Chapitre 68 / Une story... ou deux

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Près de trois heures de route passées à essayer de ne pas écouter la conversation qui se passait à l'arrière, c'était très long. Darius avait bien été tenté à plusieurs reprises de remonter la vitre de séparation qui isolait l'avant de la voiture, mais il avait eu peur que les trois jeunes femmes, et le chien, ne le prennent mal. Il n'avait pas eu envie de se disputer, en plus du reste.

Pendant tout le trajet, il avait amèrement regretté d'avoir proposé à Jung de se rendre au bord de la mer. Il regrettait tant, qu'il se contenta de regarder dehors en silence, sauf pour répondre à une ou deux questions en mode Terminator. Pas de fioriture. Pas de salamalecs.

Personne n'avait semblé incommodé par son attitude, même pas Jung qui, lui, avait péroré avec les filles sans aucune vergogne. Il semblait s'intéresser particulièrement à ce voisin que les filles appelaient « Dieu », et qui, semble-t-il, était tombé entre les mains d'Emmanuelle.

Contre toute attente, et bien que ne prenant pas part à la conversation, Darius n'en perdit, cependant, pas une miette, surtout cette partie-là. Tout en se convainquant que ça ne l'intéressait pas le moins du monde, et en trouvant Jung très doué dans sa performance amicale. Mais Jung était très doué en tout. Alors pas d'étonnement.

Une fois la voiture garée face au front de mer, Darius n'avait plus pensé qu'à une chose : nager. Il avait pris son sac et s'était dirigé vers la plage sans un mot pour personne. Une fois ses affaires posées, il avait entrepris de se déshabiller pour revêtir sa combinaison de surf.

— On dirait Pop quand il n'en peut plus d'attendre pour pisser, dit Aïko en avisant Darius à moitié nu sur la plage.

Jung, qui aidait les trois amies à prendre leurs affaires, réprima un rire en jetant un regard vers son demi-frère. Il ne pouvait pas lui jeter la pierre. Le lien de Darius avec l'eau, et plus particulièrement avec l'océan, était très puissant. Il ne doutait pas de la souffrance qu'il avait dû éprouver depuis son départ des Fidji.

— C'est son élément. Il en a toujours eu besoin.

— Encore un point de divergence, murmura Lupita avant de s'engager sur le sable.

Elle détacha aussitôt Pop-corn pour qu'il aille s'égayer sur la plage, tout en évitant de trop regarder vers Darius qui se tortillait pour enfiler sa combi, une serviette autour des reins pour éviter qu'on ne le voit nu.

— J'ai bien entendu ? demanda Jung.

— Oui. Elle a peur de l'eau et ne sait pas nager, dit Aïko sans prendre de détours.

La jeune femme se tenait adossée à la partie arrière de la voiture, bras croisés, visage tourné vers la plage. Elle portait exceptionnellement une tenue très simple, sans accessoire et superposition : Un tee-shirt noir sur une jean bleu, des sandales, et une casquette. Le vent faisait voler ses longs cheveux difficilement maintenus par une queue de cheval.

Jung la trouva parfaite dans cette lumière de fin de matinée à peine voilée par quelques nuages. Il la prit en photo à son insu, ce qui la fit réagir immédiatement.

— Hé ! C'est pas le moment !

— Il va falloir s'habituer, Mlle Chapelier. Je vais vous mitrailler toute la journée.

Emmanuelle rigola devant la grimace renvoyée par Aïko à son faux petit-ami. Grimace qu'il immortalisa aussitôt. Puis, ils s'engagèrent à leur tour sur le sable. Pop-Corn vint leur faire la fête. C'était Noël pour lui. La plage, le vent, le sable, la mer ! Trop de bonheur et de liberté d'un coup ! Il était comme fou. Assise à quelques mètres des affaires laissées par Darius, Lupita riait de voir le chien s'amuser.

— Bon, on va combler le vide, dit Emmanuelle en se plaçant entre son amie et les affaires abandonnées.

Aïko et Jung l'imitèrent, créant ainsi un ensemble cohérent entre les deux faux amoureux.

