Chapitre 75

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Nicoleï s'ébroua, porta une main à sa tête. Quelle migraine ! Qu'est-ce qui lui était arrivé ? Ses souvenirs lui paraissaient... flous. Brumeux. Il y avait eu ce petit déjeuner, copieux d'ailleurs, la discussion du Messager avec le Conseil et... il n'avait pas rêvé. Le petit sourire entendu, de l'autre petit vieux aux cheveux gris !

Il plissa les yeux. Où était-il, d'ailleurs ? La cabane ressemblait à celle où ils avaient dormi la veille, sauf qu'elle était plus petite et comportait des barreaux aux fenêtres. Une cellule ? Il essaya la porte, mais comme il le pensait, elle était verrouillée. Nicoleï pesta entre ses dents.

Il était séparé de ses compagnons, ne pouvait compter que sur lui-même. Et il était prisonnier. Bon, ça, ce n'était pas la première fois. Restait à comprendre pourquoi ils avaient attendu le matin au lieu de les capturer durant leur sommeil ?

Non, ils avaient monté la garde à tour de rôle, il se souvenait que le Messager Ishim en avait parlé. Lui en avait été exclu parce qu'il n'était pas Lié. Il avait eu envie de protester puis s'était dit qu'une bonne nuit de sommeil, finalement, c'était rare, alors autant en profiter.

Il pesta.

Une fois de plus, il était impuissant ! Il donna un coup de poing rageur dans le mur, ne réussit qu'à se faire mal. Le bois était solide, il ne pouvait dire le contraire. Les sales traitres d'impériaux !

Il devait s'échapper. Essayer de retrouver les autres, ou de découvrir qui les avait ainsi emprisonnés. Car il doutait d'être le seul. Ils avaient du les séparer pour mieux les faire plier, sauf que ça ne marcherait pas.

Nicoleï réfléchit. Si leurs ennemis avaient voulu les tuer, ils l'auraient déjà fait.

Alors pourquoi les voulaient-ils vivants ?

Pour les interroger séparément, vérifier leurs propos ? Mais ils étaient Massiliens, ils ne pouvaient pas mentir, cela n'avait pas de sens. Même les impériaux le savaient.

Les torturer ?

Nicoleï frissonna. Il avait eu quelques cours là-dessus, à l'Ecole des Mecers. On leur avait appris des techniques, sans leur cacher que le meilleur des hommes finissait toujours par craquer si on y mettait suffisamment d'application. Le mieux était encore de chercher une mort rapide.

Sauf que Nicoleï n'avait aucune intention de mourir. Pas avant d'être devenu Messager.

Il y avait forcément, une issue, quelque chose qu'il pouvait exploiter...

De nouveau, il balaya la pièce du regard. Le lit inconfortable, la petite table et le pot de chambre, rien de neuf. Il y avait un verre d'eau sur la table.

L'eau. C'était comme ça que Solerys avait contrôlé Axel, de ce que lui avait raconté son ami. Quelle que soit sa volonté, il finirait par craquer, pour ne pas mourir de soif.

D'un geste rageur, il renversa le verre. Au moins, plus de tentation. Plus de risque.

Puis il alla tambouriner à la porte.

— Ouvrez ! Laissez-moi sortir !

C'était ce qu'ils espéraient, non ? Après tout, il n'avait que seize ans. A l'aune de leurs critères, il n'était qu'un gamin immature. S'ils se terraient ici depuis vingt ans, ou vint-cinq ans... ils avaient forcément oublié que les Mecers recrutaient tôt. Lui s'était déjà battu, avait lutté contre des ennemis bien plus puissants.

Il grinça des dents. Il avait perdu, aussi, un nombre incalculable de fois. Mais il avait survécu, et appris. Il avait tiré des leçons de ses expériences.

Alors il masquerait son savoir et jouerait le rôle qu'on attendait de lui.

Il martela la porte de plus belle.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant