellement insignifiants que je ne vois pas où est le mal. Cependant, je dois avouer que lui envoyer des textos est devenu naturel, tout comme lui dire bonne nuit avant d'aller me coucher, et lui demander s'il a bien dormi en me réveillant. Mais à part ça, et ça m'a presque fait étrange, je ne m'inquiétais plus de rien en ce qui le concernait. De toute façon, j'étais avec ma copine et tout se passait bien.

Je déchire le papier, en commençant par un angle, alors que je sens toujours la bouche de Shelly dans mon cou. Le paquet est assez gros, totalement carré, il fait la taille d'un ballon de foot. Une fois que j'ai réussi à le défaire du papier, je remarque que c'est une boîte en carton blanc, sans aucune inscription. Je me tourne légèrement vers Shelly, mais elle dépose un baiser rapide sur mes lèvres.

- Allez, ouvre, me presse-t-elle.

Je souris, et tire sur le haut de la boîte pour en ouvrir le bord. Je penche la tête au dessus du carton, et j'observe ce que je trouve à l'intérieur. Il y a beaucoup de papier bulle et papier journal, alors je plonge la main dedans. Mes doigts rencontrent quelque chose de froid, et de rond, et, tout en fronçant les sourcils, j'agrippe ce que je peux pour extirper l'objet de ses protections.

Pour que tu m'aimes encoreWhere stories live. Discover now