— Le mieux ça aurait été que tu te mettes à côté de Darius, Lupita.

— Je me déplacerai pour les photos, dit-elle sans sourire en fixant son faux petit-ami qui s'éloignait vers le large en nageant.

— C'est à ce point-là ? demanda Jung en se mettant en caleçon de bain.

— Quoi ?

— Votre peur de l'eau.

— Oui. C'est à ce point-là.

— On s'en fout. Pas besoin de nager pour bronzer, rétorqua Emmanuelle en ôtant la robe bain de soleil qu'elle avait enfilé à la va-vite.

— En effet, concéda Jung en reluquant sans vergogne la jeune femme, dont le corps parfait ne pouvait qu'attirer l'œil dans son deux pièces sexy en diable.

— Hé ! C'est à moi que t'es maqué, je te signale ! s'exclama Aïko à la manière d'une femme outragée, en donnant un coup dans le mollet de son voisin.

— Pardon, ma douce et tendre. Je jure de ne plus jamais regarder aucune femme sur cette planète, sauf toi ! lança-t-il en continuant de fixer le cul d'Emmanuelle qui se balançait au rythme de ses pas pendant qu'elle marchait vers les vagues, histoire de tremper un orteil.

— Putain ! Les mecs ! J'te jure ! lâcha Aïko. Heureusement, que j'ai pu mater ton pote. Sinon, je te faisais une crise.

— Je vais de ce pas, dire à Darius que son cul a du succès, lança alors Jung, un grand sourire sur les lèvres, tout en s'élançant à son tour vers le rivage.

Aïko attendit qu'il soit à l'eau pour commencer à ôter ses vêtements. Elle portait un maillot une pièce noir sans fioriture.

— Enlève au moins une couche, Lupe. Emma a raison. Tu peux prendre le soleil.

Lupita, elle aussi portait un jean et un tee-shirt – vert le sien - sous un hoodie extra large. Elle commença par retirer ses baskets et ses chaussettes. Puis son hoodie. Avant de sourire à son amie.

— Vas-y. Je reste avec Pop. J'ai pris de quoi m'occuper de toute façon, ajouta-t-elle en sortant son téléphone de son sac à dos. Emma va se sentir seule sinon.

— Tu parles ! Regarde, elle revient déjà. L'eau doit être à -10°.

— J'espère que les Mendès ne seront pas déçus.

— Les gosses, ça fait pas attention à la température de l'eau ! La seule chose qui compte, c'est la glace à la fin de la journée... moi, j'ai hâte de voir la tronche de ton mec quand il va voir débouler toute la petite famille... déjà qu'il n'en pouvait plus de nous voir toutes les trois... je suis sûre que c'est pas son idée, cette virée.

— Moi, je pense le contraire. Mais il ne devait pas imaginer emmener autant de monde... Aïko ?

— Hum ?

— Jung. Il te plaît vraiment, non ?

— Pourquoi cette question ?

— Je ne sais pas. C'est juste qu'on dirait un vrai couple.

— Mais toi avec Darius, on dirait aussi un vrai couple, Lupe. C'est juste qu'on n'est pas le même genre de couple. Moi, j'ai le marrant. Toi, le pervers narcissique.

— Il n'est pas du tout comme ça !

— Ah ! Ah ! Tu le défends !

Lupita haussa les épaules avant de replonger son regard dans la masse mouvante qui grignotait la plage petit à petit.

— Bon. Ce Jung, il me plaît bien, en effet. Parler photo avec lui, c'est sympa, et puis, il a de l'humour.

— Et c'est un canon, ajouta Emma qui venait de se laisser tomber sur sa serviette entre ses deux amies.

— C'est pas vrai ! T'as déjà « Dieu » ! Il te faut aussi tous ses apôtres ?! s'exclama Aïko en lui donnant un coup de coude.

— En parlant de ça, Emma. Il va falloir que tu nous donnes plus de détails sur ta soirée et ta nuit parce que ça manquait d'explications plausibles dans la voiture ! dit Lupita en se tournant vers son amie.

— Ok. Mais vous allez devoir vous mettre à table aussi. Je veux tout savoir sur cette grand-mère Kang !


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