⚘25. Les sourires forcés

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━ 8 janvier 2020 ━

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8 janvier 2020


          LE BROUILLARD ÉTAIT TOMBÉ SUR L'AGGLOMÉRATION DE SAINT-FLORIAN, dissimulant sous ses épaisses nappes les bâtiments grisonnants du campus. Il faisait froid et malgré mon épais manteau et mon écharpe, je grelottais. Mais peut-être moins qu'Alizé qui se tenait à mes côtés.

— Tu veux pas qu'on rentre manger un truc chaud ? proposai-je en soufflant dans mon écharpe.

Je regrettai bien vite ma décision lorsqu'un halo de buée se dessina sur mes verres de lunettes, obstruant ma vue. Alizé haussa les épaules, geste presque imperceptible sous toutes ses couches de vêtements.

— On peut aller chez moi, j'ai des steaks hachés je crois, informa la blonde en shootant dans un caillou.

— Ça marche.

Malo et Léopold nous avaient faussées compagnie peu de temps après la fin du cours d'UE 6 — pharmacologie —, préférant rejoindre le restant de la bande au RU. Comme la veille, j'avais refusé, bien que l'envie de partager un repas en compagnie d'Anh, d'Esther et de Jasmine me plaisait bien. Néanmoins pour le moment, parler avec Alizé, passer un peu plus de temps en sa compagnie, me paraissait beaucoup plus important qu'un déjeuner avec nos amis de deuxième année.

Les cercles pourpres qui cernaient les iris saphir de la blonde avaient beau avoir diminué, ils n'en restaient pas moins inquiétants, tout comme ses paupières lourdes qui ne cessaient de se refermer. Alizé commençait tout doucement à retrouver son habituel sourire candide, mais ce dernier demeurait fade, comme une jolie façade dissimulant une maison écroulée. Et moi, je me sentais mal de l'observer sans rien dire, sans savoir quoi faire de peur qu'elle ne s'écaille davantage.

J'avais bien ma petite idée concernant le brusque changement de comportement de mon amie. Toutefois, je me gardais bien de prononcer le moindre mot tant qu'elle ne serait pas prête à m'en parler. Tout ce que je pouvais faire pour elle se résumait à lui tenir compagnie et la faire rire. Ce qui, pour une fois, se trouvait être dans mes cordes.

— J'ai une blague.

Alizé pencha la tête sur le côté, m'invitant à poursuivre mon récit.

— C'est Logarithme et Exponentielle qui rentrent dans un bar. Ils commandent à boire et vient le moment de l'addition. Qui est-ce qui paie ?

— Je sais pas.

— Bah Exponentielle vu que Logarithme népérien.

La blonde fronça les sourcils suite à mon affreux jeu de mots. Néanmoins, j'avais réussi à lui arracher un sourire amusé et pour le moment, c'était tout ce qui comptait.

La librairie du grand-père d'Alizé ne tarda guère à apparaître sous nos yeux. Les pots de fleurs placés devant l'entrée et sur le balcon du bâtiment résistaient du mieux qu'ils le pouvaient aux morsures de la bise, bien que quelques feuilles jonchaient le trottoir défoncé. La clochette retentit dans toute la boutique lorsque nous franchîmes la porte de verre, et le grand-père d'Alizé émergea d'entre les étagères.

LA THÉORIE DES MITOCHONDRIESWhere stories live. Discover now