Chapitre 12 : Owa Ina

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Je me retourne vers Isis :

- Tu as déjà entendu parler d'Owo Ina ?

- Owo Ina... La pierre qui sait tout ?

- Exactement. Il suffit de la briser pour n'importe quelle réponse. Mais une seule. Et on raconte qu'elle est gardée au château, dans la bibliothèque.

- Tu l'as déjà vue ?

- Non, on ne montre pas une source de savoir surpuissante à une gamine.

- Tu sais que c'est peut-être faux. Peut-être qu'elle n'existe pas.

- Sûrement. Mais c'est notre seule chance. J'irai au château. Et je trouverai cette pierre.

- Jade, c'est de la folie ! Ta tête est mise à prix !

- Pourtant nous n'avons pas le choix ! Et si je dois mourir pour avoir une minuscule chance de sauver Valandia alors je le ferai.

- Si tu veux risquer ta vie, sois au moins sûre de la risquer pour quelque chose qui existe !

- Le seule moyen de vérifier qu'elle existe est de la trouver.

- Bien. Dans ce cas, je... je viendrai.

- Non Isis. J'irai seule. Tu as une famille, des gens qui tiennent à toi, qui seront dévastés si tu meurs là-bas. Moi je n'ai plus personne. Plus rien.

- Jade, je...

- Ecoute, je vous suis vraiment reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour moi. Mais jamais je ne te laisserai risquer ta vie pour une pierre qui n'existe peut-être même pas.

- Alors pourquoi devrais-je accepter que tu risques la tienne ?

Je me relève et vais vers la sortie. Juste avant de passer le seuil, je réponds à sa question :

- Parce que tu ne pourras pas m'en empêcher.

Alors elle aussi répond :

- Qu'importe quand tu pars. Je viendrai...

Sa réponse sonne comme une promesse. Une promesse qu'elle ne pourra pas tenir.

Cela fait près d'un mois que je m'entraîne. Nous n'avons pas beaucoup de temps, je sais qu'il me faut plus de force et d'agilité pour trouver la pierre. Mais je suis prête.
Un mois depuis ma discussion avec Isis. Elle m'a juré qu'elle sera là quand je partirai, et qu'elle m'accompagnera. J'ai accepté. Mais j'ai menti.

Je partirai cette nuit, quand tout le monde dormira, telle une ombre. Une ombre qui ne reviendra peut-être jamais. Je me glisse dehors, éclairée par le croissant de lune. Les abris semblent luirent sous l'astre. Je pénètre dans celui des armes, dissimulé dans un arbre. Je me retrouve au milieu d'arcs et d'épées. Je m'empare d'une longue et fine épée, et d'un poignard que je glisse à la ceinture.

Puis je sors.

Je laisse le vent caresser mon visage, pensant longuement à ma décision. Je ne changerai pas d'avis. C'est le seul moyen de sauver Valandia. Même si je dois y laisser la vie, j'irai. Même si je n'ai qu'une toute petite chance de survivre, il faut que je le fasse, pour sauver mon peuple de la malédiction. Même si Isis m'en voudra toujours. De toute manière, je serai sûrement morte.
C'est autorisé, d'en vouloir aux morts ?

Cette nuit, c'est Lory qui doit assurer la garde, mais je ne la vois nulle part. Elle doit chasser dans les environs, les temps sont plutôt calmes. Tant mieux.

Je me mets en route sans jeter de dernier regard vers le camp. Je m'oriente en direction des lumières du château. La forêt épaisse étouffe presque tous les bruits, et le tapis d'herbe haute camoufle le son de mes pas.

Valandia. T1_MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant