Chapitre 2

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Zac.

            Aujourd'hui est un jour comme les autres, triste et gris. Je m'appelle Zac Efron et j'ai 19 ans. Je hère dans la rue, il est environ minuit, la nuit est tombée depuis un moment mais je ne suis pas décidé à rentrer tout de suite. Je me sens vide, animé par aucune émotion, rien. J'observe mes bras ballants, eux aussi n'ont pas l'air de trop savoir ce qu'ils doivent faire. Je décide de m'asseoir sur le rebord d'un trottoir, être debout me rappelle encore plus que je n'ai rien à faire. Seul sur ce bout de trottoir, je me laisse aller à mes réflexions.

          La seule chose dont je suis sûr dans ce monde qui semble bien trop complexe et bien trop vaste pour moi, c'est que s'il y a bien quelqu'un qui compte pour moi, c'est ma mère. Mon géniteur, lui, est parti quand il a appris que ma mère était enceinte. Je n'étais pas voulu du tout mais ma mère ne pouvant plus avorter, n'avait pas d'autre choix que de me garder. Ma mère, elle, s'est battue pour que je vive toujours de la meilleure façon qu'il soit, elle m'a aimé et m'aime de tout son cœur et chaque jour de sa vie elle regrette d'avoir pu penser une seule seconde à m'avorter. 

         C'est fou comme la plus part des hommes sont incapables d'assumer un enfant de nos jours. Je connais pas mal de personnes autour de moi qui n'ont pas de paternel non plus. Remarque, je ne sais pas comment j'agirais moi-même si demain j'apprenais que j'allais devenir père, un enfant c'est pour la vie et je suis trop jeune, pas assez responsable, trop égoïste et pas assez aimant. Et pourtant, dieu sait que ça pourrait arriver avec le nombre de fille que je me fais. On n'est jamais à l'abri d'un accident, une capote qui craque, une pilule oubliée, un oubli de protection ou encore une pilule qui ne marche pas. 

        Pour contextualiser, je suis beau, vraiment populaire, un brin vantard et faussement heureux de ma situation. Les filles sont prêtes à tout pour coucher avec moi, par moi j'entends le mec le plus beau gosse de sa génération. Après tout je ne vais pas refuser ce qu'elle demande, je ne suis pas cruel à ce point quand même ! Le sexe c'est mon quotidien, c'est un moyen de me défouler mais aussi de satisfaire mon immense (ou artificiel) égo. J'ai très peu de respect pour les filles avec lesquelles je couche, je n'éprouve pas d'amour, pas même de la sympathie à leur égard. Au moins, je ne leur fais pas de faux espoirs, elles savent pertinemment que jamais elles n'auront plus que du sexe. Même uniquement du sexe avec moi c'est une immense chance. 

       Je ne sais pas pourquoi mais je suis incapable de me poser avec une fille et pour être honnête je ne crois pas en avoir vraiment envie. À vrai dire, c'est peut-être parce que je n'ai jamais trouvé de fille que j'estime vraiment digne d'intérêt. Quand on y réfléchi, je pense qu'aucune n'est là pour ma personnalité, pour ce que je suis vraiment, mais plutôt pour ma popularité, pour mon physique, et sûrement pour leur plaisir également.  De toute façon, je ne suis pas un sentimental ou même un gentleman. Par exemple, je n'ai jamais ramené de fille chez moi, je ne tiens pas à infliger mes pulsions sexuelles à ma mère. Si une fille me désire c'est chez elle, dans un lieu à l'abri des regards ou bien dans ma voiture. Il est hors de question qu'elle rentre dans mon intimité, qu'elle voit ma chambre, ma mère, ma maison, enfin tout ce qui fait ce que je suis, tout ça n'appartient qu'à moi. 

       Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ma mère est plutôt aisée. Comme elle m'a eu tôt, elle n'a pas eu le temps de finir ses études et elle a donc accumulé plusieurs petits boulots le temps que je devienne un peu plus autonome. En tant que serveuse, elle a rencontré un agent immobilier et s'est mariée avec, depuis ce jour-là m'élever n'a plus été un problème. Elle a quitté son travail de serveuse pour se consacrer à une reconversion afin de s'assurer un avenir si son mariage ne marchait pas. Elle exerce désormais le métier d'assistante sociale ce qui lui plait beaucoup car elle connait ce milieu. 

       Pourtant, je suis la preuve vivante que l'argent ne fait pas le bonheur, et la popularité encore moins. Je ne suis pas stupide, je sais que les gens avec qui je traîne me lâcheront si jamais je ne rentre plus dans leur critère de popularité. En vérité, je suis bien plus seul que les gens qui ont la moitié de mon nombre d'abonnés sur insta. Je n'ai personne qui me connait vraiment, quelqu'un à qui parler de mes angoisses, de ce que j'aime, de pourquoi je suis triste. 

