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Louka


─ C'est un lit une place, m'indiqua Mouse, sarcastique.

Putain de merde !

─ Je peux dormir par terre, suggérai-je, acculé.

─ Tu es ridicule. Vas-y, et bon courage pour ton dos.

Elle s'éloigna de moi de quelques pas, tandis que je restais debout là, mal à l'aise.

Danseuse dans une boîte !

Ma Mouse !!

Tout ce à quoi j'arrivais à penser, c'était à ça.

La nausée me prenait à la gorge. On discutait, avait-elle dit. Ils voulaient l'emmenaient à des dîners.

J'avais envie de les cogner tous.

Qui s'abaissait à ce genre de gagne-pain ? Etait-elle si désespérée ? Rétrospectivement, j'étais furieux à l'idée de tous ces types posant les yeux sur elle, se rinçant l'œil plus précisément. Ils n'avaient rien raté du spectacle... contrairement à moi.

A quoi ressemblait Mouse ? Comment était son visage ? Comment était son sourire ?

J'étais malvoyant, pas idiot. Je sentais les mecs autour de nous lui porter un certain intérêt ; j'avais eu tort de penser qu'elle n'était pas attirante. Elle m'avait tellement perturbé au magasin avec son rentre-dedans impuni et son franc-parler, sa drague de bas étage. Je ne savais pas de quoi elle avait l'air mais à présent j'étais sûr qu'elle était mignonne. Ca ne voulait pas dire qu'elle me plairait, à moi. C'était différent, pour moi. Je ne pouvais pas la voir. Et même si je le pouvais, j'avais des goûts pointus.

Je l'appréciais, elle me faisait un certain effet, mais dans l'obscurité de ma nuit, ça n'irait pas plus loin. Résultat, nous deux, ce n'était qu'une amitié améliorée. J'aimais sa présence, j'aimais la sentir, j'aimais écouter sa voix - quelle claque, cette voix. Mais, c'est tout.

D'ailleurs, était-elle réellement intéressée ? Je n'en savais fichtre rien. Elle était tellement... insaisissable. Je la trouvais vraiment difficile à lire ; un comble, pour une fille aussi transparente.

Elle ne me disait pas l'essentiel.

Son prénom. Son métier. Pourquoi elle se saignait pour ce vieillard, Markus. Déjà, comment étaient-ils devenus amis ?

Sans retirer mon t-shirt et mon short, je m'étendis prudemment sur le lit. Les draps étaient frais contre ma peau.

Mouse ne pipait mot.

─ Tu fais quoi ? demandai-je, mal à l'aise.

─ Je me déshabille. J'aime pas dormir tout habillée.

Oh, non. Des tas d'images suggestives entrèrent en collision dans mon esprit.

─ Je t'interdis de fantasmer sur moi, ajouta Mouse, cassante.

─ Trop tard...

─ Je vais garder mon t-shirt et ma petite culotte. Tu te sens capable de te contrôler ?

Elle ne manquait pas d'air, celle-là.

─ C'est l'hôpital qui se fout de la charité, la rembarrai-je. C'est pas toi qui t'es jetée sur moi sur ce canapé ?

─ C'est pas toi qui as fourré ta langue jusqu'au fond de ma gorge ?

Que voulez-vous répondre à ça ?

Je n'avais jamais vu Mouse en colère, on y était. Mouse était furieuse que je l'ai repoussée, furieuse de ce que j'avais dit. Bizarrement, ça me fit plaisir. Elle montrait si peu d'émotions, semblait toujours inébranlable... au fond, ce n'était qu'une fille.

Tout le temps du mondeWhere stories live. Discover now