⚘28. Le lac

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━ 18 janvier 2020 ━

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18 janvier 2020


          L'ONDE VERDOYANTE DU LAC venait lécher les poteaux du ponton bancal. Les pins se frayaient difficilement un chemin au travers des conifères et de leurs aiguilles éternelles, tandis que les canards et leurs progénitures glissaient sereinement sur l'étendue paisible, guère perturbés par la valse des pédalos. Une odeur de résine et d'herbe humide emplissait l'atmosphère et j'inspirai à pleins poumons, resserant un peu plus mon manteau contre moi. 

La berge de Saint-Lac était relativement animée en ce samedi de janvier. Quelques joggeurs courageux arpentaient les allées de sable tassé, slalomant entre les arbres dépourvus de leur toison émeraude. De l'autre côté, près de la cabane close du glacier de Saint-Lac, une mère de famille surveillait ses deux enfants qui jouaient à la balle, alors qu'une fille et son père disputaient un match de tennis de table sur les tables de ping-pong en pierre. 

J'esquissai un sourire franc en les observant, ravie de constater que ce petit coin de paradis n'avait guère perdu de son charme, bien que la saison estivale ne recommençait pas avant quelques mois. Tout était calme ici par rapport à Saint-Florian, où les voitures s'entassaient le long des avenues à la sortie des bureaux. Je me sentais bien ici, loin de toute cette agitation : j'avais l'impression que mon monde s'était mis en pause, que la PACES et tous les problèmes qui persistaient à Saint-Florian se trouvaient loin, très loin de moi. 

Ces deux semaines passées paraissaient être à des années lumières de moi. Il était loin le jour où j'avais mangé chez Alizé et que son détecteur de fumée s'était déclenché. Loin le jour où j'avais embrassé Anh après qu'il m'ait offert son bracelet. Encore plus loin la partie de cartes avec Malo et tous les cours auxquels j'avais assisté cette dernière semaine.

— Chocolat ? 

Papa venait à l'instant de s'asseoir à mes côtés, tenant dans sa main un thermos argenté rempli de chocolat chaud. J'hochai la tête et Papa me servit une tasse avant de me la tendre. Je le remerciai d'un sourire et m'en emparai, soufflant sur le breuvage bouillant. 

Papa n'avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois que je l'avais vu, au mois d'août dernier. Les mêmes iris claires, perçantes, brillaient au centre de son visage devenu hâlé sous les assauts du soleil égyptien. Une barbe de trois jours encadrait ses joues, dissimulant les traits anguleux de son minois ainsi que la cicatrice qu'il possédait au niveau du menton. Enfin, ses boucles cacaos, rasées de près peu de temps avant son départ, avaient repris une longueur acceptable — bien que je le soupçonnais d'avoir usé de ses ciseaux plus d'une fois durant son séjour. 

— Alors Clélie, raconte-moi un peu. Comment ça se passe à Saint-Florian avec Malo ? Vous ne vous disputez pas trop j'espère ? demanda-t-il alors que je sirotais une gorgée de chocolat. 

LA THÉORIE DES MITOCHONDRIESWhere stories live. Discover now