      Quand j'étais petit, je pleurais souvent car tous les autres enfants avaient un papa et que j'étais le seul à n'avoir qu'une maman. Maintenant quand j'y réfléchis, je me dis que si il avait été là, il n'aurait servi à rien. J'avoue qu'avant l'arrivée de mon beau-père, je commençais à mal tourner. Je fuguais, je me battais et j'ai fait quelques passages par la case garde à vue parce que je faisais n'importe quoi dans mon quartier. Certes ce n'était pas une bonne période mais c'est aussi grâce à ça que j'ai atteint ce stade de popularité au lycée et même dans la ville. Au lycée, tout le monde me craint, je suis Zac Efron, redoublant, 17 de moyenne, basketteur et super bon coup au lit. J'ai bien dit "tout le monde me craint" ? Cette pensée m'arrache un ricanement amer. C'est faux, il y a bien une personne qui n'est pas impressionnée par moi, Summer Jones. Cette fille est une vraie peste, je ne sais même plus depuis combien de temps je la connais mais elle se croit tout permis. J'avoue que je ne suis pas tendre avec elle mais dans tout les cas, je ne le suis avec personne. Mais elle, elle le mérite plus que les autres ! Elle se prend pour je ne sais pas qui à me remettre en place, me parler comme à un chien et me considérer comme son égal car que ce soit clair dans ce lycée c'est moi le roi, pas elle. L'année dernière, elle a même osé me frapper, elle a de la chance que je ne frappe pas les femmes, ça aurait été un mec, je pense qu'il aurait fini à l'hôpital, quand je suis en colère, j'ai vraiment du mal à me contrôler. Au début, on ne se détestait pas, on aurait peut-être même pu bien s'entendre, même si j'en doute, mais un prof a eu le malheur de vouloir me mettre à côté d'elle. Au collège, j'étais déjà imbu de ma personne et j'aimais bien attirer l'attention sur moi. J'ai fait une remarque désobligeante envers Summer qui s'est immédiatement vexée, suite à ça elle m'a humilié devant toute la classe en me lançant une réplique glaçante sur ma braguette ouverte. J'aime être au centre de l'attention mais uniquement lorsque ça va dans mon sens. Depuis, nous nous détestons à un point que je n'aurais même pas cru atteindre. Tout m'agace chez elle, son comportement de princesse, ses manies de fille coincée, comme je déteste lorsqu'elle pince les lèvres d'une moue réprobatrice et le pire c'est ses yeux bleus... Oui, ses yeux ! Ils m'énervent parce qu'ils me perturbent, ils me perturbent car je me perds souvent dedans, j'ai la sensation qu'ils renferment un océan de secret et lorsqu'ils me regardent, enflammés par la haine, je les contemple fasciné par leur couleur glaçante. En plus de ça, j'ai un certain faible pour les yeux bleus et ça m'énerve de penser qu'elle a des jolis yeux car tout chez elle devrait me dégoûter, et tout me dégoûte, tout sauf ça. Mais arrêtons de parler d'elle, je commence à avoir la nausée (oui, j'avoue, j'exagère).

      Hier à table, ma mère m'a annoncé que j'allais enfin avoir mon propre appartement. Une nouvelle qui pour la première fois depuis longtemps m'a fait me sentir heureux mais je suis vite redescendu sur terre car je vais devoir prendre un colocataire pour « apprendre à vivre en communauté », ce sont les mots de ma mère. Je déteste vivre en communauté, elle devrait l'avoir compris depuis le temps. Je me plains de ma vie mais j'ai conscience que certaines personnes vivent pire que moi. Je sais que je me comporte souvent comme un égoïste mais l'absence de mon père me fait me méfier des autres à un point que je préfère ne même pas les prendre en compte par peur d'être déçu. Je me fiche d'avoir un père. J'espère juste que mon ou ma colocataire ne sera pas trop insupportable. Il ne manquerait plus que ce soit Summer Jones. Non impossible ! Je suis sûre que cette fille est encore plus riche que moi. Quoi que... Elle est bizarre de toute façon. Je pense qu'elle est alcoolique et qu'elle fume car elle sent toujours ces odeurs putrides. C'est sûrement pour ça qu'à part Ashley, sa meilleure amie, personne ne veut l'approcher et aussi parce qu'ils croient qu'elle a vendu son corps pour 10$ en 4e. Mais je ne sais pas pourquoi ça m'étonnerait qu'elle s'adonne à toute sorte de drogue car elle ne se comporte pas comme une camée et je ne l'ai jamais vu fumer. Peut-être que c'est quelqu'un de son entourage. Au pire je m'en fous.

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