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Celle qui a besoin d'un endroit où dormir


Après une journée de dur labeur, je ne rêvais que d'une douche glacée et d'une bonne bière. J'ouvris la porte de l'appartement et filai droit à la chambre, tout ça pour me figer sur le pas de la porte.

Julien était entortillé bras et jambes autour de Caroline et l'embrassait comme si sa vie en dépendait.

Ah. Bien. Ca expliquait certaines choses, j'imagine.

─ Salut, leur lançai-je agressivement.

Ils arrêtèrent de se lécher mutuellement les amygdales pour me considérer, ahuris.

─ Ne vous dérangez pas pour moi ! ajoutai-je, agacée, et je filai droit à la penderie.

(J'ouvris les battants.) En fait, continuez. Promis, je ne regarde pas !

─ Attends, bébé ! Tu rentres tôt...

─ Sérieusement, Julien ? C'est tout ce que tu trouves à dire ? Ta remarque est d'une intelligence redoutable, même pour toi.

Mouché, Julien eut la décence d'afficher un air coupable tandis que Caroline se couvrait chastement avec le couvre-lit que j'avais moi-même chiné aux puces. Dieu du ciel.

─ Je vais t'expliquer..., bafouilla-t-elle, rouge pivoine.

─ J'en doute pas, susurrai-je en la fixant droit dans les yeux. Sûrement une histoire passionnante.

Elle détourna le regard.

J'attrapai mon sac à dos, y jetai pêle-mêle quelques vêtements au hasard, des sous vêtements, trois de mes livres préférés ; puis je traversai la pièce en direction de la salle de bains attenante.

Son boxer enfilé en toute hâte, Julien me suivit, dansant gauchement d'un pied sur l'autre.

─ On peut parler ? tenta-t-il, incertain.

Je jetai un œil à son visage couvert de rouge à lèvres.

─ Non, fis-je, et j'attrapai ma brosse à dents, mon parfum et mon déodorant en stick. Caroline, vraiment, Julou ? Quel cliché.

─ Je t'aime, tu sais bien, bébé...

J'éclatai de rire et le gratifiai d'un sourire compatissant.

─ Oui, bien sûr.

─ Je me sens seul, c'est tout, se défendit Julien, visiblement vexé par mon hilarité. Merde, ce que tu peux être... pas compatissante, chais pas.

Pauvre petit.

─ Tu travailles tellement, se plaignit-il encore, me suivant à la trace tandis que je faisais le tour de la salle de bains. T'es jamais là... ! Je te vois à peine !

Je roulai des yeux.

─ Donc si j'ai bien compris ta logique, c'est moi, ta petite copine bafouée, qui dois présenter des excuses ? Tu insinues que c'est ma faute si t'es pas foutu de garder ton fûte sur tes hanches ??

─ Mais non... enfin... un peu, non ??... Je veux dire... tu me manquais, et... oh, allez, merde, quoi !

J'haussai haut les sourcils pour lui témoigner mon début d'agacement.

─ Tu commences à me pomper l'air.

Julien afficha un air dépité.

─ Pousse-toi, tu veux ? fis-je. J'ai besoin de ma brosse à cheveux, et tu gênes.

Tout le temps du mondeWhere stories live. Discover now