Chapitre 33. L'Ombre, la meurtrière

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Pendant plus de deux mois, mes journées étaient rythmées par mes entraînements, et mes pleurs. J'ai appris que toute personne parlant des évènements auxquels j'avais participés serait soumis à la peine de mort. Et tout le monde pensait que j'étais moi-même morte. Malheureusement pour eux, j'étais plus vivante que jamais, animée par la plus grande des forces. La rage. J'allais tous les tuer. Tous les soldats. L'un après l'autre.

J'ai commencé par celui qui devait diriger l'exécution. Je l'ai retrouvé. Je l'ai suivi. Je l'ai assassiné.

Rien n'a été compliqué. Je suis entrée chez lui, abîmant quelque peu la porte. Lorsqu'il m'a aperçu, son visage s'est décomposé, de la même manière que s'il avait vu un fantôme. Car c'est ce que j'étais pour lui. Un fantôme qui revenait de son passé pour se venger.

Je ne lui ai pas donné le temps se défendre. Il méritait de mourir comme ce qu'il avait toujours été. Un monstre et un lâche. Et je suis partie, laissant derrière moi un cadavre pâle.

Je ne me suis pas souciée de savoir si une femme ou des enfants attendaient son retour. J'avais eu ce que je voulais.

Le prochain sur ma liste était son second. Il a été un peu plus long à tuer, car il avait son épée à portée de main pour se défendre. Ce qui n'a en rien changé son sort.

Maintenant, je devais retrouver l'homme que j'avais promis de tuer il y a si longtemps. Le général blond, à la cicatrice. Il n'a pas été plus long à trouver que les autres. Je ne sais pas pourquoi j'avais mis tant de temps à l'isoler pour l'assassiner. J'étais sûrement freinée par mes obligations... ce mot me semblait déjà si loin, alors que "vengeance" venait juste d'apparaître sur mon sourire froid.

Il a eu une mort atroce, comme celle qu'il avait infligée à cette femme innocente qu'il avait tuée il y avait maintenant plus de cinq ans. Je l'ai arrêté, dans une rue déserte où il passait. Il m'a immédiatement reconnue. Mes crimes commençaient à faire parler de moi, mais ce n'était que le début.

Il m'a jugée d'un regard hautain. Pour lui, je ne valais pas mieux que tous ces pauvres gens qu'il avait assassinés sans raison. Puis il avait sorti son arme. Une longue et fine épée, couverte à certains endroits de sang séché. Il l'avait brandi devant lui, sûr et fier. Je me suis battue de toutes mes forces. Je savais que c'était lui ou moi.

Il a été de loin le plus coriace de mes adversaires. Mais il a commis l'erreur de se battre contre quelqu'un qui voulait sa mort plus que tout. Je l'ai fait tomber au sol. Puis, lentement, j'ai enfoncé ma lame dans son torse. Je voulais le voir souffrir, je voulais que ses traits soient déformés par la douleur. Je voulais une justice, pour tous ces gens tués de sa main. Puis, j'ai retiré mon arme de son corps. Et je suis partie.

Je ne me suis pas retournée pour apercevoir l'homme agonisant derrière moi, dans une mare de son propre sang, lâchant des râles pour qu'on vienne à son secours. Il méritait tout ça. Puis, j'ai suivi mon objectif. J'ai continué à faire périr ceux qui ont détruit tant de vies.

Je m'étais juré que chacun d'entre eux mourrait de ma lame.

Les plus hauts placés craignaient pour leurs vies, ne se déplaçant plus jamais sans protecteurs armés. Malgré tous leurs efforts pour se préserver, je finissais toujours par les retrouver. Et les tuer.

J'étais devenue la plus grande des menaces, l'ombre qui plane sur vous, et qui frappe sans un mot. Mon nom, l'Ombre, prenait désormais tout son sens aux yeux du monde. En quelques mois, j'avais fait autant de morts qu'une guerre. Mais j'ai retrouvé quelqu'un. Quelqu'un que je ne pensais plus jamais voir. Quelqu'un que je ne voulais plus jamais voir. Mon père.

Valandia. T1_MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant