28. nouvel an

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Allongé sur mon lit, je grelotte même si je porte deux pulls, et que je me suis enroulé dans ma couette. Je n'arrive pas à croire que le chauffage de ma résidence a réussi à tomber en panne un vingt huit décembre. Déjà deux jours que je suis rentré chez moi, et le confort de l'appartement d'Anton me manque terriblement. Me revoilà, avec ma vieille plaque à induction, mon lit et son matelas aussi dur que du béton, et la joie des toilettes et douches collectives.

Il est assez tard, un peu plus de minuit, et je n'arrive pas à dormir. Outre le fait que des formes étranges dansent derrière les rideaux de ma fenêtre, j'ai l'esprit trop occupé à réfléchir aux grands problèmes de ma vie pour trouver le sommeil. Pourtant, les choses se sont réglées un peu trop facilement, par rapport à cette histoire de nouvel an. Jonas a accepté tout de suite de le fêter avec nous, même si j'espérais dans un coin de mon esprit qu'il refuse et préfère passer sa soirée seul, comme il le fait presque tous les ans. Et depuis une heure, je suis en train de discuter avec Lys, qui, d'elle-même, m'a demandé ce que je comptais faire ce fameux soir. Apparemment, elle ne prévoyait pas de rentrer sur Paris parce qu'elle n'avait rien de prévu, et quand elle m'a demandé ce que je faisais, je n'ai pu que lui dire la vérité et ça l'a motivé.

Lys : Franchement, je pense que je ne vais pas survivre une journée de plus chez mes parents, il faut que je rentre dès demain...

Pour l'instant, je lui ai simplement dit que Jonas hésitait à venir avec nous, et que Shelly, Eden, Anton, Joly et Danny seront là. Elle m'a raconté qu'à sa dernière soirée, elle avait longtemps discuté et dansé avec Joly et qu'elle trouve que malgré son jeune âge, elle fait plutôt mature. C'est là que je me suis rappelé que Joly est encore au lycée, en première je crois, et que j'ai compris d'où venait son engouement pour les boîtes de nuit. Je me souviens que dans mon lycée, les filles ne parlaient que de ça, sûrement parce qu'elles ne pouvaient pas encore y aller. Pour ma part, dès que j'ai eu dix huit, mes potes du lycée m'y ont traîné, et ensuite, comme j'ai coupé les ponts avec ma vie d'avant, je n'y ai pas remis les pieds. Ce n'est pas vraiment le genre d'endroit qui me correspond. Il y a trop de monde, trop de bruit, et beaucoup jouent un jeu afin de se faire remarquer.

Lys : Tu sais où on va le faire ?

Moi : Non, toujours pas. Sûrement chez Anton. Attends, je vais demander.

Plus je peux repousser le moment où je vais devoir lui dire que Jonas sera là, plus je vais en profiter. Et puis d'ailleurs, Eden n'a pas répondu à mon texto depuis ce matin, et je suis bien content de trouver une excuse pour lui en renvoyer un nouveau. Je n'ai aucune idée de ce qu'il fait depuis deux jours. Eden n'est pas du genre à parler de la façon dont il passe ses journées, dans ses textos. Il lance plutôt des sujets de conversation un peu bizarres, il pose des questions sur mes goûts, ou il aime débattre de quelque chose qu'il a vu ou lu quelque part. Ce matin, on parlait de la nouvelle bande annonce d'un film d'horreur que je n'ai pas pu regarder plus de deux secondes, mais que lui a analysé de fond en comble.

Moi : Hé ! Dis moi, on le fait où, finalement, le nouvel an ? :)

Je commence à me ronger les ongles alors que mon téléphone repose sur mon buste, et que je reste allongé dans mon lit, les yeux rivés au plafond. Cela fait bien longtemps que je n'avais pas fait état d'une telle anxiété, mais j'avoue, plus le nouvel an approche, plus je stresse. Shelly est complètement folle à l'idée que je l'ai – enfin – invitée à une de mes soirées. Je crois qu'elle en rêvait. Peut-être qu'elle en avait marre aussi, qu'on fasse le nouvel an que tous les deux. Après tout, comme l'a dit Joly, c'est pas folichon, comme soirée. J'attrape mon téléphone et vérifie que mon texto a bien été envoyé. Oui, c'est bon. Il a été reçu aussi. Et il y a de ça douze minutes. Eden met rarement autant de temps pour répondre. Peut-être qu'il dort ?

Pour que tu m'aimes encoreWhere stories live. Discover now