un sixième chapitre

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J'ai dormi deux heures, ce n'est pas grand chose mais si on additionne avec les heures de repos du car, ça donnait un bon gros six à faire chambouler le marchand de sable.

Je me suis réveillée avec les mains aussi glacées que d'habitude. La nuit, j'avais oublié de mettre mes mitaines, elles me grattaient la veille.

Je n'aime pas avoir les mains glacées, les joues ça passe, les pieds ou les mains, par contre, ça casse.

J'ai posé mes deux mains à plat sur mes joues en espérant trouver une sorte de chaleur. Faire rencontrer deux parties de mon corps glacé semblait marcher. J'ai touché mes cheveux, ils ne sentaient pas la rose mais étaient moins gras qu'avant la douche du 15. Mon hygiène corporelle laisse à désirer mais une douche tous les deux jours fait vachement l'affaire si j'use de mes parfums et déodorants.

Je suis située entre la fille sans domicile fixe et la touriste en voyage. Je suis tout simplement la fille qui fugue, la peine en cavale.

Il est assez tôt quand j'appelle Olivia. Je ne comptais vraiment pas la rappeler aussi rapidement mais l'argent me faussait compagnie plus rapidement que prévu. J'aimerais qu'elle me prête sa douche. C'est un peu offusquant de tenter d'emprunter une douche pendant une bonne dizaine de minutes mais sans douche aujourd'hui, je serai plus occupée à me sentir que découvrir le paysage.

Le « Allô, coucou Reina, comment ça se passe à l'océan ? » passé et le fameux « Je peux emprunter ta douche ma chère et généreuse Olivia, tu sais les besoins hygiéniques priment sur tout ces temps-ci » sorti, ma gentille amie m'a proposé de la rejoindre à l'adresse du bistrot.

D'après ses propos, elle loge juste au-dessus du bistrot, ce qui fait qu'il n'y a aucun souci à passer discrètement par l'arrière-boutique si je ne veux pas me faire remarquer. Ça m'a semblé être un bon compromis étant donné que ce qui me fait vraiment flipper, c'est la famille en deuil qui me regarde mal parce que je passe sous leur douche.

Je me perds deux trois fois et demande le chemin au moins une bonne dizaine de fois. Les gens doivent vraiment me prendre pour une défoncée à force de loucher sous les différents noms de rues citées. Désolée la populace, mais non je ne connais pas les rues de la ville à l'océan.

Rue Edgar Poe trouvée, je repère la ruelle située derrière. C'est là que je tombe nez à nez avec une Olivia en pyjama et peignoir, la brosse à dent en action.

- J'ai attendu trente minutes, t'en as pris du temps dis donc ! J'ai cru qu'un méchant loup t'avait dévoré toute crue en cours de route. Rouspète-t-elle en me serrant dans les bras.

Mon rire désabusé la suit dans les escaliers qui mènent à la terrasse puis l'étage.

- Bienvenue dans la chambre de mes treize ans avant que je ne parte vivre en internat près de la ville où on s'est vue pour la première fois. C'était y a trois ans, sois indulgente. Me raconte-t-elle en touchant quelques magazines de people dépassés qui traînent sur son bureau.

Je me prosterne face au magnifique poster des Beatles qui orne sa chambre et la regarde décoller les autocollants étoiles brillantes de son mur rose saumon.

- La meilleure chambre c'est celle de Neville, elle est impersonnelle et souvent je lui propose de switcher de chambres quand on vient ici en vacances l'été ou même en ce moment. Poursuit-elle en sortant dans le couloir.

Celui-ci est étroit, rempli de tapisseries baroques et débouche sur une salle de bain mal éclairée, aux vitres qui ne dissimulent absolument rien.

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