Chapitre 20 : L'affrontement. Partie 2.

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Mes craintes se confirment quand Elia se jette sur un soldat et l'assomme avec le pommeau de son épée. Mais les trois autres se jettent sur elle, et avant que nous n'ayons le temps de faire un geste, il y a déjà un autre officier à terre, assommé de la même manière que son compagnon. Mais dans le dos d'Elia, un autre est en train de lever son épée. J'ouvre à peine la bouche pour lui crier de se retourner, que l'homme en uniforme abat son arme sur Elia. Elle se décale au dernier moment, mais pas assez pour éviter complètement le coup. Elle lâche un hurlement et s'écroule.

- Non !

Isis hurle. Aussitôt, comme s'ils avaient sentis qu'on avait besoin d'eux, trois énormes ours surgissent près de nous à une vitesse incroyable. Ils retroussent leurs babines et montrent des crocs, terrifiant les deux soldats encore debout. Ils reculent et l'un d'eux trébuche sur une souche avant de s'étaler par terre. Il rampe pour s'éloigner mais l'ours se rapproche toujours plus vite. Cependant, il n'attaque pas l'homme. Il se contente de l'empêcher de s'enfuir.

Les deux autres impressionnants animaux font de même avec le dernier soldat, lui arrachant son épée d'un coup de patte. Mais un gémissement me fait décrocher le regard de cet étrange spectacle. Elia git toujours dans l'herbe. Je m'approche, tremblante. Elle est pâle et son sang coule toujours. Lory s'agenouille auprès d'elle :

- Ne ... ne t'inquiète pas, je vais m'occuper de ta blessure.

- Non ! Je préfèrerais mourir plutôt que cette intruse connaisse notre secret !

Elle ne l'a pas dit fort, mais qu'importe, je sais ce qu'elle pense de moi : je ne suis pas digne de savoir qu'ils sont des Méridians. Ce que m'a dit Oren résonne encore : « Lory est Méridianne de la guérison. » Lory pose sa main sur la plaie, mais Elia lui prend vivement le bras :
- Non !

- Je ne te laisserai pas le choix !

Elle dégage le bras de la jeune fille d'un geste impatient, et place ses deux mains sur la coupure. Alors elle ferme les yeux, et, petit à petit, tout le sang sur le sol semble aspiré par le corps d'Elia, qui se débat toujours, puis abandonne quand elle voit que c'est trop tard. Quand il ne reste plus une seule goutte de sang entre les brins d'herbe, la plaie se referme lentement, et la peau recouvre la plaie. Il ne reste plus aucune trace du coup porté par le soldat. Elia se tourne alors vers moi :

- Tu as vu quelque chose que tu n'auras jamais dû voir. Et ...

Lory la coupe :

- Es-tu prête à entendre quelque chose de complètement insensé ?

Je sais qu'elle va m'avouer qu'ils sont des Méridians. Elle n'a plus le choix après ce qu'elle vient de faire :

- Je suis prête à entendre tout ce que l'on me dira.

Elia grimace :

- C'est ce qu'il disait aussi.

- Il ?

- Personne.

Lory reprend :

- Et bien ... Nous ne sommes pas... humains.

- Méridians ?

- Méridians.

Je hoche la tête :

- Isis et Oren m'ont dit que tu avais des pouvoirs quand ils m'ont remis la fiole qui contenait l'antidote contre le poison.

Elle hausse un sourcil et je me rends compte de ce que je viens de dire. De ce que je viens de révéler. Je tente de me rattraper :

- Je m'étais fait... mordre par... un serpent.

Elle se tourne vers mes amis :

- Je vous avais ordonné de dire que c'était une potion ! Vous ne m'écoutez pas plus que lorsque que vous aviez dix ans...

Malgré son ton exaspéré, un léger sourire en coin s'étire sur son visage. Puis elle semble réaliser quelque chose et elle disparaît immédiatement :

- Pourquoi n'as-tu pas peur de nous ?

Son ton n'est pas étonné, plutôt méfiant, agressif.

- Ce que vous êtes ne change rien pour moi, vous m'avez sauvée et je vous serai toujours reconnaissante.
Elle sourit, sûrement contente de ma réaction. Je la remercie vivement, mais au fond... je me sens encore plus coupable. Je sais que je les mets en danger et pourtant je reste dans le groupe comme si de rien n'était. Parce que je sais leur secret, et qu'ils ne sont que deux à connaitre le mien.

Je sais que je devrais partir mais ce sont les seuls qui me considèrent comme leur égale, qui me parlent comme si j'avais grandi comme eux, qui sont chaleureux, naturels avec moi. Je n'avais jamais connu cela avant.

La seule personne à qui je pouvais tout dire était Alexandre, ce fiancé qui m'avait été imposé mais que j'avais fini par aimer. Trop fort pour le perdre. Trop fort pour tout ce qui m'arrive sans lui.

Je pense à lui à chaque instant, me demandant où il est, et si je le reverrai un jour. A part lui, tout le monde était distant avec moi, appliquant le protocole. Je n'y avais jamais vraiment fait attention, car c'est de cette manière que j'ai été élevée. On ne parle pas, sauf si on nous en donne l'autorisation.

Mais maintenant que j'ai découvert ce que cela faisait d'être traitée sans manière, sans révérences et privilèges, j'ai l'impression que je ne pourrai plus jamais vivre autrement. Mais Elia interrompt le flot de mes pensées :

- Désormais, nous n'avons plus le choix, nous allons devoir partir.

Je ne comprends pas ... Mais Isis répond :

- Je sais. Il faut passer au camp récupérer le peu de choses que nous possédons, puis il faudra laisser cet endroit derrière nous.

Isis rappelle les ours et Elia se penche sur les soldats, attrapant le plus grand par le col :
- Annoncez à tout le monde que les Méridians n'ont pas tous été exterminés, que nous nous battrons ! Ne dites rien de plus. Partez et ne recroisez plus jamais notre chemin !

Ils partent en titubant et trébuchant, gardant un œil sur nous. Un des ours a déjà accueilli Isis sur son dos mais Elia proteste :

- Hors de question de monter sur cet animal !

Protestation à laquelle l'ours répond par un grognement sourd.

- Elia ! Il faut faire vite !

- Non ! A pied, nous serons au camp avant même que les soldats aient atteint le village ! Pas besoin de monter sur ces bêtes !

L'ours montre ses crocs, mais un chuchotement d'Isis au creux de son oreille le fait rapidement se calmer.

- Reste là-dessus si tu veux. Je rentre à pieds.

- Bien. Nous serons plus lents mais on ne peut pas abandonner un membre du groupe. Allons-y.
Et nous nous mettons en route, Isis sur l'ours et le reste du groupe à pied. Ils savent exactement où aller pour retourner dans leur campement, alors que je ne saurais pas m'y retrouver entourée d'arbres et de buissons qui se ressemblent tous. Mais Lory prend la parole.

- Pourquoi êtes-vous partis cette nuit ? Sans nous prévenir de quoi que ce soit ?

*Depuis le début, y a-t-il un chapitre que vous avez préféré ?
J'espère que celui-ci vous aura plu ! ;) *

Valandia. T1_MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant