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Louka


L'attente dans la salle d'attente du cabinet du Dr Antoine Pataki s'étirait, presque palpable. Les bruits de pas étouffés, le murmure lointain des conversations, tout cela se mélangeait dans mon esprit tandis que Mouse et moi attendions à l'accueil. J'étais debout contre le comptoir ; il me semblait que Mouse y était adossée. Elle feuilletait à grands gestes un magazine quelconque.

─ Tu vas bien, Lou ? roucoula Sandrine, la secrétaire.

Sa voix était douce et sensuelle, affectueuse, un sourire y était audible. Je n'étais pas d'humeur, mais je détestais plus que tout de me montrer impoli. Je lui fis un bref sourire pour dissuader la conversation.

─ Toujours aussi populaire avec les femmes, commenta Mouse à voix basse. C'est d'un ennui !

─ Jalouse ?

─ Rêve pas.

Ca me fit sourire.

Enfin, la porte s'ouvrit, et les pas légers du Dr Pataki se firent entendre. Sa voix chaleureuse m'accueillit tandis que je m'avançais. Il me serra la main avec fermeté, en posant l'autre par-dessus la mienne.

─ Louka, comment ça va aujourd'hui ? me demanda-t-il avec bienveillance.

Je me souvenais relativement bien de lui, l'ayant croisé à des cocktails et autres dîners organisés par mes parents avant l'accident. Petit, presque maigre, des lunettes rondes en écaille, des boucles grises fines.

─ Un peu nerveux, reconnus-je. Mais prêt pour ce qui vient.

─ C'est bien, c'est ce qu'il faut, mon grand. Viens, installe-toi à la machine.

─ Mouse...

Tendant la main, je rencontrai son bras.

─ C'est par là, attends.

Mouse me guida jusqu'au tabouret. Je m'assis pesamment.

─ Pose ton front contre la machine, s'il te plaît, demanda paisiblement le Dr Pataki.

─ On a déjà fait ça..., m'étonnai-je.

─ Oui, j'ai besoin de vérifier un petit détail. Détends-toi. Regarde à droite... oui... et à gauche...

Le silence m'emplit les oreilles tandis qu'il procédait aux réglages de l'appareil et à ses prises de notes.

─ Très bien ! dit-il enfin. Venez avec moi.

On s'installa autour de son bureau.

A coup de paroles rassurantes et informatives, le Dr Pataki m'expliqua en détail la procédure que j'allais subir dès que possible. La chirurgie viserait à restaurer partiellement ma vision. Je ne reverrais jamais à dix sur dix.

Je l'avais accepté. Voir un peu valait infiniment plus que pas du tout.

─ Je récapitule, Louka. Pour la transplantation de la cornée, nous allons procéder à une anesthésie générale, commença-t-il. Ensuite, je vais créer une petite incision dans la cornée de l'œil gauche pour accéder à la partie affectée. Une fois que j'aurai accès à la zone, je vais positionner avec grand soin la cornée du donneur pour corriger les irrégularités qui perturbent votre vision. Nous utiliserons des instruments de précision et des technologies avancées pour garantir les meilleurs résultats possibles.

J'hochai la tête, absorbant chaque détail de ses paroles.

─ Et en ce qui concerne l'œil droit ?

─ Le nerf optique de l'œil droit ayant été plus abîmé lors de l'accident, il ne pourra récupérer, au mieux, que trente pour cent de ses capacités. Il bénéficiera d'une reconstruction de l'iris.

Tout le temps du mondeWhere stories live. Discover now