❄ Chapitre 14 (partie 2)

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Média : Eloane et Théophane (ce n'est pas tout à fait le même paysage, mais c'est dans la même idée)

Musique : Musique d'Alice in Wonderland

Là où nous étions, c'était plus ou moins plat et recouvert de neige. Le rocher, lui, qui était en fait la continuité du pic, était plutôt imposant et n'avait pas énormément de neige. Il me faisait penser à un rocher d'escalade, mais haut, très haut, dans la montagne.

Nous allâmes jusqu'à un endroit où il y avait de bonnes prises pour grimper et Théophane me fit signe de passer la première. Peut-être qu'il avait peur que je ne tombasse et qu'il comptait me rattraper en cas de chute.

J'haussai des épaules et entreprit de grimper jusqu'en haut. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus simple avec des chaussures comme les miennes mais je m'y accommodai vite. Il fallait juste que je me rappelle que j'avais de plus gros pieds qu'avec mes habituels chaussons d'escalade.

Le froid me piquait les mains à chaque fois que je touchais de la neige, coincée dans les failles de la pierre.

À seulement deux ou trois mètres de hauteur, je tombais sur une cavité dans le pic, assez large pour une trois personnes assises en tailleur et assez profonde pour que je m'y tienne allongée sans me cogner la tête contre le fond. Une grotte pour oursons ailés.

Il y avait moins de neige qu'en bas, ici, et aucune dans la grotte. À croire que les nuages ne dépassaient jamais ce pic et que seul le froid y avait conservé la couche blanche.

Je m'y assis et attendis mon comparse quelques instants, le temps qu'il me rejoigne.

- Bienvenue au promontoire, Elo, me lança-t-il en s'asseyant à côté de moi.

Je le remerciai et me replongeai dans la contemplation du paysage. Le soleil était à son zénith et mon ventre commençait à me rappeler qu'il allait bientôt être l'heure du déjeuner. La chaleur de ses rayons ne suffisait pas à compenser avec la froideur de l'atmosphère, due à l'altitude. J'étais bien contente d'avoir ce manteau de fourrure dont la capuche trop grande me tombait devant les yeux si je n'y prenais pas garde. Ici aussi, il y avait du vent. Même beaucoup de vent.

- Alors, fit Théophane, lui aussi plongé dans le paysage, est-ce que tu es contente de ta pierre ?

Songeuse, je souris et hochai du chef.

- Oh oui, elle est vraiment super jolie. Et puis elle n'est pas trop grosse, donc je pourrais certainement en faire un pendentif ou une bague, pour toujours l'avoir avec moi ! Et toi, quelle est ta pierre ?

- Grenat, me répondit-il en me montrant la chevalière qui était à son index gauche.

Il resta pensif un instant, lui aussi, avant de dire :

- Si tu avais dit «jour» au lieu de «nuit», pour la dernière question, tu aurais eu une pierre de soleil à la place d'une pierre de lune.

Pardon ? Je me m'attendais pas du tout à cette remarque. Que voulait-il entendre par là ? Et pourquoi me disait-il cela ?

J'avais l'impression qu'il ne s'était pas vraiment adressé à moi, qu'il avait juste constaté quelque chose, qu'il l'avait dit à voix haute et que, puisque j'étais là, j'avais profité de sa remarque.

- Comment est-ce que tu le sais ? m'étonnai-je en me tournant pour le regarder. Tu peux faire passer le test des pierres ?

Il rit, plus nerveusement que sincèrement, et passa une main dans ses cheveux bouclés. Sa capuche tomba et me révéla son profil dirigé vers l'horizon. Ses cheveux couleur chocolat, ses sourcils fournis, ses yeux de pierre entourés d'une couronne de cils, son nez droit, ses joues rougies par le froid, ses lèvres fines, son menton d'où dépassaient quelques petits poils de barbe et ses nombreux grains de beauté ; je balayai tout d'un seul coup d'œil, rapidement, mais cela suffit à le graver dans ma rétine.

La Revanche de l'HiverWhere stories live. Discover now