Chapitre 3

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Summer.

       Il est 6h du matin quand j'entends mon réveil sonner me tirant du peu de sommeil que j'avais réussi à obtenir. L'idée de retourner au lycée ne m'enchante pas mais c'est toujours mieux qu'ici. Je m'habille en prenant soin de camoufler le plus de partie de mon corps pour cacher les marques de coup que mon père m'a administré la veille. J'ai un bleu sur chacun de mes bras tellement il m'a maintenu fort les avant-bras afin que je ne me débatte pas. J'en ai un sur la mâchoire et sur la cuisse également. Une journée basique dans la vie de Summer Jones. J'observe mon visage et le reflet dans la glace me dégoute, de grosses cernes ternissement mon visage pâle et mes yeux sont rougis par les pleurs et le manque de sommeil. On pourrait presque croire que je suis malade. Du bruit dans le salon me tire de la triste contemplation de mon visage. C'est étrange que mon père soit levé si tôt, d'habitude il se lève plutôt vers midi puisque de toute façon il n'a rien à faire de ses journées. Je décide d'aller voir ce qui lui arrive en m'attendant à le voir affalé dans le canapé avec une bière devant des chaînes de télévision stupides qui semblent être faites pour les gens dans son genre. Mais, à ma plus grande surprise, il est assis à la table de la cuisine avec une belle femme habillée d'une chemise, d'un tailleur et d'une jupe fendue. Le regard de mon père me fait l'effet d'une rafale de balle qui me transperce le corps, il est en colère.


          -    Bonjour Summer, je suis assistante sociale.

          -   Hum... Bonjour. Puis-je savoir pourquoi vous êtes là ?

          -   Votre père n'étant pas dans la capacité d'assurer votre confort financièrement et semble-        t-il qu'il n'offre pas non plus un environnement de vie sain, m'explique-t-elle en lançant un    regard circulaire répugné face à l'appartement que mon père avait saccagé la veille. Nous avons donc eu recours à la justice pour déterminer si oui ou non vous étiez autorisée à rester au sein de votre foyer. Le juge chargé des affaires familiales, ainsi que moi-même, avons décidé de vous proposer deux solutions.

       Elle me fixe à travers ses lunettes en écaille de tortue, le visage impassible. Ses cheveux tirés en arrière et enroulés en chignon lui donnent un air encore plus sérieux et froid. Son comportement m'indique clairement qu'aucune négociation n'est possible et mon destin est désormais entre ses mains.

        -   Soit nous vous plaçons en famille d'accueil jusqu'à vos dix-huit ans sachant qu'il vous reste encore huit mois avant votre majorité mais dans ce cas vous serez déplacée dans une autre ville, ou bien le juge vous accorde le droit de vivre en colocation afin que vous puissiez prendre de l'autonomie et donc vivre seule après votre majorité. Si vous choisissez la seconde option alors vous pouvez être assurée de rester vivre ici.

       -   Mais je ne veux pas moi ! Je dois rester auprès de mon père ! m'écriai-je paniquée

       -   Il ne me semble pas avoir évoqué cette possibilité. Juridiquement il vous est interdit de rester ici, me coupe-t-elle sèchement.

     Tout tourne à toute vitesse dans ma tête, je suis incapable de réfléchir. Si je quitte cette ville, je m'éloigne d'Ashley et de tout mes repères, de la tombe de ma mère et de tout ce que je connais. Mais une collocation, je ne sais pas, il faut avoir une certaine affinité avec la personne avec laquelle on vit. Mais je ne peux pas partir loin, que va devenir mon père ? Non, il faut que je reste.

      -    Si je reste j'aurais le droit de choisir qui sera mon colocataire ?

      -    Non, bien sûr que non. Vous serez placée chez quelqu'un de confiance. Vous vous doutez évidemment que nous n'allons pas vous laisser emménager avec quelqu'un d'inconnu de nos services.

LOVE OR HATE ?Where stories live. Discover now