Chapitre 16 / Quand les astres ne sont pas alignés

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Darius remontait la rue avec une mine contrariée qui aurait dissuadé n'importe qui de l'aborder. Il était furieux. Deimos avait reconnu que son choix n'avait pas été judicieux, mais il ne démordait pas de l'idée qu'il fallait marier son deuxième petit-fils au plus tôt.

Ce dernier regrettait encore plus la mort de son père en cet instant. S'il avait été vivant, Alexander n'aurait jamais laissé faire le patriarche ! D'ailleurs, Alexander n'était jamais intervenu dans la vie amoureuse de ses enfants. Et aucun d'entre eux ne lui avait jamais rien demandé à ce sujet !

Et Darius qui pensait que son grand-père cherchait à lui faire un enfant dans le dos professionnellement ! En fait, il dissimulait d'autres intention, plus personnelles... Comment allait-il se sortir de ce guêpier ? Car le vieux n'abandonnerait pas avant de lui avoir trouvé une femme ! Darius envisagea d'avertir Magnus et se trouva con. Il n'allait quand même pas se plaindre à son grand frère, comme un môme incapable de gérer seul une histoire aussi stupide...

Il en connaissait au moins un que ça allait faire marrer. Jung allait s'en donner à cœur joie. N'étant pas considéré comme un membre de la famille Yannopoulos, il était à l'abri de ce genre de plan foireux. Encore que... La famille de sa mère n'était pas la dernière à arranger des mariages, mais Darius pensait que Jung en était suffisamment éloigné pour ne pas subir la pression maritale imposée. Il se trompait bien sûr.

***

Darius était arrivé chez Iseul Kang en fin d'après-midi, avec cet air de chien battu qu'il avait quand il ne parvenait pas à trouver une solution à un problème.

Ne sachant si son demi-frère voulait parler de ce qui le tracassait, et ignorant de quoi il s'agissait exactement, Jung, qui était arrivé avant lui, ne posa aucune question. Mme Kang se retint jusqu'à la fin des bavardages d'usage, et la petite collation qu'elle partagea avec les deux jeunes hommes. Une fois le dernier hotteok avalé, elle attaqua.

— Alors, mon garçon ?Qu'est-ce qui te tracasse autant ?

— Rien, grand-mère.

— Rien ?Vraiment ? Alors pourquoi cet air sur ton visage... Et ne me réponds pas : « la perte de mon père ». Nous savons que c'est une tragédie. Mais nous savons aussi que tu n'es pas de ceux qui se complaisent dans la tristesse. Et puis, la tristesse ne donne pas ce genre d'expression.

— Ah ! Et de quel genre d'expression tu parles ?

— De la contrariété que je vois partout sur ton visage et ton corps. Alors ? Qu'est-ce qui te chiffonne ? Je parie que c'est une femme !

— Pas exactement. Je reviens de chez mon grand-père et...

— Lequel ?

— Yannopoulous.

— Qu'est-ce que ce vieux grigou a encore fait ?

Iseul Kang avait rencontré seulement deux fois Deimos Yannopoulos. À chacune de ces rencontres, elle avait réussi à l'agacer.

— Il s'est mis en tête de me marier.

Jung recracha presque la gorgée de bière qu'il venait de prendre dans son verre.

— Quoi ?s'écria-t-il en reprenant contenance sous le regard amusé d'Iseul.

— Il serait temps, en effet, dit-elle en retournant s'asseoir.

— Depuis quand est-ce que mon mariage a de l'importance ?

— Ça n'est pas ton mariage qui en a. C'est ce que tu vas en faire et ce qu'il produira.

— S'il ne s'agit que de descendance, Magnus est déjà marié, et il va avoir un enfant.

— Mieux vaut deux œufs qu'un seul.

— Peu importe. Je n'ai pas l'intention de me marier pour le moment, et certainement pas avec une femme que je n'aurai pas choisie.

— Intéressant.

— Qu'est-ce qui est intéressant ?

— Tu ne parles pas d'amour.

Darius et Jung échangèrent un bref regard avant de reporter leur attention sur Iseul, confortablement assise dans son fauteuil préféré, près de la porte-fenêtre qui donnait sur sa terrasse.

— Toute cette conversation est absurde. Je ne vais pas me marier.

— Parce que pour cela, il faudrait que tu sois amoureux, c'est ça ? Mais pour être amoureux, il faut rencontrer des personnes qui seraient susceptibles de faire naître un tel sentiment en toi. D'où les rendez-vous arrangés de ton grand-père.

— Sauf que j'ai autre chose à faire que tomber amoureux, afin de satisfaire les espoirs de mariage de ma famille !

— Comme si l'amour pouvait se planifier.

— En effet. J'en conclus que lorsqu'il me tombera dessus, j'aviserai.

Iseul soupira. Elle connaissait l'obstination de Darius Ryker. Ça n'était pas la première fois qu'elle en voyait une flagrante démonstration. Contrairement à tout le monde, elle trouvait Darius bien plus sérieux que Magnus, qui avait pourtant la réputation de l'êtreen toutes circonstances. L'aîné, lui, avait trouvé le temps d'apprivoiser une femme, de s'unir à elle et de lui faire un enfant. Darius n'envisageait rien de tel. Iseul trouvait dommage qu'il n'ait pas envie de tomber amoureux et de fonder, sinon une famille, au moins un foyer aimant. La vie qu'il entendait mener désormais serait bien triste s'il ne parvenait pas à trouver quelqu'un sur qui s'appuyer de temps à autre.

Comme celle de Jung, toujours en voyage à chercher des choses qui ne le concernaient pas. Des femmes passaient dans sa vie de manière brève, aucune ne parvenant à consolider une relation avec lui, car il ne faisait aucun effort. Il lui avait bien parlé d'une petite-amie, mais elle ne croyait pas en son existence. Il allait falloir qu'elle s'occupe de ces deux grands dadais...

Puis, brusquement une autre idée lui vint à l'esprit.

— Darius Ryker ! Tu n'oserais pas me faire ça !

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