❄ Chapitre 6 (partie 1)

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Média : Lucien Soizik (frère d'Eloane) 

Musique : Bitter end de Rag'N'Bone Man 


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Chapitre 6
Au fait, j'ai deux ou trois trucs à vous demander...



Maison des Soizik
16 avril 2017

Nous étions rentrés dans la maison, les bagages sous les bras et mon père m'avait envoyée chercher Lucien, puisque celui-ci s'était précipité dans sa chambre sitôt arrivé. À voir la figure grave qu'il avait en me demandant cela, je supposais que nous allions tenir une sorte de "conseil de famille", ou en tout cas quelque chose qui y ressemblait. J'aurais sans doute dû être terrorisée par tout ce qui allait se passer, ou au moins l'appréhender, au lieu de quoi j'étais plus excitée qu'autre chose. Tout cela était nouveau, j'allais découvrir quelque chose d'inédit et j'avais franchement hâte.

Je m'étais toujours sentie affreusement banale, que ce soit pour mon physique, pour ma façon de m'habiller ou pour tout le reste en fait. Alors savoir que j'allais vivre quelque chose qui sortait de l'ordinaire me réjouissait au plus haut point.

Peut-être finirais-je un jour comme ces héroïnes de romans, blasées par tout ce qui leur arrivait d'extraordinaire, mais j'aurais au moins eu le mérite d'avoir été, au début, enthousiasmée par tout cela.

Au moment où j'allais monter les escaliers, je vis Holly dans son panier. Son ventre se soulevait et s'abaissait à un rythme régulier. La petite chienne dormait comme une bienheureuse, sans se soucier de ce qu'il se passait autour d'elle, une patte reposant paisiblement sur son museau. Au moins, en voilà une qui ne perdait pas de temps.

Je montai les escaliers, ma valise me précédant sur les marches, jusqu'au premier étage. Là, je prévins mon frère depuis le palier puis repris mon ascension jusqu'au deuxième étage, autrement dit jusqu'à ma chambre.

Aujourd'hui, j'avais l'impression étrange de n'avoir fait que monter des escaliers. Vivement lundi, au lycée, que je puisse prendre le bus et passer ma journée assise sur une chaise !

Lorsque je redescendis, tout le monde m'attendait... ou, plus précisément, mon père contemplait la table d'un air très absorbé, ma mère se tordait les mains dans tous les sens, et mon frère se goinfrait de jambon, de fromage et d'autres éléments moins identifiables.
Je lui chipai un bon bout de fromage en m'asseyant à ses côtés, sur un tabouret de bar.

- Eh ! Mon fromage !

Il tenta de me le reprendre mais je le fourrai aussitôt, et avec gourmandise, dans ma bouche. J'adorais le fromage. Bon, peut-être pas autant que le chocolat, mais quand même assez pour "oser" voler de la nourriture à Lucien. Chez lui, tout ce qui pouvait se manger était sacré ; alors, tout bien réfléchi, oui, on pouvait dire que j'adorais le fromage.

- C'est pour le dessert d'hier soir, dis-je, la bouche pleine.

- Mais c'était du gâteau au chocolat, comment voulais-tu que j'y résiste ? plaida-t-il en minaudant.

Il finit le fromage, à mon plus grand désespoir, et je dus me résoudre à aller chercher autre chose à manger dans le réfrigérateur.

- Raison de plus, répliquais-je en me levant.

J'étais sur le chemin du retour, à mi-parcours, des restes du fameux gâteau au chocolat d'hier soir - que Mamm-gozh nous avait gentiment donnés - sur une assiette, lorsque ma mère prit la parole.

- Lucien, Eloane, il faut que vous sachiez certaines choses. (Elle s'interrompit un instant ; j'en profitai pour m'asseoir) Notre famille est, si on peut le dire ainsi, spéciale.

- Évidemment, il n'y a qu'à voir la tête d'Elo pour le comprendre ! railla Lucien, très fier de sa petite plaisanterie qui ne fit rire que lui.

- Tu cherches vraiment les problèmes toi, dis-je tout en coinçant sa tête sous mon bras - ce que je n'arrivais plus à faire qu'en le prenant par surprise - pour lui frotter les cheveux. Ma tête va très bien, par contre il faudrait se poser quelques questions pour la tienne ! (Je m'adressai ensuite à mes parents.) Vous êtes vraiment sûrs que c'est mon frère ? Il a une tête d'écureuil !

Lucien en profita pour se dégager et voulu se venger. Mon père intervint cependant :

- Ça suffit, tonna-t-il, arrêtez, au moins une fois dans votre vie, de vous comporter comme des gamins ! Et toi, Lucien, arrête de provoquer ta sœur si tu ne veux pas finir encore plus décoiffé que Keith !

Encore plus décoiffé que Keith ? Eh bien, il y allait fort ; c'était physiquement impossible de le battre dans cette discipline. Ses jolies boucles chocolat étaient toujours dans un état tel que c'était à se demander si elles avaient un jour côtoyé une brosse à cheveux.

- Bien, reprit ma mère, je disais donc que notre famille est spéciale. Nous détenons des... (Elle réfléchi.) caractéristiques ? Oui, c'est cela, des caractéristiques dont le commun des mortels n'a même pas idée. En tout cas, dans le monde où nous sommes.

- Le monde ? intervins-je. Et puis, quelles caractéristiques ? On peut transformer tout ce qu'on touche en chocolat ? Comme le roi Midas avec l'or ?

Elle prit un air encore plus sérieux - si c'était possible - et s'apprêtait à répondre lorsque mon père prit la parole.

- Il existe un monde, incrusté dans celui des humains, qui s'appelle le Monde des Enchanteurs. C'est une autre dimension, différente de la Terre mais qui lui est pourtant intimement reliée. Ce monde est divisé en différents royaumes : un par continent, qui sont les mêmes que sur la Terre.

S'il n'avait rien dit là-dessus, c'était sans doute que l'on ne pouvait rien transformer en chocolat. Zut.

- Jusque là, tout va bien, dit Lucien avec plus de sérieux que moi.

En réalité, je n'arrivais pas vraiment à réaliser tout ce qu'il m'arrivait. Je supposais que ce serait demain matin, lorsque je me réveillerai, que je prendrai réellement conscience que tout cela était vrai. Puisqu'il ne pouvait en être autrement, c'était forcément la réalité ; trop de choses me le prouvaient.

- Et donc, continua mon petit frère, si nous étions dans cette autre dimension, ce Monde des Enchanteurs comme vous dîtes, nous serions où exactement ?


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La Revanche de l'HiverWhere stories live. Discover now