Reality - Tome 2 - Abby aux Pays des Merveilles... ou pas (Terminé)

12 - Ain't No Sunshine When (S)he 's Gone... - Part 2

Quelques minutes plus tard, nous vîmes nos parents revenir. Ils avaient l'air solennel de ceux qui viennent de délibérer après un conseil parental. Je sentis mon estomac se nouer instantanément. La robe sombre à col blanc de ma mère était plus qu'appropriée pour le coup. Elle me faisait l'effet d'un juge allant rendre son verdict. Et vu son regard ainsi que celui des deux autres jurés, mon fin espoir s'évapora aussitôt. Je sentis la déception poindre alors que personne n'avait encore ouvert la bouche. Ma mère aurait pu dire «coupable» au lieu de «non», l'effet produit aurait été le même pour moi. Inconsciemment, je me tassai sur moi-même.

- Nous sommes désolés, mais nous pensons que ce n'est pas le bon moment. Annonça-t-elle avec douceur, mais sérieux. Ce n'est pas un manque de confiance envers vous tous, mais nous estimons que c'est trop tôt.

Christian et mon père acquiescèrent d'un même geste. Je me tassai un peu plus.

- Nous estimons qu'il est préférable de voir comment cette histoire évolue et dans quelle mesure vous arriverez à contrôler les choses vis à vis des médias, mais aussi des fans. Continua ma mère de son air toujours solennel. Nous aviserons par la suite.

- Oui. Reprit mon père. Tyler est mondialement connu. S'afficher à ses côtés n'est pas à prendre à la légère. Vous avez déjà franchi pas mal d'étapes sans nous en parler, vous mettant au premier plan. Mais le suivre dans sa tournée officialiserait les choses et ça compliquerait bien trop votre vie...

Christian prit la parole à son tour en me jetant un regard lourd de sens. Je captai aussitôt que ce qu'il avait à dire s'adressait directement à moi, même s'il resterait dans le vague.

- Qu'on s'entende bien. Nous ne sommes pas contre le fait que vous fréquentiez Tyler et ses amis. Expliqua-t-il avec bienveillance, en portant son attention vers eux. Vous avez l'air de types bien et on voit bien que vous ne voulez que le bien des filles. Mais le show-biz, les médias, les paparazzis, les fans, tout ça peut être nocifs pour les filles. Milly et toi avaient déjà pas mal de photos de vous parues dans la presse, ce qui va forcément avoir des conséquences sur sa vie. J'aimerai, dans la mesure du possible, limiter leurs effets.

Eux aussi avaient bien préparé leur argumentaire.

Je sais de qui tenir !

Dans le fond, je savais qu'ils avaient raison. Du moins, je comprenais leurs raisons. Ils voulaient attendre que les choses se tassent un peu avec la presse avant de nous voir partir de l'autre côté de l'océan. Car là-bas, ils ne pourraient pas nous aider en cas de besoin. Mais honnêtement, sur le moment, j'étais incapable de réfléchir ainsi. Seul un profond sentiment d'injustice et de colère m'avait envahie. J'avais plutôt envie de hurler, de les supplier de changer d'avis, de fondre en larmes... mais à quoi bon ? A quoi bon tenter quoique ce soit alors que nos parents n'étaient pas du genre à revenir sur une décision prise, surtout après qu'ils aient donné une explication sensée et argumentée.

Non, nous avons perdu la partie.

Du coin de l'œil, je vis Tyler hocher la tête pour leur montrer qu'il comprenait très bien le message. Son regard était triste et résigné. Ils ne pouvaient pas faire d'esclandres, car il s'agissait de mes parents et qu'il savait pertinemment qu'à part aggraver les choses, il n'obtiendrait rien. Cependant, il vivait aussi mal la situation que moi, car il savait ce que ce « non » signifiait pour nous.

Nous n'allons pas nous voir pendant une très (trop?) longue période... ça va être difficile...

Par contre, Milly ne l'entendit pas de cette oreille. Elle se lança dans un débat, s'accrochant à son fol espoir de les voir fléchir. Connaissant d'avance l'issue de cette tentative foireuse, et ne voulant pas assister à une énième foire d'empoigne inutile, j'invitai Tyler et les autres à me suivre dans la cuisine. Tandis que ma sœur tenait tête à son père, je fis signe au mien que l'on s'éclipsait dans le garage, le temps que la pression ne retombe. Il me sourit et traversa la pièce pour me rejoindre. Après tout, il n'était pas concerné par la dispute qui avait maintenant carrément éclaté dans le salon. Milly hurlait, tapait du pied et Christian était tout rouge. J'en avais assez vu et entendu. Puisque j'avais fait le choix de rendre les armes, aussi difficile et douloureux que ce fussent pour mon amour-propre, je n'avais pas envie de subir leur joute verbale.