43. décision

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(Petit rappel : je le dis souvent et je répète, les insultes c'est non merci ! C'est vraiment très désagréable et ça me donne juste plus envie de poster, vous êtes libres de vous exprimer tant que c'est dans le respect, je ne suis pas une machine et j'essaye de faire de mon mieux, et j'aimerais que poster sur wattpad reste un plaisir 😉)

Jamais je n'aurais imaginé sécher les cours de ma vie. Je sais qu'on dit qu'il y a une première fois à tout, mais j'aurais aimé qu'elle ait lieu dans d'autres circonstances.

Vendredi, je suis resté un peu chez Jonas, mais je n'avais plus envie de rien, ni parler, ni sourire, ni pleurer, ni espérer. Il voulait faire un marathon Friends mais je n'ai pas eu le courage alors je suis rentré chez moi, prétextant une migraine carabinée et un fort besoin de me reposer. Ce qui n'était pas si faux que ça, sauf que la migraine n'avait rien à voir avec l'alcool, comme je l'ai laissé supposer (étant donné que je n'ai quasiment pas bu de la soirée), et qu'à part dormir, je ne me voyais pas capable de faire autre chose. D'ailleurs, je n'ai rien fait de plus ce week-end, et heureusement que je ne devais pas aller travailler. Impossible de servir des cafés à qui que ce soit avec la tête que j'avais (et que j'ai toujours).

Aujourd'hui, j'ai séché aussi, pour plusieurs raisons, qui, cette fois, n'ont rien à voir avec cette fatigue soudaine qui m'écrase le cœur ou la fadeur indolore de ma vie. La première raison porte un prénom, Eden. On est supposé avoir cours ensemble en amphithéâtre aujourd'hui, et même si je sais qu'il a peu de raison d'être présent, je ne veux pas prendre ce risque. Je ne me sens pas capable de le voir, même s'il me manque terriblement.

Lui et ses cheveux bruns cachés derrière sa casquette de la NASA. Lui et ses yeux, ces deux billes de la couleur de la mer, vibrante de milles émotions. Lui et son visage, sa bouche, ses mains et la déception dans son regard.

Je n'en ai pas la force.

Honnêtement, je n'ai pas plus la force d'affronter l'autre raison pour laquelle je ne suis pas allé en cours aujourd'hui. Cette deuxième raison est plus volatile, elle ondule à la surface de mon être depuis trois jours. Cette prise de décision à laquelle je dois me tenir. Je dois lui faire face mais la peur tiraille mon cœur poussiéreux. Cette raison, qui justifie autant que l'autre mon absence en classe, pourrait porter un prénom, elle-aussi, mais elle en deviendrait alors trop douloureuse. C'est la douleur qui m'empêche de voir Eden et de l'affronter aujourd'hui, alors il ne faut pas que celle-ci ne me déchire trop, ou alors je n'y arriverai jamais.

Je marche depuis plusieurs heures dans Paris, ayant décidé de faire le chemin à pied, et mon estomac est tiraillé entre une faim purement physiologique, et la peur qui remue ses entrailles. Je n'ai aucun moyen de calmer ces deux maux, puisque c'est tout bonnement vain d'essayer de me faire manger, et, je le sais, la crainte ne partira qu'une fois mon problème réglé. Si tant soit peu, on puisse appeler ça un problème. Ce n'en est pas un, c'est ce qui rend peut-être les choses plus difficiles encore.

Je sais aussi que je ne pourrais pas ruminer pour l'éternité. Je réfléchis trop, et ça commence à me bousiller le cerveau. Cependant, j'aimerais pouvoir me convaincre d'avancer sans plus rien penser, juste faire un pas après l'autre, m'abandonner au destin, mais si nous étions tous capables des mêmes choses, nous ne serions sûrement pas là où nous sommes maintenant. J'entends toutes les petites voix qui me murmurent ce que je dois faire, et je les maudis de ne pas croire en moi, de me répéter que c'est facile, que je n'ai qu'à le faire. Demandez à l'enfant mordu par un chien d'oser en caresser un à nouveau, ne trouvez-vous ça pas injuste ? C'est son droit, d'avoir peur.

Je suis fatigué d'entendre des voix dans ma tête qui ne font que me reprocher les erreurs que j'ai commises, qui me reprochent qui je suis, parce que je n'ai pas le même courage, pas la même aisance .N'ai-je pas le droit d'être moi-même ? Un peu caboché, un peu timide, un peu maladroit, un peu pensif, un peu dramatique. Qui sont ses voix, pourquoi se permettent-elles de me demander d'être quelqu'un d'autre ?

Pour que tu m'aimes encoreWhere stories live. Discover now