24. gaufres

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Je rédige quelques lignes sur mon brouillon, et je réfléchis à la façon dont je vais présenter la cathédrale d'Amiens. J'ai beaucoup de choses à dire, la provenance de la roche, le style gothique, les arcs de construction. Les informations de mon cours me reviennent par morceaux, et je prends le temps de tout noter un à un sur mon brouillon. Ma table est remplie de feuilles de brouillons, c'est un vrai bordel, mais il m'en faut presque une par question...

Je commence à griffonner une réponse, et pousse un profond soupire d'exaspération lorsqu'une douleur dans mon poignet se réveille. Je lève les yeux en faisant toujours tourner mon poignet sur lui-même, et j'observe les autres étudiants encore présents dans l'amphithéâtre. Nous ne sommes plus qu'une vingtaine. Il faut dire que l'examen a commencé il y a plus de trois heures, qu'il en dure quatre, et que beaucoup sont sortis pendant la première heure. Dont Eden, par exemple. Je me demande comment ils font, tous ces gens. Soit ils n'ont pas du tout appris leurs cours et soit ils sont vraiment très doués.

On m'a souvent dit que c'était surtout le contenu qui était important, et pas la longueur, mais j'avoue, je suis du genre à écrire de longs pavés... C'est plus fort que moi, j'ai peur de ne pas en dire assez. Et jusque là, ça m'a plutôt bien réussi, parce que j'ai toujours eu de très bonnes notes.

Je tords un peu mon poignet vers l'intérieur pour essayer de détendre mes muscles endoloris, et une silhouette qui se lève attire mon regard. Lys va déposer sa feuille sur le bureau tout en bas de l'amphithéâtre, avant de remonter toutes les marches pour sortir. Elle passe à côté de moi et me fait un petit sourire. Je voulais absolument finir avant elle pour l'attendre et qu'on puisse un peu discuter, mais on dirait que c'est mort. On ne va pas se voir pendant toute la durée des vacances, parce qu'elle doit prendre son train pour aller chez ses parents ce soir. Elle ne m'en a parlé seulement hier, comme si ce n'était pas prévu de longues dates qu'elles rentre chez elle passer les fêtes de fin d'année. Je crois qu'elle a surtout besoin de mettre de la distance entre la capitale et elle.

Je souffle de nouveau en revenant à ma copie. Il faut que je me concentre encore quelques minutes, enfin, de très longues minutes. C'est ma dernière question du dernier examen de ma semaine de partiels. Je suis ensuite officiellement en vacances, et je vais voir Jonas ce soir. Ce qui me permettra de creuser un peu toute cette histoire avec Lys. J'espère qu'il va m'en parler de lui-même, parce que j'ai promis à Lys de ne pas en parler avec lui.

Concentre-toi, Solly. Encore quelques lignes, et c'est fini. Mon poignet est en feu, et je rêve de pouvoir mettre de la glace dessus, mais je dois continuer. Les lignes deviennent presque invisibles sur ma feuille alors que je puise dans mes dernières forces pour terminer ce devoir.

Lorsque j'y mets le point final, je lâche mon stylo, presque avec dégoût, mais j'ai un grand sourire aux lèvres. C'est enfin fini. Mon cerveau va exploser, et je n'ai qu'une envie, prendre l'air. Je relis rapidement mes deux copies doubles, et le professeur qui était en train de nous surveiller nous informe qu'il ne reste plus que quelques minutes. Alors je transgresse mes habitudes en ne relisant pas mon devoir encore une fois, et je me contente de rassembler mes affaires, de tout fourrer dans mon sac, d'attraper ma veste et d'aller déposer ma copie. Je monte presque les marches quatre à quatre pour sortir de l'amphithéâtre, et me dit qu'une petite soirée avec Jonas est vraiment la meilleure façon de terminer cette semaine d'examens.

Je pousse les portes battantes, pose mon sac au sol et entreprend d'enfiler ma veste. Instinctivement, je regarde autour de moi, dans le hall devant l'amphithéâtre. Il n'y a pas grand monde. Quelques bancs sont disposés à certains endroits, mais à part deux distributeurs contre le mur, on ne peut pas dire que ce hall respire la convivialité. Je me décale tout en ajustant le col de ma veste, et je vois une silhouette contre le mur, juste à gauche, à côté des portes battantes de l'amphithéâtre.

Pour que tu m'aimes encoreWhere stories live. Discover now