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En sortant vers 17 heures, je n'avais rien écouté aux cours mais j'avais élaboré un semblant de plan. Je savais ce que je devais faire. Attendre le week-end, survivre d'une façon ou d'une autre jusque-là, et tenter ma chance.

C'est ce que je fis.

 La semaine s'écoula comme une véritable agonie, lente, douloureuse. Je tremblais de crainte et d'impatience mêlées. Et finalement, samedi vint. Je sortis au restaurant avec Lison, ensuite, on alla à une fête chez des potes communs. Quelconque. On sortait sans cesse, ça n'avait pas d'intérêt. On rentra dormir chez moi. Comme d'hab. Pas un super moment vu que j'avais la tête ailleurs. Après le brunch du dimanche matin et m'avoir roulé des pelles à n'en plus finir, Lison rentra chez elle.

Je pris une douche et la direction de la maison de retraite sans ciller.

On était dimanche. J'avais une chance de la croiser. Elle viendrait sûrement voir son père, et si ce n'était pas ce jour-là, il me dirait peut-être quand ?

J'étais nerveux en frappant à la porte de Markus.

- Entrez !

J'ouvris la porte. Markus était assis sur le fauteuil près de la fenêtre. Il portait une chemise à carreaux rouges. Il me sourit lorsqu'il me vit. Je lui trouvai une certaine prestance. Il se tenait bien droit et me regarda droit dans les yeux lorsque j'entrai. Ses cheveux blancs semblaient encore tous sur sa tête.

- Salut, mon gars, me salua-t-il. Ca fait un bail, dis donc.

- Bonjour. Vous vous souvenez de moi ?

Vu la crise qu'il avait eue la dernière fois, je supposais que non, mais il me surprit.

- Je me souviens de toi, dit Markus, me désignant du doigt. Louka, c'est ça ?

- Ouais. C'est moi.

- Pas de canne ? Pas de lunettes de soleil ?

- Fini, tout ça.

Il hocha la tête.

- Eh bien ! Félicitations. Je suppose que tu ne viens pas visiter mes vieux os. Tu veux voir Mouse ?

- Ouais.

Il me sourit. Pas un sourire amical. Plutôt moqueur, en fait.

- Elle vient juste de partir. Tu l'as manquée de peu. Si tu cours, peut-être... ça t'apprendra à lui faire de la peine !

J'étais déjà parti. Sa voix railleuse me suivit une partie du couloir. Je courus, dédaignai l'ascenseur pour dévaler les escaliers. Une fois au rez-de-chaussée, je regardai de tous côtés, essoufflé.

Il y avait plein de gens, mais...

Une silhouette menue marchait devant moi, à pas pressés, en direction des portes battantes menant à l'avenue. La capuche de son pull noir était remontée sur sa tête, elle avait les mains enfoncées dans la poche kangourou, une besace en cuir était pendue à son épaule. Son jean large était rentré dans des bottes à lacets. Je me dirigeai vers elle. Mon cœur battait à deux cent à l'heure. Elle dit deux mots à l'hôtesse d'accueil, avant de se remettre à marcher. Je me lançai à sa poursuite, je la pris en chasse. J'avais de plus grandes jambes qu'elle, comblai l'espace qui nous séparait en trois enjambées. Sans hésiter, je l'attrapai par le coude et l'obligeai à se retourner.

Tout le temps du mondeWhere stories live. Discover now