36. injustice

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Les limbes du sommeil me quittent peu à peu et la douleur persistante d'un mal de crâne s'éveille. Les yeux toujours clos, je passe une main sur mon visage, espérant estomper les méfaits de cette migraine. Au bout de quelques secondes, je grimace et tends la main, tâtonnant au hasard sur la commode, puis sur le sol à côté du lit, pour finalement trouver une bouteille d'eau. Mais elle est vide. J'entends un ricanement à côté de moi, et je laisse lourdement retomber ma tête contre le matelas.

- J'ai encore l'impression d'être bourré, pouffe Eden à côté de moi.

Il pose son menton sur mon épaule nue et je souris contre les draps. Je laisse échapper un petit gémissement d'entre mes lèvres, à la fois pour répondre à ses baisers sur ma peau et pour signifier que moi aussi, je suis conscient de l'alcool que j'ai encore dans les veines et qui me fait tourner la tête.

Je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle nous sommes rentrés hier soir, et encore moins de l'heure qu'il est maintenant. Je me souviens parfaitement cependant lui avoir enlevé ses vêtements uns à uns, de ses mains contre mon corps, de ses lèvres, de nos peaux contre peaux.

Et je ne regrette rien, même si j'ai la tête grosse comme une pastèque, et qu'il ne fait aucun doute que je suis actuellement en train de sécher les cours pour la première fois de ma vie.

- Je vais nous chercher des dolipranes et de l'eau, chuchote Eden à mon oreille.

Il se lève et enjambe mon corps agilement. Je perçois sa silhouette entre mes cils tanguer légèrement jusque la porte pour sortir dans le couloir, après avoir réussi à enfiler un short je ne sais par quel miracle. Je frotte mes yeux et souffle lourdement avant de tâtonner à nouveau sur le sol jusqu'à trouver mon téléphone. Sans surprise, j'y trouve plusieurs messages de Shelly, aucun de Jonas, et un de Lys, qui me demande si je suis toujours vivant. Il n'est pas encore midi, mais c'est donc officiel, j'ai séché les trois heures de cours que j'avais ce matin. Je lui réponds brièvement que je serai là pour les cours de l'après-midi, sans m'étendre sur quoi que ce soit d'autre.

- Salut, champion ! chantonne une voix enjouée mais hésitante.

Je tourne la tête pour voir Anton sur le pas de la porte, la main levée vers moi. Je suis trop encore imbibé d'alcool pour rougir, mais je ramène néanmoins le drap comme il faut jusqu'à mon menton, ne voulant pas qu'il aperçoive quelque chose qui ne le regarde pas.

On ne s'est pas vraiment reparlé depuis cette fois dans la salle de bain et je repense à ce qu'Eden m'a dit sur son meilleur ami.

Je lui souris, et il semble se détendre automatiquement.

- Je savais pas que t'étais là, petit coquin, embraye-t-il en me faisant un clin d'œil.

- Surprise ! souris-je.

- Vous puez l'alcool, me fait remarquer Anton.

Je hoche plusieurs fois la tête, moi-même j'arrive à percevoir l'odeur légère mais bien présente de l'alcool, alors que je nage dedans depuis plusieurs heures.

- Et toi, comment c'était ta soirée ?

Un immense sourire illumine le visage d'Anton, et il ouvre plusieurs fois la bouche avant de prononcer réellement quelque chose.

- Y'a pas de mot pour dire à quel point c'était génial, je suis amoureux mec !

- Toi, amoureux ? s'étonne Eden en débarquant juste derrière lui.

Le visage d'Anton perd immédiatement son sourire et il blêmit légèrement.

Eden le bouscule pour pouvoir entrer dans la chambre, une plaquette de pilules entre les dents, et deux verres d'eau dans les mains. Il me tend l'un des verres, et je me redresse légèrement, m'appuyant contre la tête du lit. Eden s'assoit au bord du lit, contre mes jambes, et il détache un cachet de la plaquette qu'il pose dans ma main tendue.

Pour que tu m'aimes encoreWhere stories live. Discover now