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Mouse


Je me séchai à la hâte, renfilai mon t-shirt, mon pull et ma jupe légère et me dirigeai tranquillement vers la maison, capuche relevée sur mes cheveux humides.

Le jardin était éclairé par de jolies lampes fichées dans le sol, mais évidemment, il n'y avait personne. C'était juste pour dissuader les voleurs de venir voir de plus près.

Je fis le tour de la propriété jusqu'au grand chêne dont les branches s'élançaient vers la fenêtre repérée dans l'après-midi. Je savais de source sûre que la maison était vide, les tenanciers partis s'éclater à St Malo, d'après la femme de ménage. Je l'avais vue arriver la veille et je l'avais accostée. On avait papoté. Et ce que j'avais surtout vu, c'est qu'elle avait oublié de refermer une fenêtre au premier. Elle avait dû ouvrir pour aérer. Je savais que la fenêtre resterait en l'état jusqu'à sa prochaine visite.

Autrement dit, c'était ce soir ou jamais.

J'escaladai prudemment. Les semelles de mes Converse n'arrêtaient pas de glisser, mais les branches étaient faciles à escalader. Une fois à la bonne hauteur, je dressai l'oreille. La nuit était calme, chaude et paisible. RAS. Je poussai doucement la fenêtre ; elle coulissa bien tranquillement, avec un chuintement feutré. Je souris avec satisfaction et écartai le rideau qui l'habillait.

J'enjambai le cadre et me retrouvai à l'intérieur. Mes yeux s'étaient déjà habitués à l'obscurité. Je n'avais pas envie d'alerter les voisins, mais comme il y avait des rideaux à la fenêtre, je me permis d'allumer la lampe-torche de mon portable.

C'était un bureau, à première vue. Il y avait des rayonnages contre les murs, un grand bureau flanqué d'un grand fauteuil directorial, un tapis délicat au sol. J'essayai d'ouvrir les tiroirs. Des documents divers, un coupe-papier, des pochettes en carton bien empilées, du bric à brac. Une barre de chocolat. Je la sortis de son emballage et en croquai un morceau. Le dernier tiroir ne s'ouvrait pas. Je sortis le tournevis que j'avais apporté avec moi de la poche de ma jupe et forçai la serrure. J'étais super concentrée. Après quelques instants de haute lutte, je fus récompensée. J'ouvris le tiroir.

Décevant. Des papiers, encore des papiers, et encore des papiers. Je les parcourus rapidement. Des colonnes de chiffres. Peut-être que c'était compromettant, mais ça ne m'avançait à rien ce soir, alors... Je poursuivis mon exploration. Rien d'intéressant sur les étagères de la bibliothèque. Des livres, forcément, et des babioles pour décorer. Certaines avaient l'air coûteux, mais pas suffisamment. Il y avait Un porte-cigare. Et des cigares. Des cigares ! Qui fumait encore le cigare ??

J'ouvris la porte du bureau.

Elle menait à un large couloir haut de plafond, qui desservait plusieurs portes. Salle de bains immense avec baignoire arrondie. Chambre d'ado apparemment fan de tennis. Pas intéressant. Alors que j'ouvrais la porte au bout du couloir - la chambre de maîtres, prometteur - une alarme stridente retentit dans toute la maison, me prenant par surprise.

─ Merde, putain, fait chier, marmonnai-je.

Je regardai de tous côtés. Je devais me tirer de là au plus vite, la police allait débarquer. Ni une ni deux, je me précipitai vers les escaliers. J'enjambai la rambarde et me jetai dans le vide.

Je me réceptionnai souplement et me redressai, en alerte. Je me retrouvais au rez-de-chaussée, que je scannai rapidement, le cœur battant la chamade. A gauche, une immense salle à manger, avec la cuisine en enfilade ; à droite, un joli séjour et l'entrée. Je me précipitai et ouvris la porte ouvragée, que je pris soin de refermer derrière moi.

Tout le temps du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant