13. descente aux enfers

8.8K 741 461
                                    

- Viens danseeer avec moi ! pleurniche Lys en me tirant littéralement sur le bras.

De nouveau, je fais une moue d'enfant en commençant à me tortiller dans tous les sens. J'ai beau lui répéter que je n'aime pas ça, elle ne veut pas me lâcher. J'ai encore assez de lucidité pour ne pas avoir envie d'aller me ridiculiser sur la piste de danse, et j'en suis bien heureux. Pour tout dire, je me surprends moi-même, étant donné que je ne sais pas vraiment combien de verres j'ai bu, ni même leur contenance. Dans un sens, j'aime beaucoup boire, parce que cela me permet de laisser un peu derrière moi mon côté coincé, mais en même temps, j'ai plus de mal à me contrôler et à faire attention à ne pas déraper. C'est paradoxal, mais le problème, c'est qu'une fois que j'ai commencé à boire, je ne peux pas m'arrêter.

Lys a la détente facile, ce qui a grandement impressionné Jonas. C'est un très gros buveur, et rare sont les filles qui arrivent à suivre son rythme, ça vaut aussi pour les mecs. Sauf que là, ils ont établi un jeu, qui est que quand l'un des deux boit, l'autre boit aussi. Pour l'instant, ils sont donc totalement à égalité. C'est marrant parce que du coup, quand l'un part d'un côté de la pièce, l'autre le suit immédiatement des yeux pour voir s'il boit, et donc si lui-même doit boire en retour. De ce fait, ils ne se lâchent pas des yeux, en fait. Moi, ça me fait rire, parce que j'ai été élu arbitre, et donc je dois les surveiller aussi. Et surtout, je dois les freiner si je vois que ça va trop loin. Il est clair qu'ils ont tous les deux un esprit très compétitif, et j'ai bien peur qu'ils ne soient pas capable d'appuyer sur le bouton stop si ça dérape. Il ne faudrait pas que l'un d'eux tombe en coma éthylique juste pour ça.

A côté de ça, tout se passe très bien jusqu'ici. Je n'ai aperçu Eden que deux fois, au fin fond de la salle, près de la fenêtre, en train d'enchaîner cigarettes sur cigarettes, Danny à ses côtés. Et vas-y que je souffle ma fumée dans ta bouche, bref, dans mon esprit embrumé alcoolisé, j'ai rapidement détourné les yeux. Faux, je les ai fixé pendant au moins quinze bonnes minutes avant de décider de m'enfiler un nouveau verre. J'ai croisé plusieurs fois sa sœur, qui m'ignore totalement. Quoi de plus normal, elle ne me connait pas. Anton est venu plusieurs fois s'assurer que tout se passait bien, mais je l'ai vu disparaître avec une fille y'a plusieurs dizaine de minutes. Bref, tout se passe bien.

Jonas, en bon joueur, revient avec deux verres, et il en tend un à Lys en lui faisant un clin d'œil provocateur. Lys l'observe, les lèvres plissées et les sourcils froncés, avant de me jeter un regard noir. D'un coup, elle tend un doigt vers Jonas.

- Toi. Sur la piste de danse. Maintenant.

Jonas, surpris, reste coincé avec son verre sur le bord des lèvres. Lys vide son verre d'un trait, un Jonas, paniqué, sur les talons, puis elle l'attrape par le bras et le traîne littéralement vers le cercle de personnes qui se déhanchent au milieu du salon. Lys se retourne tout en me fusillant du regard et en me faisant un doigt d'honneur. Je vois également ses lèvres bouger pour mimer un joli "rabat-joie", avant de disparaitre au milieu des gens. Froissé, je lève la tête haute avant de faire demi-tour. J'ai pas envie de danser, c'est mon choix et puis c'est tout. Gonflant les joues comme un enfant de sept ans à qui on a refusé de lui acheter des bonbons, je me dirige vers la cuisine, histoire de me trouver un rafraichissement.

Cependant, une main sur mon épaule m'arrête, et, surpris, je me retourne, sans me préparer le moins du monde à ce qui va se passer. Mon corps entier se fige lorsque je reconnais le visage de la personne qui me fait face, deux chiens de garde à ses côtés. Je suis tellement bloqué que son prénom ne me revient pas tout de suite.

- Solly, putain, mec, je t'avais pas reconnu ! s'exclame Hugues (le voilà son prénom !) en me reluquant de la tête aux pieds. C'est quoi ces fringues ? La nouvelle marque des pauvres ?

Pour que tu m'aimes encoreWhere stories live. Discover now