❄ Chapitre 1 (partie 2)

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Musique : L'air du vent dans Pocahontas

Lucien se mit à siffloter joyeusement une chanson : L'air du vent dans Pocahontas me semblait-il, mais difficile de le déterminer précisément puisqu'il sifflait aussi faux qu'il chantait.

— Lucien, s'il te plaît, mes oreilles vont se mettre à saigner si tu continues, alors arrête cette torture ! grognai-je en plaquant mes mains de chaque côté de ma pauvre tête.

— Très chère grande sœur, je vous serai gré de bi... 

— Lorsque tu commences comme ça, tu fais toujours ton philosophe, le coupai-je. Pas la peine de prendre la grosse tête Lulu, arrête juste de siffler !

— Okay ! dit-il simplement.

Je soupirai de soulagement et libérai mes oreilles. Alors que j'observais les fougères qui recouvraient partiellement le chemin, un doute me vint à l'esprit. Lucien avait accepté de se plier à mes exigences, et rapidement en plus, sans que j'eusse besoin d'user de mes talents douteux de marchandage. Alors qu'en plus il détestait lorsque je l'appelais Lulu.
Je sentis immédiatement qu'il y avait anguille sous roche.

— Comme un hooomme, soit plus violent que le cours du torreeent, comme un hooomme, soit... se mit-il à chanter à tue-tête.

— Non, Lucien, pas Mulan ! gémis-je.

Il allait finir par détruire tous les Disney – et toute mon enfance, par la même occasion – s'il continuait sur sa lancée.

— Ta sœur a raison, Lucien, tu vas faire fuir tous les animaux de la forêt à ce rythme-là ! me soutint ma mère tandis que mon père affichait un sourire goguenard.

— Et Merlin va te jeter un sort si tu lui casses trop les oreilles... railla ce dernier.

Mon petit frère fit mine de bouder, habitué à nos taquineries continuelles.

— Puisque le monde entier est contre moi, je vais me taire ! Vous n'êtes qu'une bande d'ignares qui ne connaissent rien à l'art. Un jour, mon talent sera reconnu et vous verrez ! dit-il d'un air mélodramatique. Je suis persuadé que Merlin sera mon plus grand fan !

Je gloussai en imaginant un vieil homme avec sa longue barbe blanche se comporter comme une groupie en chaleur devant mon frère. Je l'imaginerais plutôt fuir le plus vite possible l'endroit.

Le sentier terreux que nous empruntions était recouvert d'herbes éparses et les nombreuses fougères le bordant en camouflaient la plus grande partie. Mes pauvres chaussures de toile grise avaient une triste mine, toutes tachées de terre et de plantes.

Lucien avait arrêté de chanter et nous suivions maintenant plus ou moins en silence le chemin qui s'enfonçait toujours plus profondément entre les arbres. Quelques oiseaux gazouillaient, mais ils étaient loin de nous. Même Holly se tenait tranquille, furetant discrètement dans les broussailles alentours. Il n'y avait aucun bruit.

Tout à coup, un homme surgit d'entre deux troncs d'arbres un peu plus loin. Mon pauvre cœur, qui en avait vu des vertes et des pas mûres aujourd'hui, s'arrêta. Bien que je ne l'avais qu'entrevu dans la forêt et qu'il était encore loin, je l'avais reconnu.

C'était Arthur, l'homme à l'épée !

Pourvu qu'il ait eu son quota de Nutella et de dragons grillés à la broche pour la journée... et qu'il n'appelle pas son copain le nounours au festin.

S'vous-plaît m'sieur, je ne suis pas comestible !

Il s'avança d'un pas bourru vers nous – de quoi me rassurer quant à mon futur proche – et j'eus ainsi tout le loisir de l'observer plus en détail à mesure qu'il s'approchait.

La Revanche de l'HiverKde žijí příběhy. Začni objevovat