Chapitre 36

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Ils empruntèrent des chevaux au relais tout proche de la Porte, et se mirent en route pour Tikal, première ville à proximité. Jusqu'ici, Axel n'avait repéré aucune trace de Solarys, et comme il s'en était douté, la Prêtresse en fonction de ce côté-ci de la Porte n'en gardait aucun souvenir. Tabatha était persuadée qu'ils retrouveraient sa trace à Tikal, alors Axel s'était laissé convaincre et lui avait emboité le pas.

Évidemment, ils seraient allés bien plus vite en volant. Mais cela aurait été impoli de leur part alors qu'elle les avait aidés.

Tikal s'était développé dans la partie concave d'un méandre de la rivière Emenein, au milieu de grandes prairies herbeuses vallonnées. Loin au sud, Axel était certain qu'il aurait pu distinguer les cimes de la Colonne, la grande chaine de montagne qui séparait le continent. C'était étrange, de revenir sur Niléa après tout ce qu'il y avait vécu. Comme si tout cela s'était passé il y a des années, et non quelques semaines.

La cité était entourée de hautes murailles de briques ocre. La double porte était largement ouverte, un flot constant de marchands et voyageurs s'écoulait dans et hors les murs. Il n'y avait pas de gardes ; Axel savait que la planète entretenait une police qui œuvrait uniquement à l'intérieur des cités : le symbole XX était tatoué sur leur front. La dernière fois qu'il était passé par Niléa, il n'avait fait que survoler la ville. Cette fois, il se rendait compte qu'elle était bien plus grande qu'il ne le croyait. Les pavés étaient gravés, un souvenir qui le fit sourire.

Comme Orein, Tikal était organisée par quartiers, avec des arches légères qui enjambaient les rues, des gravures sur les linteaux des portes, des peintures sur les volets de bois qui encadraient les fenêtres. Beaucoup possédaient des vitraux détaillés, et non de simples vitres de verre, d'ailleurs.

Des fleurs émaillaient les fenêtres, des enseignes bougeaient doucement sous le vent, détaillant les boutiques dont elles ornaient la devanture.

Ici, il était à peine midi, alors Tabatha s'arrêta devant une auberge. Ils confièrent leurs chevaux à une palefrenière, puis entrèrent dans la salle commune. L'odeur des pommes de terre sautées le fit aussitôt saliver. Il y avait peu de Niléens, ici, nota Axel. De nombreuses tables étaient déjà occupées, mais la tenancière leur trouva un coin éloigné de la cheminée.

—Désirez-vous diner ?

—Oui, répondit Tabatha.

—Nous avons des pommes de terre ail persil, du poulet rôti arrosé de vinaigre au miel, et des carottes glacées.

—Ce sera parfait, dit Axel. Avec de l'eau.

—Comme il vous plaira.

Une serveuse leur apporta bientôt les plats demandés. C'était bon, c'était chaud, et cela les changeait agréablement des rations de leurs repas précédents. Évidemment, c'était niléen : les pommes de terre avaient été tranchées et découpées en étoiles, les filets de poulet étaient nappés de sauce qui dessinait des arabesques sur leur peau croustillante, et les carottes formaient une fleur autour d'un petit dôme de beurre à l'ail. Un délice pour les yeux comme pour l'estomac.

Ils mangèrent avec appétit et lorsque la serveuse s'avança vers eux pour remporter leurs assiettes, Tabatha engagea la conversation, posa quelques questions pour savoir s'il y avait eu des nouveautés récentes en ville. Hélas, de nombreux voyageurs transitaient par Tikal, il était donc difficile d'en isoler un, surtout s'il décidait de passer inaperçu.

Une fois la serveuse partie, Axel soupira.

—Cette piste est une impasse. Merci pour tout, Tabatha, mais nous ferions mieux de rentrer sur Massilia.

Les Vents du DestinWhere stories live. Discover now