comme une sorte de fin

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comme une sorte de fin

À l'enterrement d'Olivia, j'ai beaucoup pleuré. Neville pleurait également, à mes côtés. Tout le monde était réuni pour lui dire au revoir. C'était une belle cérémonie. Le brun a même mis du rock exprès pour rappeler à quel point elle était capable de faire ce genre de gestes déplacés. Elle aurait adoré. Je n'ai pas eu le courage de dire au revoir devant tous à Olivia. Alors j'ai juste regardé en silence son cercueil en me donnant le droit de souffrir.

Il fait beau aujourd'hui. Le soleil brille à l'image de ma meilleure amie.


Juste après, je suis partie voir l'océan, les lettres et les boîtes dans un sac. Je les ai relus un à un, en faisant attention à ne pas les abîmer avec l'air marin.

Ma respiration s'est coupée lorsque j'ai commencé à contenir mes larmes. Ça ira Reina.

J'ai appelé ma mère et lui ai raconté ce qui s'est passé lors de cette 5ème fugue.


Dans la vie, l'adolescence peut tout détruire. L'innocence s'envole, l'insouciance part en vrille. J'ai alors inventé la théorie de l'océan qui complète une autre facette de la théorie NIB.

La vie est un océan. Elle est rythmée de marées hautes, de marées basses, de flux et de vagues. Quelque fois, des personnes tendent à aller en marée basse sans réussir à remonter en marée haute, c'est le cas d'Olivia. D'autres fois, des personnes tentent de faire l'inverse, passer de la marée basse à la marée haute, c'est le cas de Neville. Enfin, il y a des personnes qui alternent ces marées, qui font face aux flux dérangeants et aux trop grosses vagues. Ces personnes-là ont alors le choix, marée basse ou marée haute. C'est mon cas.

J'ai pris l'habitude d'être en marée basse. Mais cette fois-ci, je me noie dans cette marée-là. Ne pourrais-je jamais atteindre la marée haute ? J'en doute car j'ai fait un nouveau choix. Je vais croire en l'océan. Je vais laisser mes yeux retrouver la lumière dans celle-ci. Je vais retrouver la vie.

Je crois en ça. Et même si, quelques fois, tout va mal. Il y a l'espoir.

C'est papa qui m'a appris ça. Cet espoir, c'est moi, Neville, ma mère, le monde, Olivia.

L'avenir est semé d'embûches, de promesses, de possibilités. Je ne suis pas forcément prête, mais j'ai une nouvelle paire de mitaines, des cheveux pas gras, des boutons qui cicatrisent mieux et une expertise en fugues vers la ville à l'océan. J'ai également des stylos à plume et un carnet de rapports neuf.


Je n'ai qu'à baisser le menton, les yeux humides, pour voir apparaitre des gouttes sur ma page. Trois gouttes bleuâtres qui rappellent les reflets d'un voyage.

Elle est encore là, Oli', quelque part au fond de moi. Quand je me dis que je devrais abandonner pour de bon, j'entends sa voix, je vois son sourire de la dernière vidéo que j'ai d'elle.

Et elle me dit : « Reina, ne perds surtout pas espoir. »

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