un dix-huitième chapitre

2.5K 436 54
                                    


Chapitre 18

J'ai d'abord posé mes pieds dans la ruelle de la maison des jumeaux. C'est compliqué de ne pas jeter un coup d'œil à ces deux personnes qui ont été si absents dans cette cinquième fugue. Ils sont hors du temps. Isaac et Tristan.

Avant, j'étais malheureuse en les croisant. Mon cœur battait atrocement pour Isaac tandis que Tristan représentait pour moi de tout ce qu'il y avait de plus authentique au monde. Oui c'est le genre de gars à s'allonger sur l'herbe, à en arracher avec les mains et à grommeler des mauvaises choses aux étoiles. C'est lui qui m'a aimée en premier.

Je n'ai pas eu les couilles de sonner à l'interphone. Le portail s'est ouvert sur la mère des jumeaux, la laisse de son chien dans les mains avec Nesquick accourant entre ses jambes. Je me crispe davantage en la croisant.

- Reina, mon dieu, c'est bien toi ! Tu es de retour ! Ta mère avait raison, moi qui la grondait d'abandonner les recherches alors que tu étais je ne sais où. Comment vas-tu ? Oh non... Je ne veux pas te déranger, je suppose que tu veux voir les garçons et Iris. Ça fait tellement longtemps que vous ne vous êtes pas vus tous les quatre. Monte vite, j'ai la porte encore ouverte ! Lance Géraldine Huet en dépassant le portail de sa maison toute essoufflée avec Nesquick qui fait des siennes.

Je m'échauffe la voix et implore un :

- Géraldine, ne prévenez personne.

Celle-ci hoche la tête et me sourit, les yeux brillants. Cette bonne femme aux jambes courtes m'embrasse la joue furtivement. On se connaît mieux qu'on ne le croit et je sais qu'elle est digne de confiance. Longtemps elle m'a prise pour sa future belle-fille.

J'entre et ferme le portail derrière moi. Merde. Iris est là également. Je n'ai pas envie de la revoir. Je n'ai pas envie de la voir avec Tristan. J'ai encore du mal, c'est encore frais tout en ternissant avec le temps. Par simple orgueil, je ne veux pas les voir tous heureux ensemble puis tristement bizarres en me voyant. Je ne veux plus jamais être la fille de trop. Je l'ai toujours été après tout, même avant d'être née dans ce monde.

J'ai emprunté le petit chemin de gravier avant de monter les marches jusqu'à la porte. Revenir ici me fait bizarre. Un sentiment de déjà-vu. Le même que le jour où j'ai vu Iris embrasser Tristan sur le pas de la porte de mon meilleur ami, sous mes yeux ébahis, les mains remplies de fleurs pour me faire pardonner auprès de lui.

Dorénavant, ce n'est plus Tristan, Iris ou Isaac qui me semblent lointains. Mais bel et bien Neville et Olivia, coupés de tout ce monde-là.

J'ai toqué à la porte même si elle est déjà ouverte. J'ai entendu ses pas.

- Maman, t'as tes clefs quand même ! Gesticule Isaac derrière la porte.

Celle-ci s'ouvre d'un seul coup et une figure agacée se dresse devant moi.

- Reina.

Dans le salon, les deux personnes sur le canapé, en train de discuter de base se sont tus. Iris est allongée sur Tristan, les cheveux sur son nez. Mes yeux n'arrivent cependant pas à quitter ceux d'Isaac, aussi profonds que je les connaissais. Je suis partie un 14 octobre en me promettant de changer. J'ai changé. Mes ressentis envers lui n'ont étrangement pas évolués.

Est-ce qu'on me croirait si je disais que j'aime trois garçons en même temps. J'aime Tristan, réellement. J'étais amoureuse d'Isaac. Et aujourd'hui, je suis folle de Neville. Je le sens rien qu'à la vue de cette source de si grands maux.

NibWhere stories live. Discover now