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Mouse


Je fus réveillée par des coups assénés à la porte et émergeai difficilement du sommeil, ronchon.

─ Mouse ! tonitrua Louka. Debout là-dedans.

Oh, la vache.

─ Ouaaaais ? fis-je, le nez dans mon oreiller. Le soleil se lève à peine.

Autre coup agacé.

─ Hé ! protestai-je. Doucement !

─ Il est 7 heures 45 ! râla Louka. On doit y aller ou je serai à la bourre. Magne-toi.

J'entendis ses pas s'éloigner sur le palier, derrière la porte. Je jetai un œil au réveil, qui confirma ses dires, me ruai hors du lit. Je m'habillai, me lavai les dents, puis, en guise de coiffage, je glissai à la hâte les doigts dans mes cheveux. La veille, je les avais dûment lissés, et ils étaient encore tout beaux, droits et brillants. Toujours ça de pris.

─ Mouse ! brailla la voix impatiente de Louka.

─ J'arrive, du calme !

Je sortis de ma chambre, trébuchai au sommet de l'escalier et manquai de peu y basculer la tête la première. Mon sac m'échappa des mains et dégringola les marches dans un raffut à réveiller les morts. Il atterrit finalement au niveau du rez- de-chaussée, s'immobilisant enfin.

─ Oups, laissai-je échapper. T'es vivant, en bas ?

─ Ben dis donc ! J'ai cru que tu étais tombée dans l'escalier.

─ Mais non, c'est mon stupide sac.

─ Purée, y'a quoi là dedans ?

─ Des briques ? suggérai-je, pince sans rire.

─ Non, sérieusement. Ca a l'air de peser une tonne. Tu te trimballes vraiment ça tous les jours ?

─ Oui, admis-je à contrecœur.

─ Y'a quoi dedans ?

J'étais arrivée en bas des escaliers. Louka était perché sur un tabouret du bar, très élégant dans sa chemise blanche et son jean délavé qui lui tombait sur les hanches. Je me demandais comment il faisait pour choisir ses vêtements, sans y voir.

─ Mes patins, répondis-je, laconique.

─ Tu fais du patin à glace ?

Louka n'était pas surpris, il était éberlué. Pas flatteur.

─ Non, du roller, précisai-je dans ma barbe.

─ C'est cool.

─ Peut-être, ouais. La plupart du temps je pense que c'est surtout de la folie de ma part. Bref.

─ T'es douée ?

─ Y'a mieux.

─ Les rollers, ça me paraît plus logique que les patins, en fait, commenta Louka.

─ Pardon ?

─ Je n'arrive pas à t'imaginer juchée sur des patins, ricana Lou, et je lui jetai un regard noir.

─ Et pourquoi pas, espèce d'imbécile ?

Il se frotta pensivement le menton.

─ Je ne sais pas. Tu manques de... grâce, je dirais. T'as pas l'air très... délicate.

─ Ca va pas, la tête ?

Quelle arrogance. Le type ne pouvait pas me voir et me jugeait néanmoins pas sexy. Incroyable.

Tout le temps du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant