Chapitre 13 : Le pouvoir

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Des soldats, partout ! Ils sortent des buissons, des arbres, par les fenêtres ! Ils nous encerclent !

- Oren !

Je serre le livre contre mon cœur. Je ne me rendrai pas sans combattre ! Je sors mon épée. Les soldats continuent d'avancer. Je baisse la tête et déplace mes cheveux devant mon visage. Si un soldat me reconnait, c'est terminé. Puis une corne retentit et les hommes se jettent sur nous.

Je cours à travers les uniformes, donnant des coups au hasard. Je me précipite vers la forêt, toujours suivie d'Oren. Si nous parvenons à l'atteindre, Oren pourra utiliser ses pouvoirs pour nous mettre en sécurité ! J'ai l'impression que mes poumons vont exploser ! Je sens les lames entailler ma chair de toute part, mais je ne m'arrête pas.

Je tiens toujours la main de celui qui n'aurait jamais dû venir ici. Puis un Maoka, la monture des soldats, se pose devant nous, bloquant le chemin. La créature semble nous contempler de ses yeux blancs, et hérisse ses plumes d'un bleu profond en poussant un cri horrible, à vous glacer le sang. Je frissonne. Oren s'inquiète :

- Qu'est-ce que c'est que cette chose ?

- C'est un Maoka, un oiseau des montagnes. Carnivore. Généralement, ils ne sont utilisés qu'en cas d'urgence, car ils sont un peu... incontrôlables.

Le soldat qui chevauchait l'énorme oiseau à quatre pattes descend de sa monture, s'accrochant à son bec muni de plusieurs rangés de dents aiguisées. Il brandit son épée dans ma direction. J'entends les pas des autres soldats se rapprocher dans mon dos, et les cris des autres Maokas qui s'approchent. Nous n'avons plus le choix. Je me jette sous l'oiseau, suivie d'Oren. Le volatile tente de nous piétiner, et réussit. Il m'écrase le bras et un craquement sourd retenti.

Je hurle et lâche le livre. Il enlève alors sa patte de mon membre et je me relève péniblement, tremblante. Je ramasse le bouquin de mon bras encore valide. L'orée de la forêt n'est plus très loin.
Je recommence ma course effrénée, tandis qu'Oren, qui n'avait pas été touché par l'oiseau, me suit.

- Mais où va-t-on ?

- Il faut atteindre la forêt ! Tu pourras y utiliser tes pouvoirs !

Je ne sais toujours pas ce qu'il maîtrise... Mon bras blessé se balance lamentablement au rythme de mes foulées. Je gémis, mais accélère quand une flèche en feu me frôle. La forêt est tout près, nous y sommes presque ! Je passe enfin entre les premiers arbres et m'enfonce entre les épais buissons d'ortie.

- Maintenant !

Oren s'arrête, se retourne et pose avec force sa main sur le sol. Aussitôt, et un épais mur de flammes se dresse devant nous. Le feu. Il maîtrise le feu.

Certain soldats tentent de nous suivre mais abandonnent rapidement, découragés par la chaleur du mur incandescent. Et surtout par les hurlements de ceux qui se sont jetés dans le torrent de flammes.

Je m'exclame, riant de soulagement :

- On les a semés ! Nous sommes sauvés !

- Oui, mais il y a encore un ri...

J'entends un bruit sourd. Je me retourne, affolée. Oren s'est écroulé sur le sol, et son corps git dans la poussière, dans une mare de sang. Je baisse les yeux. Une flèche est plantée dans ses flancs.

Non... Non. Non !

Je reste figée un instant. C'est impossible.

Pas maintenant.

Pas lui.

Puis je me précipite sur lui. Le spectacle macabre qu'il offre me soulève le cœur et me le brise en même temps. Il peine à rester conscient sur le sol qui est envahi par son sang. La flèche. Enlever la flèche. Mes idées ne sont plus claires. Tout est trouble autour de moi. J'attrape la tige en bois enfoncée dans son côté. Et tire.

Valandia. T1_MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant