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Un peu plus tard, Mouse se gara.

─ Hey, Mouse, fis-je alors qu'on descendait de voiture. J'ai pas envie de sortir la canne.

─ Ouais, OK. Je suis là pour ça. Je suis tes yeux, tes pieds...

Je l'entendis ouvrir le coffre et récupérer son sac.

─ Donne, fis-je, tendant la main vers elle.

─ Mais non. C'est mon sac.

─ Il pèse une tonne. J'ai entendu ce truc tomber dans les escaliers... bordel, un danger public.

Je pris son sac d'autorité et le passai à mon épaule. Mouse se mit à bégayer.

─ M... merci, Louka, mais c'est pas la peine. Je peux m'occuper de mes affaires.

─ Ouais, occupe-toi surtout de bien me guider, s'il te plait.

Je cherchai son épaule, mais elle m'attrapa familièrement par le bras. La chaleur de son corps contre le mien, son parfum, plus proche que dans la voiture, la rondeur de son sein... je cachai mon trouble avec une vanne :

─ Tu n'as pas intérêt à me faire rentrer dans un mur ou une marche comme l'autre fois.

─ Et si tu la fermais, pour voir ?

─ Change de ton ou je te vire !

─ Mais bien sûr.

Le soleil était agréable sur ma peau. L'air embaumait l'herbe et les buissons en fleurs.

─ On est au parc du centre ville ? demandai-je, me fiant au court trajet depuis le cours de poterie.

─ Bien vu.

─ Très drôle.

─ Ce n'est pas ici qu'il y a les meilleures rampes, mais on aime bien se réunir ici avec la bande.

Je ne m'y étais jamais rendu pour ma part. Pour quoi faire ? Avant, j'étais toujours par monts et par vaux, de toute manière.

On marcha un moment, puis tout à coup, je perçus le son caractéristique des roues glissant sur le bitume, comme un grondement régulier, avec des sons secs et ramassés. Je compris que c'était le bruit des rollers et autres skates percutant la rampe après un saut. J'entendais aussi de la musique, un remix de R'n'B connu, un peu couvert par des cris, des acclamations et des applaudissements.

─ Y'a de l'ambiance, dis donc.

─ Ouais, on s'éclate ici. Allons dans les gradins. Je vais mettre mes patins.

Je me laissai guider. On grimpa une volée de marches. Lorsque je m'y assis, je sus qu'elles étaient en pierre ; je sentais leur fraicheur sous le tissu de mon short. L'air chaud embaumait un peu la poussière.

Mouse se laissa tomber près de moi, et, ce faisant, quelque chose de doux effleura mon bras nu. Ses cheveux. Je l'entendis ouvrir son sac à dos, que j'avais posé à côté de moi.

─ Surveille bien mes chaussures, dit Mouse.

─ Hein ? Pourquoi ?

─ Parfois, des petits cons les volent. Ils appellent ça de l'humour.

Elle ne semblait pas contrariée. Je fronçai les sourcils.

─ Ne me dis pas que t'as fait ça, aussi ?

─ Ha ! C'est moi qui ai commencé.

Coquine.

Tout à coup, des cris joyeux retentirent, et Mouse émit un sifflement admiratif, très net. Purée, elle sifflait beaucoup mieux que je ne l'avais jamais fait. Le mot « sexy » traversa mon esprit, mais je l'ignorai.

Tout le temps du mondeWhere stories live. Discover now