Chapitre 25 / Fausse proposition indécente

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Il ne manquait plus que ça ! Son patron était paranoïaque ! Il la pensait coupable ! Comment pouvait-il en être arrivé là ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui faire croire qu'elle faisait partie d'un «complot » visant à le déstabiliser ? Bon, c'est vrai que la première fois qu'elle l'avait rencontré officiellement, elle était masquée et pas particulièrement causante ! Mais quand même ! De là à penser qu'elle lui voulait du mal ? C'était un peu fort en chocolat !

Le problème était qu'elle ne savait pas comment réagir. Dans une situation ordinaire, elle se serait défendue sans peur devant tant d'injustice et aurait prouvé sa loyauté en expliquant les protocoles, mais la situation n'avait rien d'ordinaire. Loin de là.

Elle avait trop peur de perdre son job. Elle ne pouvait pas se permettre de voir tout balayer pour des peccadilles, en mettant les pieds dans le plat. Il fallait y aller en douceur. D'ailleurs, il ne l'avait pas accusée ouvertement. Peut-être qu'elle se faisait un film ?

— Vous n'avez rien à dire ? Est-ce l'aveu silencieux de votre culpabilité ?

Ah, bah non, finalement. Il pensait vraiment qu'elle était une espionne. Elle était dans le viseur, sur un siège éjectable. Adieu veaux, vaches,cochons ! Elle allait devoir reprendre sa place à la supérette ! Et merde ! C'était vraiment trop beau ! Foutu pour foutu, elle n'allait pas se laisser virer sans se battre.

— Vous êtes sérieux ! lâcha Lupita en se dressant face à lui comme un beau diable, les mains sur les hanches et l'air fâché.

***

Darius était si sûr de son fait, qu'il ne s'attendait pas à cette réaction. Il fit un pas en avant pour toiser la jeune femme de toute sa hauteur. En général, cette méthode marchait bien face à des personnes coupables, et pas forcément expertes en matière de crime. Mais l'effet escompté fit un flop monumental !

Lupita ne se démonta pas. Au contraire. Elle parut encore plus fâchée. Ce qui était assez comique, vu sa coiffure et sa tenue. Darius trouva la situation parfaitement inacceptable et attaqua aussitôt.

— Vous croyez que je ne sais pas qui vous êtes et ce que vous faites !

— Je serais curieuse d'entendre le raisonnement totalement insensé et absurde que votre esprit malade a suivi pour arriver à la conclusion que j'étais l'auteur des intrusions !

— Mon esprit malade ?! Non mais je rêve ! J'imagine que vous n'êtes pas cette fille ridicule qui dansait, déguisée en cheerleader, à la gare Montparnasse et qui m'a « interceptée » d'une manière totalement « fortuite » ? Pour quoi faire d'ailleurs ? Tâter le terrain ? Me mettre un mouchard ? Bref, j'imagine que vous n'étiez pas non plus celle qui a fui dans l'ascenseur de l'immeuble de ma grand-mère après avoir écouté derrière la porte ! Pas plus que celle qui s'est planquée dans le métro quand elle nous a vu, mon frère et moi, sur le quai opposé ! Que vous n'êtes pas cette fille qui s'est fait embaucher chez Anthéa pour que Deimos obtienne des informations confidentielles ! J'imagine que vous n'êtes pas cette fille qui m'espionne depuis mon arrivée dans l'entreprise avec un niveau d'incompétence qui explose le plafond !


La bouche de Lupita s'était ouverte devant l'accumulation de stupidités que venait d'énoncer son patron. Il avait tout compris de travers ! Et il se souvenait parfaitement d'elle. C'était sûr que la tenue de cheerleader y était pour quelque chose, à n'en pas douter.

Bon, maintenant, il allait falloir trouver un moyen de désamorcer la bombe. Enfin, s'il lui en laissait le temps, parce qu'il venait d'adopter une autre stratégie. Elle suivit du regard sa haute silhouette qui se dirigeait vers la porte. Lupita devait trouver quelque chose à dire. Et vite !

***

Darius s'était approché de la porte avec l'optique de l'ouvrir et de fiche dehors Lupita Jones. Mais un étrange lien prit forme dans son esprit. Une connexion qui n'aurait pas dû avoir lieu. Un rapprochement totalement incongru, si on y réfléchissait bien. Cependant, Darius Ryker était, à cet instant précis, à un tel niveau d'énervement du fait de la trahison à laquelle il croyait dur comme fer, et de l'insistance mal placée de son grand-père à lui trouver une femme, qu'il n'était pas en mesure de bien réfléchir. C'est ce qu'il penserait plus tard. Trop tard.

— Je ne suis pas votre ennemi ! Je ne travaille pas pour votre grand-père ! Je traque les hackers pour Anthéa ! Et je le fais sacrément bien ! Vous n'avez qu'à demander à M.Vivier ! J'ai fui parce que j'avais peur que vous ne preniez mal nos rencontres et que vous me viriez après ce qui s'était passé durant le flashmob ! Toutes ces rencontres étaient fortuites ! Je conviens que c'est étrange, mais pas impossible ! Parfois, le hasard...

— L ehasard fait bien les choses, finit Darius en se retournant vers Lupita avec un demi-sourire qui ne lui disait rien qui vaille.

— Pardon ?

— Parfois le hasard fait bien les choses, répéta-t-il avec un air qu'elle pouvait qualifier d'étrange.

Darius avait une idée. Il lui fallait une femme qui obéirait par intérêt et se tairait par crainte. Lupita Jones répondait parfaitement aux deux critères. En plus, elle était loin d'être moche. Dans cette tenue décontractée, elle ne ressemblait à rien, mais il l'avait vue en cheerleader. Il savait comment elle pouvait être avec un peu d'efforts de sa part. Darius plissa les yeux un instant en la détaillant sans scrupule.

— Qu'est-ce que... Vous faites quoi, là ?

— Vous ne travaillez pas pour Deimos, donc. Tout ceci était le fait du hasard ... commença-t-il comme s'il se rendait aux arguments de la jeune femme.

— Oui, Monsieur Ryker, dit Lupita qui ne croyait pas à sa chance.

Et elle avait bien raison. Parce que tout ceci n'avait rien à voir avec la chance, et tout avec l'opportunité qu'avait Ryker de résoudre deux problèmes en même temps.

— Vous seriez prête à quoi pour garder votre job, Mlle Jones ?

— Pardon ?! s'exclama Lupita carrément outrée.

— Vous avez très bien compris ma question, Mlle Jones.

— C'est pas que je ne l'ai pas comprise, c'est que je suis stupéfaite que vous me fassiez ce genre de chantage, M. Ryker !

— De quel chantage parlons-nous ? demanda-t-il, matois, en se rapprochant du bureau, derrière lequel la jeune femme se tenait toujours debout.

— Oh ! Il faut que j'énonce les faits, en plus ?! Et bien allons-y ! Vous me proposez de coucher avec vous pour garder mon poste.

— Pas exactement.

— Pas exactement ?

— Pas exactement.

Maintenant, Darius Ryker se tenait face à elle, de l'autre côté du bureau. Il souriait franchement, et Lupita, bien qu'elle ne puisse nier qu'il était plutôt pas mal dans son genre, détesta ça. Quelque chose lui échappait de manière évidente, et il s'amusait beaucoup de son ignorance. Elle sentit la moutarde lui monter au nez de nouveau.

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