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Louka


- Ma petite Gret, dis-je, ému, et je glissai la main dans ses cheveux.

- Tu souris, protesta-t-elle, le ton plein de menaces.

Elle était mignonne.

- Vraiment ? la taquinai-je.

Je miaulais presque tellement j'étais content.

Mouse/Gretel me frappa sur le torse.

- Oui, vraiment.

- C'est parce que je suis content, chuchotai-je, prenant sa main dans la mienne. Tu portes un nom de personnage de conte. C'est très joli. Hans et Gretel... j'adore.

- Je t'interdis de te moquer de moi.

J'écrasai mes lèvres contre les siennes. C'était meilleur que la dernière fois, parce que c'était moi qui initiais. Parce que j'avais tellement envie. Parce que je savais que ce serait bon. PARCE QUE JE CONNAISSAIS SON PRENOM.

Les battements de mon cœur résonnaient à l'unisson de mon désir grandissant. Et là ce fut clair tout à coup, totalement limpide : je désirai Mouse, à un point. Je n'avais probablement jamais autant désiré quelqu'un, et je n'avais même pas envie de comprendre. Ses lèvres se moulaient parfaitement aux miennes. J'explorais sa bouche avec délices. A chaque fois que ma langue effleurait la sienne, un frisson électrisant parcourait chaque centimètre de ma peau, réveillant des sensations enfouies depuis bien trop longtemps.

Mes pouces effleuraient délicatement les contours de son visage. Mes lèvres, avides de sa saveur, s'attardaient sur chaque centimètre carré des siennes. Je me délectais de chaque nuance de passion, du trouble profond qu'elle faisait naître en moi. Je sentais son cœur qui battait contre le mien, son corps qui répondait au mien, chaud et vibrant entre mes bras. Je mordillai gentiment sa lèvre et fus récompensé par un léger gémissement qui me donna envie de la sentir encore plus. Ma langue glissa presque timidement sur sa lèvre inférieure, comme pour demander la permission. Mouse grimpa spontanément sur mes genoux, sa langue s'enroula autour de la mienne pour un frotté-serré gourmand et sensuel qui me flanqua une gaule du tonnerre. Son poids était agréable sur moi.

Sur une inspiration, je glissai les mains sous son pull, mon propre pull, caressant son dos. Je trouvai immédiatement sa peau nue, ce qui me laissa pantois. Je compris qu'elle devait porter un dos-nu ou un truc échancré. Je m'émerveillai du touché de sa peau. C'était presque aussi doux que le tissu qu'elle portait. De la soie ou du satin.

Jamais je n'aurais pensé que Mouse mettait ce genre de trucs. Mon imagination s'enflamma comme une traînée de poudre.

- Qu'est-ce que... putain, qu'est-ce que c'est que ce truc que tu portes ?

J'étais essoufflé, et elle aussi.

- Je te l'ai dit, c'est un t-shirt.

- C'est pas un bête t-shirt. On dirait un truc sexy.

- C'est parce que c'est sexy. C'est un t-shirt col en V dans le dos.

Bonté divine.

- Il est doux, insistai-je, caressant encore le tissu. C'est de la soie ?

- Du bête synthétique, calme-toi, avec tes fantasmes de mec qui voit rien.

Ca me fit rire.

- Quelle couleur ? demandai-je, le ton résolument charmeur, je le reconnais.

- ... bleu marine. Ca va avec mes yeux, je trouve.

Quoi ?

- T'as les yeux bleus ? Gret, j'aimerais tellement savoir.

- Je ne réfute ni ne nie. Simplement, le bleu marine va bien avec le bleu, mais aussi avec le marron, pour ta gouverne.

Sa voix était sarcastique. Cette fille était impossible.

- J'aimerais bien te voir, Gret. Tu n'as pas idée.

Je lui dis ça, le ton douloureux, le ton malheureux. Putain, il fallait que cette opération réussisse. Et surtout il fallait qu'elle ait lieu un jour prochain. Je voulais revoir le monde. Les couleurs. Et cette fille ! Surtout cette fille.

Gretel posa la main sur ma joue.

- Ca changerait quoi ? C'est si important, la tête que j'ai ?

- Je sais pas... oui, ça l'est.

Ca l'était, pour moi, c'était capital. J'avais peur d'être très déçu. Pouvait-on me le reprocher ? Et d'un autre côté, je ne me faisais pas d'illusions. Déçu de quoi ? On était pas ensemble ou quoi.

- Tu me vois bien, toi, dis-je néanmoins, statuant l'évidence. C'est confortable, quand même, non ?

Je caressai encore son dos. Mes mains s'immobilisèrent de part et d'autre de ses hanches. Un doux renflement.

- C'est vrai, je te vois.

- Et la première fois que tu m'as vu, tu m'as dragué à n'en plus finir. Ca montre bien que je t'ai plu.

- Ca veut rien dire. Je drague tout ce qui bouge. C'est une façon de briser la glace.

Elle se foutait de moi, là !

- Tu dragues tout ce qui bouge ?? Je dois en déduire que je ne suis pas spécial, pour toi ?

- Faut pas rêver, Louka.

- Gret..., fis-je, la gorge nouée, et je déglutis.

- ... quoi ?

Le silence se posa entre nous, électrique, impatient.

Penchant la tête, je posai un doux baiser dans son cou, au creux de son épaule. Je remontai vers son oreille tandis qu'elle respirait plus vite. A moins que ce ne fut moi.

- Arrête de jouer avec moi, soufflai-je.

Je ne comprenais rien à ce qui se passait. Je tremblais presque. Ce n'était qu'une fille. Je ne l'avais même pas vue. C'était pas mon style, même si elle était un peu plus féminine que je me l'étais figuré. Mais voilà que je prenais ses lèvres de nouveau, étouffant le grognement qui montait de ma poitrine. Le baiser démarra plus agressivement. J'étais plus empressé, moins tendre, mais elle me rendit la pareille sans broncher, passant les bras autour de mon cou. Sa langue se liait aisément à la mienne, comme si on s'était déjà embrassé des centaines de fois. Elles étaient réconfortantes, familières.

De grands coups frappés à la porte nous figèrent.

- Louka ? Tu es là ?

C'était la voix étouffée de Maman.

Mouse s'écarta de moi.

- Attends..., fis-je, mais la porte s'ouvrait déjà dans un léger grincement.

- Oh, tu es là, Lou ! fit Maman, l'air soulagé. Et Mouse. Bonjour.

- Bonjour, dit Mouse. Et merci.

- Oh, de rien. Tout va bien ?

- Oui, Maman. Mouse...

- Je te vois ce soir, dit doucement Mouse.

J'entendis ses pas s'éloigner dans le couloir. Je me relevai, mal à l'aise.

- Ce sourire que tu as, commenta Maman.

Au ton de sa voix, je compris qu'elle souriait d'une oreille à l'autre et me sentis gêné.

- Ecoute, Maman...

- Louka, j'apprécie Mouse. Je la trouve rafraîchissante.

Je lui rendis son sourire, timidement.

- Moi aussi, Maman.

- Tu devrais l'inviter à sortir, dit Maman en quittant la pièce.

- On verra.


Tout le temps du mondeDove le storie prendono vita. Scoprilo ora