Chapitre 32 : L'Ombre Partie 1

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Nous ressortons quelques minutes plus tard de sous les carapaces sans une égratignure. Nous avons eu de la chance d'avoir pu nous cacher. Mais comment faire lorsque nous serons à la merci de nos poursuivants ? Quand nous serons exposés à eux, sans cachette et sans refuge ? Je n'ai aucune envie de le savoir.

Notre courte nuit nous aura tout de même aidés à reprendre quelques forces. Nous chargeant de nos sacs, nous repartons dans l'étendue rocailleuse. Le soleil a beau nous aveugler, il ne parvient pas à réchauffer l'atmosphère. Quelques instants après notre départ, je pose la question qui me brûle les lèvres depuis que nous avons entendu la discussion des soldats :

- Est-ce que quelqu'un sait qui est cette ... Ombre dont les soldats ont parlé ?

J'ai beau être la princesse, mes parents avaient décidé de ne pas me mêler aux affaires militaires tant que je n'aurais pas passé l'épreuve du Trône. Ils préféraient me garder inconsciente des famines et des guerres, quelle sympathie. Lory, le visage fermé à toute émotion, me répond d'un ton morne :

- L'Ombre était une femme, soldat pour le royaume, il y a une vingtaine d'années. Elle tenait son surnom de ses actes. Ses adversaires tout comme ses alliés disait qu'on ne voyait qu'une ombre avant qu'elle vous frappe et fasse couler votre sang. Mais elle était Méridianne, et un soldat a découvert son secret. Il l'a immédiatement dénoncée, et elle a dû s'enfuir pour ne pas être tuée. Finalement, elle est devenue une meurtrière. Elle a massacré plus de deux cents soldats avant de disparaître. Personne ne sait ce qu'elle est devenue, et personne ne l'a jamais revue.

Elle termine précipitamment, le visage crispé.

Durant toute la journée, nous traversons une grande partie de l'étendue plate, marchant jusqu'à l'épuisement. L'eau commence à nous manquer. A l'arrivée de la nuit, nous nous arrêtons aux abords d'une faille qui sillonne le sol. Autrement dit, l'endroit parfait pour être dissimulés aux yeux de nos poursuivants.

Un à un, faisant attention à ne pas nous empaler sur les piques acérées qui sortent de la terre, nous nous glissons dans cet abri improvisé. Blottie contre la pierre froide, observant le ciel orange entre les roches tranchantes, je guette tout bruit pouvant indiquer l'approche des hommes en uniforme noir. Quelques secondes à peine après qu'Isis se soit elle aussi glissée dans la faille, le vacarme identifiable des troupes du royaume. Elles semblent encore plus nombreuses que la nuit dernière.

Je m'enfonce sur moi-même, de manière à me faire encore plus petite, avant de me rendre compte que cela ne sert strictement à rien. Je jette un regard aux Méridians. Crispés sur leurs lames, ils attendent la venue de l'armée.

Nous nous enduisons du filtre puant et patientons jusqu'à ce que le danger soit loin. D'après ce que j'aperçois, l'armée est en ce moment même en train de survoler notre planque. Soudain, un sifflement se fait entendre. Je sens une arme se figer dans la pierre à quelques centimètres de moi. La lame a traversé tout le ciel pour venir se planter juste à l'endroit de notre cachette, sous la terre. Soit ils nous ont trouvés, soit un soldat maladroit a lâché son épée. Comme aucune autre arme ne plonge sur nous, je penche pour la seconde option. Il faut juste espérer que l'homme ou la femme qui l'a perdue ne soit pas assez obstiné... et stupide pour revenir chercher l'épée. Malheureusement, j'entends un juron plus fort que le brouhaha constant, puis un homme s'exclame d'une voix bourrue :

- Cet abruti de Maoka m'a fait perdre mon épée ! Continuez, je vais la chercher.

Cette voix ... C'est le soldat dont nous avions surpris la conversation hier soir ! Il faudrait juste que le reste de sa troupe se soit assez éloigné pour que ses compagnons ne puissent pas l'entendre lorsqu'il nous découvrira, ce qui ne devrait pas être un problème vu la vitesse incroyable à laquelle ils progressent. Je vois le vieux soldat fondre vers nous, au dos d'un oiseau aux griffes acérées. Il se pose lourdement à quelques mètres de nous, et son cavalier grommelle :
- Une seule faille sur toute la montagne, et il fallait que cette fichue arme tombe à l'intérieur !

Isis chuchote :

- Je suis bien d'accord avec lui...

Il s'approche de nous à grand pas. Les autres soldats se sont déjà trop éloignés pour pouvoir nous apercevoir ou nous entendre. Il est à notre merci.

Soudain, avant que j'ai pu décider ce que j'allais faire, Lory surgit hors de la faille à l'instant où le soldat se penche pour trouver sa lame. Un coup de pied le fait tomber au sol, et la Méridianne de la guérison lui pointe un poignard sur la gorge. Mais, au lieu d'être paniqué ou terrorisé, à l'instant même ou Elia, Isis, Oren et moi rejoignons notre cheffe, le vieil homme en uniforme étire ses lèvres en un sourire glacé :

- Ravi de te revoir, l'Ombre.

*Désolée ce chapitre est tout petit --' mais pour me faire pardonner j'en publie un autre demain, promis ;) *

Valandia. T1_MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant