Chapitre 25 : Les fantôme d'Elia

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Sa fureur a laissé place à une lueur de désespoir. Et ma fureur s'est transformée en compassion. Je comprends pourquoi elle refusait de revenir ici. Elle continue :

- Je l'ai rencontré, d'une manière plutôt ... particulière...

Elle ne dit pas ces mots avec tendresse. Tour simplement parce qu'elle a mal, et que la tendresse ne guérit pas la douleur :

- Il avait été pris par un des pièges que j'avais tendu... il avait passé des heures à tenter de se dégager, jusqu'à que je vienne. Je me souviens parfaitement de son expression de soulagement lorsqu'il m'avait vu arriver. J'avais été plutôt surprise, je n'ai pas l'habitude de prendre ce genre de proie ; continue-t-elle, un sourire au coin des lèvres.

- Je l'ai fait sortir sans un mot. Il avait bien essayé de m'adresser la parole mais je n'ai jamais eu confiance en ceux qui sont ... normaux. Mais il n'avait pas connaissance de mes pouvoirs, et ne cessait de me poser des questions. Être la tête en bas, pendu à un arbre ne le dérangeait pas le moins du monde, tout ce qu'il voulait, c'était apprendre à me connaître.

Mais, tandis que je m'efforçais de répondre à son flot de questions, sans trop donner de détails, un orage a éclaté au-dessus de nous. Une tempête plutôt.

Autour de nous, des arbres tombaient. Les éclairs s'écrasaient sur les cimes, ne laissant que des souches brûlées. Les animaux tout autour de nous étaient affolés. Le tonnerre faisait trembler le sol. Et nous étions deux, au milieu de ce déluge.

Il refusait de m'abandonner, et je ne pouvais pas le laisser seul ici. La forêt est ma maison, mais lui n'en connaissait rien. Nous courrions, comme deux âmes perdues sur terre, les cheveux dégoulinants, collés à nos visages. A un moment, un arbre à failli s'écraser sur moi, alors il s'est jeté sur moi, et m'a écarté de justesse. Je haletais encore, mais je me suis relevée. Ce garçon que je ne connaissais pas m'avait sauvée.

Nous nous sommes remis à courir aussi vite. Cette fois, il m'avait pris la main, soucieux que je ne m'attire pas plus d'ennuis. Je n'avais pas le temps d'être gênée, ou même inquiète de son geste. Mon seul but était de nous garder en vie. Puis il est tombé.

Une branche venait de s'écraser devant lui, il avait eu un mouvement de recul et avait trébuché sur une racine. Il se relevait, quand j'ai entendu un craquement inquiétant au-dessus de nous. Un arbre vacillait. Je ne sais pas ce que j'ai fait. Je me suis juste jetée sur lui. Nous avons roulés, et l'instant d'après, un tronc s'écrasait à quelques centimètres de nous. Nous étions l'un face à l'autre, essoufflés, couchés sur le sol. Il a juste murmuré, avec un sourire en coin :

- Egalité.

Mais un coup de tonnerre nous a fait nous relever rapidement. Nous avons repris notre course. Nous ne nous quittions plus des yeux, de peur qu'un autre arbre nous joue encore un mauvais tour. Et nous avons découvert cet endroit.

Avant, l'entrée de cette grotte était immense, et certainement pas dissimulée. Nous avons pénétré à l'intérieur, à la fois soulagés d'être abrités, mais inquiets de s'être égarés en courant. On apercevait à peine ses yeux, derrière ses mèches de cheveux trempées, mais ils étaient rieurs, moqueurs. Il s'est juste approché de moi, avec un sourire malicieux. Il a enlevé la feuille collée sur mon visage, et... il a posé ses lèvres sur les miennes. C'était... étrange. Nouveau aussi. Puis il a reculé, comme craignant ma réaction. Et il avait raison, car j'hésitais actuellement entre le frapper ou lui rendre son baiser. Choix numéro un. Il a reculé sous le coup de l'impact.

Valandia. T1_MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant