Chapitre 70

5 2 0
                                    

Ils s'étaient réveillés à l'aube, pour prendre un solide petit déjeuner. Puis le Messager Ishim les avait guidés sur la séquence d'échauffement des Mecers et Axel avait suivi les mouvements fluides, laissant son corps se réveiller en douceur. Quelques ablutions plus tard, les gourdes remplies, ils avaient bondi dans les airs en direction du nord-ouest.

La forêt des Cargues laissa place à de larges plaines en milieu de matinée. Le ciel était dégagé, un vent vif les poussait dans la bonne direction, augmentant leur vitesse et facilitant leur vol. Axel profita de sa position en queue de peloton pour jeter un œil vers l'est. Des nuages s'y effilochaient, plutôt sombres, et il espéra qu'ils ne les rattrapent pas.

Des hardes de cerfs s'enfuirent à leur approche, un animal qu'il ne réussit pas à identifier émit un sifflement bref avant de rejoindre son terrier tout proche.

Ils n'ont pas l'habitude de voir des ailés.

Non, et ils ont raison de se cacher. Nous aurions pu être en chasse.

Le Messager Ishim menait le vol à une bonne allure.

Ils s'étaient arrêtés en milieu de matinée, pour une première collation et refaire le plein des gourdes, puis aux alentours de midi, pour une pause repas bien méritée. Une fois encore, Nicoleï avait avalé une double ration. Axel surveillait son ami, même s'il savait que le Messager Ishim restait vigilant. Leurs Compagnons s'étaient posés à leurs côtés et avaient été nourris de viande séchée et de poissons. Sur ce point, Axel était content de ne pas avoir à se soucier de stocker pour Telclet. Le serpent des Vents préférait certes les insectes mais pouvait se nourrir de tout.

Si nous n'allions pas si vite, ils auraient le temps de chasser. Peut-être que le Messager ralentira le rythme lorsque nous aurons moins de provisions.

Vrai que les rapaces savaient parfaitement se nourrir eux-mêmes et comme ils étaient plusieurs, ils pouvaient aussi s'attaquer à des proies plus grosses : même s'ils ne les finissaient pas, elles serviraient à d'autres charognards dans le coin.

Le Messager déplia leur carte.

— Nous avons bien avancé. Le temps change, cependant, et je ne pense pas que nous garderons un temps si propice dans les prochains jours. Je propose de couvrir un maximum de terrain cet après-midi et nous réfléchirons à la suite ce soir. Des questions ?

Aucun d'entre eux ne trouva rien à redire alors qu'ils reprirent leur route. Il y avait longtemps qu'Axel n'avait pas passé autant de temps à voler et il le sentait dans ses muscles. Ce voyage serait l'occasion d'un bon décrassage.

Ce soir-là, ils discutèrent à peine et s'endormirent sitôt les tours de garde distribués. Le Messager avait trouvé un bouquet de bouleaux qui les protégeaient un peu du vent glacé qui soufflait en rafales.

Axel était trop fatigué pour s'en soucier et s'endormit immédiatement.

Au matin, ils se réveillèrent sous un léger crachin. Le feu eut du mal à prendre et Axel sollicita son pouvoir pour l'allumer.

— Nous couvrirons moins de distance, estima le Messager, pensif. Et il nous faudra voler plus bas pour être sûr de garder notre cap. Nicoleï, n'hésite pas à signaler si tu sens que tu fatigues. Il faudra faire plus d'efforts, aujourd'hui.

— Oui, Messager, ne vous en faites pas.

Ils s'envolèrent.

Après quelques heures, le crachin se transforma en pluie légère et Axel se sentit bientôt trempé. Ses ailes s'alourdirent, chaque mouvement lui demandait un effort supplémentaire. Quand ils se posèrent à la mi-journée, la pluie s'intensifia encore.

Les Vents du DestinWhere stories live. Discover now