Contrairement aux autres saisons, être un enfant de l'Hiver est devenu rare.
Depuis toujours, l'Hiver a été la lignée royale. Mais avec la fin du règne du roi Ivan, les enfants de l'Hiver ont été massacrés et les survivants vivent désormais com...
Musique : BO de How to train your dragon de Dreamworks
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❅ Chapitre 3 Super-Mamie ❅
Cachots secrets du gouvernement, Royaume des Quatre Saisons, 22 juin 2017
Le bruit que faisait la porte du couloir lorsqu’elle s’ouvrait retentit dans le silence. Un grincement léger qui, en deux jours et quatre repas apportés, m’était devenue familier – un peu trop à mon goût. À vrai dire, je n’étais même pas sûre que deux jours seulement soient passés. Je ne basais mes calculs que sur le rythme auquel ils apportaient les repas. Je n’avais aucun autre point de repère et ils pouvaient très bien les varier pour nous enlever nos balises temporelles. Si c’était le cas, alors je parierais bien que j’étais là depuis une éternité, au minimum.
Je me mis à espérer que ce soit Garance qui venait nous rendre visite. Ce ne pouvait pas être le geôlier, il nous avait apporté le déjeuner une heure, peut-être deux, auparavant et n’avait aucune raison plausible de revenir aussi vite. Dans tous les cas, si ce n’était ni lui ni Garance, il ne fallait surtout pas que ce soit Tom ou, pire, son grand-père, le fameux Diego Garcia ; mais je ne voyais pas pourquoi il se déplacerait en personne dans notre trou à rats, donc il y avait plus de chances que ce soit Tom – même si Garance nous avait promis de revenir nous voir. J’espérais vraiment que ce soit elle, et personne d’autre, parce que j’en voulais à Tom pour ma mission.
De base, il m’avait tout l’air d’être un crétin fini, mais en plus, s’il n’avait pas été là, elle se serait bien passée et je n'aurais pas eu à subir son regard chocolat. Ces yeux troublants devant lesquels je m’efforçais à présent de rester de glace. Il m’avait fixée avec une telle intensité que j’avais cru un instant qu’il voyait au travers de mon masque. Ce mec n’était qu’un crétin, comme tous les autres, voilà tout.
Pour me sortir de mes pensées, qui divaguaient dans une direction trop dangereuse à mon goût, j’essayai de reconnaître la démarche de la personne. Ce n’était ni le pas lourd du gardien, ni celui clopinant de la copine de Théo. Il était plutôt pressé et résonnait beaucoup. La personne avait des talonnettes, voire des talons. Il ne pouvait s’agir que d’une femme, mais qui ?
Surgirent alors devant ma cellule le chignon tiré à quatre épingles, la veste impeccable et le regard décidé qui caractérisaient ma grand-mère ; et bien sûr, les petits talons qu’on entendait résonner dans tout le couloir. Mamm-gozh était là. Dans la prison.
Mon cerveau eût un bugue. Encore pire que ceux qu’avait parfois l’objet précolombien qui me servait d’ordinateur. Je restai quelque secondes sans rien dire, sans rien faire, à la façon d’une statue antique.
Pourquoi était-elle justement ici ? Qu’est-ce qu’elle faisait dans cet endroit ? Venait-elle pour moi, pour me sortir de là ? Ou alors s’était-elle déplacée spécialement pour m’engueuler ? Pour me dire adieu car je ne sortirai jamais de cette cellule ? En bref, j’avais besoin d’avoir la réponse à une question : était-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle qu’elle soit là ?
